mercredi 24 août 2011

Ma fragilité, ma force!


La fragilité traverse d’un bout à l’autre la condition humaine. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de la fragilité qu’engendrent la maladie, la pauvreté, la vieillesse, les souffrances de tout genre.  On est parfois déconcerté devant certaines de nos fragilités.  Et en tant que telle, la fragilité conduit au désespoir, au manque de confiance en soi, au découragement.

C’est dans la fragilité que Christ naît à Bethléem et c’est dans la fragilité qu’il exerce son ministère.  C’est finalement aussi dans la fragilité qu’il meurt pour nos péchés sur une croix, sans avoir eu le temps de faire périr ses bourreaux, lui qui était le fils du Dieu tout puissant.  Plus encore, la fragilité de sa vie à Nazareth aux côtés de ses parents et de ses frères et sœurs a mis en cause, toute sa vie durant, sa filiation au Père (Mc 6, 3).  Car dans l’entendement de ses contemporains, le fils du Dieu tout puissant devait se distinguer par son efficacité et surtout sa capacité à mettre en déroute ses ennemis.  Mais curieusement, le Christ choisit la voie de l’humilité, de la non-violence, de la discrétion afin de mettre en lumière la nature même de sa royauté.  Mais il ne fut pas compris car tout cela effleurait la fragilité.

Cependant, il convient de savoir que derrière nos fragilités se cachent des forces latentes, des possibilités d’être encore plus que ce que nous sommes.  Et la fragilité bien assumée est source d’efficacité.  On la combat à tort comme un défaut, alors qu’elle constitue une force dont on n’a pas la moindre idée.  Et l’expérience a montré que ceux et celles que nous considérons souvent comme les plus fragiles sont souvent les plus redoutables.

Pour preuve, le Christ, dans sa fragilité a vaincu la mort et c’est par cette mort, expression visible de la fragilité de la nature humaine que nous vient la vie.  Saint Paul dans sa fragilité se trouve être l’un de ces Apôtres du Christ qui se sont dépensés de façon remarquable dans leur ministère.  Il aimait d’ailleurs affirmer que c’est lorsqu’il était faible qu’il était en réalité fort et rayonnant dans son ministère (Cf. 2 cor 12, 10).  Car la puissance de Dieu se manifeste avec beaucoup de vigueur dans la faiblesse, dans la fragilité.

Cela dit, il faut faire preuve d’assez d’humilité pour savoir reconnaître ses fragilités.  Parfois, nous ne sommes pas assez honnêtes pour reconnaître nos faiblesses, nos petits côtés, nos inadvertances… C’est alors que nous loupons l’occasion de bénéficier positivement des effets nos fragilités.  Pas facile d'appliquer une philosophie de la fragilité aussi  « zen » dans un environnement social aussi exigeant qu'est le nôtre !  Voilà pourquoi il convient constamment d’apprendre à penser de manière positive et constructive et savoir orienter nos pensées, nos paroles et nos actes de manière positive.

De ce qui précède, il ressort que la fragilité est généralement perçue comme un handicap, une tare,  un point négatif dans la l’existence et qui, de ce fait, mérite d’être combattu.  En fait, dans la vie courante, il n’est pas rare d’entendre dire qu’il faut agir comme un homme, il faut se montrer fort et convainquant pour compter devant les autres.  Bien plus, dans un monde des forts et des gagnants il n’est pas de bon ton de montrer ses fragilités au risque de s’attirer des moqueries.  Alors, on préfère les refouler, les rejeter en adoptant malheureusement des attitudes de façade.  Mais quel humain est sans faiblesse, sans fragilité ?  Il n’y en pas encore au monde.

Voilà pourquoi les précieux instants que nous offre la vie ne doivent pas être utilisés à nous sous-estimer, à nous négliger mais à nous apprécier à juste valeur, nous encourageant à adopter des attitudes positives favorisant l’éclosion d’une vie pleine d’optimisme et de vitalité. Alors notre fragilité deviendra notre chance en même temps qu’un moteur qui propulse nos énergies vers la vie véritable, au quotidien.  

Sébastien Bangandu

3 commentaires:

Sophie Mawete a dit…

C'est quand on est simple et humble qu'on peut être capable de detecter sa fragilité. A mon humble avis, c'est un travail de longue haleine. On a besoin des grâces spéciales. Merci à toi, Sébastien et à tous ceux qui lisent ton excellent blog.

Carlos Mbenza a dit…

Tout est fragile. Le savoir, c'est le début de la sagesse. Dès lors, l'homme doit d'abord se connaître à fond pour savoir reconnaître ses faiblesses, ses misères. Sans cela, on ne peut avancer qu'à tâtons. Ce message me touche. Surtout quand c'est Dieu lui-même qui épouse notre fragilité pour pouvoir nous élever.

Laurent Lejeune a dit…

Égaux devant le caractère fragile de la vie, les êtres diffèrent quant à la manière de s'y prendre. Le sage s'en sert comme d'un aiguillon qui avive son courage et le garde des vaines distractions. L'homme plein de lui-même s'en écarte et se perd dans l'orgueil de croire à ce qu'il n'est pas.