samedi 27 août 2011

Homélie du 22e dimanche A : Qui perd gagne

Bien cher frères et sœurs
L'évangile du dimanche passé nous rapportait la profession de foi de Pierre, qui a reconnu en Jésus le Christ, le Fils du Dieu vivant.  Mais voilà qu’après ce moment d’enthousiasme, Jésus-Christ surprend ses Apôtres en parlant ouvertement des souffrances et même de la mort qui l’attendaient.  Cette fois-là, Pierre ne comprend rien.  Il pense, peut être, que le Christ a perdu la tête.  Voilà pourquoi il le retire à l’écart pour lui faire des vifs reproches en lui assurant que cela ne lui arriverait pas.

Cette attitude de Pierre révèle en quelque sorte celle de chacun de nous.  En fait, l’idée que chacun de nous se fait de Dieu est parfois tronquée.  Alors qu’il se manifeste dans le murmure d’une brise légère (1 R 19, 13) ; dans la faiblesse et l’humilité, nous avons souvent tendance à le chercher là où il n’est pas (Lc 24, 5). Jésus voyant cela, lui commande de passer derrière lui.  Ces paroles du Christ sont importantes car Pierre doit cesser de penser comme un mondain.  Et Jésus, profitant de la circonstance, se met à révéler la condition à remplir pour quiconque veut le suivre.  Là encore, Jésus étonne par son discours centré sur le renoncement et le port de la croix.  Visiblement, être à la suite du Christ  nécessite un esprit de sacrifice qui va jusqu’à la crucifixion de nos désirs les plus ardentes.

Or aujourd’hui, parler du renoncement, de la souffrance, du sacrifice, c’est remettre le Christ sur la croix.  Les gens veulent écouter des discours sur le bonheur qu’on peut obtenir sans effort, sur la liberté de faire de sa vie ce que l’on veut, sur l’autonomie personnelle, etc.  Dans un tel environnement, cet évangile est une véritable interrogation sur la manière dont nous vivons notre foi.  Car trop souvent, nous ne nous tournons vers lui que quand tout va mal. Et en ces moments-là, nous voulons qu’il agisse en notre faveur, nous semblons lui dicter ce qu’il doit faire pour nous. 

Il nous sied de savoir que Dieu s’est d’abord donné pour que nous soyons sauvés.  Le don de soi, c’est la synthèse de toute vie chrétienne.  Voilà pourquoi l’Apôtre Paul y insiste : « je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable » (Rm 12, 1).  Tout cela n’est possible que si nous nous décidons de nous convertir et de vivre en ce monde en enfants de Dieu, transformés par le renouvellement de l’intelligence.

Sans consentir des sacrifices, sans la volonté de se dépenser, on arrive rarement à construire quelque chose de solide, de valeureux.  Voilà pourquoi le Christ nous invite à mourir afin de vivre.  Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits (Jn 12, 24). C’est le sens du don du Christ, le Fils de Dieu et de toute la vie chrétienne.Le Christ en effet a donné sa vie et est mort. 

Mais c’est dans sa passion même, crucifié sur cette croix à la vue de tous, qu’il apparaîtra plus que jamais comme le Pain Vivant livré pour la Vie du monde, et il portera des fruits en abondance : nous en recevons encore grâce sur grâce… De même, nous aussi il nous faut, pour porter du fruit, mourir à nous-mêmes, pour ressusciter avec le Christ. C’est le mouvement profond du baptême, c’est le mouvement de toute vie chrétienne.

Au lieu de nous épanouir en des peines perdues, sachons rentabiliser nos efforts pour gagner le ciel.  Car, comme le dit le Christ : « Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ?  Passons derrière le Christ et apprenons une fois de plus à devenir ses vrais disciples. 

Appliquons-nous donc, de toutes nos forces, à en réaliser les préceptes. Si, par nous-mêmes, nous ne serions capables d'aucun bien, par contre c'est le Christ lui-même qui nous réhabilite et, se contentant de nos pauvres petits efforts, c'est Lui qui supplée à nos infirmités et comble nos lacunes. Car toute chose suit sa voie et tout désir constant finit par se réaliser. Celui qui cherche Dieu, de tout son cœur et qui persiste dans cette recherche, en y mettant l'humilité et la ferveur voulues, finit par le rencontrer.

Sébastien Bangandu


1 commentaire:

Yvon R. Théroux a dit…

Votre homélie me renvoie, Sébastien, à l'expérience vécue des discipes d'Emmaüs. Jésus, en les accompagnant, ne s'est pas d'abord identifié. Il le fut SEULEMENT à la fraction du pain partagé. Il faut moins se soucier de se présenter comme chrétien que de l'être véritablement par un témoignage authentique rendu par des gestes et des attitudes engagés auprès de toutes et de tous, sans AUCUNE forme de discrimination. Yvon R. Théroux.