dimanche 21 août 2011

Homélie du 21e dimanche A : Dieu écrit droit avec des lignes courbes

Bien chers frères et sœurs,
Il est parfois heureux de savoir ce que les gens disent de nous, ce qu’ils pensent de nous, ce qu’ils connaissent de nous.  Jésus voulait aussi tester, en quelque sorte, la connaissance que les gens avaient de lui, surtout ses disciples.  En posant une telle question, il faut parfois s’attendre à des surprises, à des révélations…

Et voilà que dans le groupe de disciples, quelqu’un prend la parole au nom de tous.  En fait, Pierre prend ainsi le risque de parler de celui qu’il trahira un jour, à trois reprises.  Aussi, pour parler au nom de tous, faut-il être mandaté.  Mais qui a donné à Pierre cette possibilité de parler au nom des autres ?  Chacun n’a-t-il pas le droit de donner son opinion à pareille circonstance ?  Et pourquoi Jésus, lui aussi, ne donne pas l’occasion aux autres disciples de pouvoir donner leur opinion ?

Par ailleurs, notons que Pierre n’a pas toujours été cohérent avec lui-même. Sa spontanéité et son impulsivité l’ont souvent porté à des aberrations, à des ratés, à du non sens…  Il faut l’entendre parler à Jésus sur la montagne de la transfiguration (Mc 9, 5-6), il faut voir le courage avec lequel il retire Jésus à l’écart pour le réprimander au sujet de ses prédictions sur sa passion à venir (Mt 16, 22), pour s’en rendre compte et les évangiles sont intarissables à ce sujet.

Eh bien, Pierre est un homme impulsif, spontané et toujours prêt à pouvoir donner son opinion, sa vision des choses.  Et le Christ mise sur cet aspect important de la personnalité de Pierre pour solidifier les fondations de son Église : « Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Église ».  Comme quoi, le Seigneur mise parfois sur ce que nous sommes, ce qui nous caractérise le mieux pour pouvoir l’utiliser à bon escient.

« Dieu écrit droit avec des lignes courbes » et cela se vérifie fort heureusement dans la vie de Pierre.  C'est dire que dans la vie, il faut parfois savoir faire avec ce qu’on a.  Et Jésus sait bien le faire. Il sait toujours se servir de nos inadvertances pour en tirer profit.  L’essentiel c’est de compter sur Lui en tout temps et d’avoir l’humble connaissance de ses faiblesses.  Car lorsque nous sommes faibles, c’est alors que la puissance du Seigneur, qui prévaut sur celle de la mort, se déploie avec vigueur.

Toutefois, il n’est pas question de renfermer Pierre dans la prison de ses errances verbales.  Il faut aussi savoir découvrir en lui un homme de foi et de confiance.  Il a su le démontrer à un moment terrible du ministère de Jésus où presque tout le monde prenait congé de lui.  C’est lui qui encore en ce moment-là fit comprendre qu’il fallait s’attacher au Christ, dépositaire des paroles de la vie éternelle (Jn 6, 68).  C’est encore Pierre qui, au déclin d’une nuit sans succès, accepte humblement la proposition du Christ de jeter le filet en eau profonde, par pure confiance et parce que c’était Lui (Lc 5, 5).

Certes, nous sentons notre misère et tant de choses nous paraissent un obstacle insurmontable à la jouissance de cette part avec Jésus-Christ. Mais le Seigneur aime les siens qui sont dans le monde, et nos infirmités, nos chutes même, ne peuvent arrêter le déploiement de son amour merveilleux. Il savait que Pierre le renierait, que Judas avait décidé de le livrer, que tous l’abandonneraient. Mais cela n’a pas suffi pour arrêter l’élan de son amour pour les humains.  

Reconnaissons tous que nous portons le trésor de Dieu dans des vases d'argile pour que l’incomparable puissance avec laquelle nous pouvons agir soit de Dieu et non de nous (Cf. I Co 4, 7). A l’instar de Pierre qui reconnu en Jésus le Messie, le Fils du Dieu vivant, offrons-lui nos vies en sacrifice pour que dans son amour inlassable, Il en revigore les faiblesses et les doutes pour les épanouir en signes éclatants du Royaume.

Sébastien Bangandu

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