dimanche 11 novembre 2012

Homélie du 33e dimanche ordinaire B : Se tourner vers l'avenir!


Bien chers frères et sœurs,

Le monde de ce temps est riche, en effet, en catastrophes de tous genres : bouleversements économiques et sociaux, conflits, guerres et révolutions, menaces atomiques, etc. Considéré globalement, cet ensemble disparate de malheurs suggère décidément l’idée d’un grand bouleversement en marche qui génère une forte angoisse existentielle au quotidien de notre existence. Face à cette crise de sens, il devient presqu’impossible de trouver un remède qui permette à l’humain d’intégrer son angoisse face à un avenir incertain.

Or il n’est pas rare, en temps d’incertitude et de crise, de voir des gens s’agiter dans tous les sens. En tant que telle, l’agitation est habituellement reconnue comme un signe d’instabilité, d’impuissance, voire d’insécurité par rapport à ce qui advient. A voir vivre bon nombre de gens, les chrétiens compris, force nous est de constater que cette agitation prend beaucoup d’ascendant, si bien qu’elle s’érige tout doucement en mode de vie normale. Or, nous sommes les acteurs principaux d’une église, d’un peuple qui devrait faire émerger de ladite crise un ordre qui nous convienne le mieux et qui embelli davantage notre existence quotidienne.

Mais si, emportés par la tornade, nous ne pouvons plus être des hommes et des femmes d’espérance, nous ne devons guère nous étonner d’avoir le sentiment d’être quotidiennement à la merci des événements. Il n’est donc pas surprenant que notre premier reflexe soit de nous réfugier dans des croyances fallacieuses ou de faire comme tout le monde, et contribuer ainsi au « sauve-qui-peut » général. Pour sa part, Jésus nous suggère le calme et la sérénité comme toile de fond pour meubler notre existence en temps de crises et d’incertitudes.

En nous parlant de ce qui adviendra en ces temps, Jésus veut nous rappeler que le monde et tous ses éléments sont des réalités fugaces, et donc vouées à la déchéance et à la dégradation. Ainsi, même quand nous voyons s'assombrir le paysage du monde ou celui de notre vie, nous n’avons pas le droit de nous décourager. Au contraire, tout cela doit nous aider à relever notre tête, c’est-à-dire, à redresser notre vie, en mettant notre confiance dans la force et la puissance de Dieu. Par ailleurs, cela nous invite également à savoir surtout que malgré ses apparences de solidité, elle ne fait que passer, la figure de ce monde (cf. 1 Cor 7, 29).

Cependant, cet appel est loin d’être un reniement de tout ce qui est temporaire, passagère. Le message du Christ a pour but de nous rendre capables de discerner et d’orienter nos vies vers les réalités durables, éternelles. Et, en tant que êtres de passage, c’est dans la temporalité que nous nous préparons à vivre notre éternité. Bien plus, c'est en ces moments d’incertitude que nous sentons davantage le poids de nos limites et que nous éprouvons le besoin de recourir à quelqu'un de plus fort que nous. Ainsi, les terribles événements de ce monde, au lieu de nous terroriser et de nous abattre, devrait nous inciter à lever les yeux vers le Seigneur, notre rédempteur qui vient nous sauver.
  
Enfin, notre avenir est une dimension constitutive de l’histoire, mais surtout d’une histoire présente, personnelle et collective. Et cet avenir est inscrit déjà comme en germe dans le présent, dans la dialectique du déjà-là et du pas-encore. Mais si aujourd’hui, l’humain semble avoir perdu les clefs de son avenir, c’est parce qu’il se soucie beaucoup du jour et de l’heure de la venue du Christ, au lieu de se préparer à l’accueillir.  Voilà pourquoi, en replaçant notre vie dans ce qu’elle a de fragile, Jésus nous invite à la conversion. En nous convertissant, nous transposons en même temps notre destinée sur une autre échelle des valeurs, celle de l’espérance. 
Sébastien Bangandu



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