Bien chers frères et sœurs,
Doté
d’un sens d’observation bien fin, Jésus aimait bien s’enquérir des mobiles qui
orientaient l’agir de ses contemporains. Après avoir fustigé l’hypocrisie des
pharisiens impressionnistes, on le voit assis en face de la salle du trésor,
observant attentivement ceux et celles qui viennent déposer leur offrande dans
le tronc. Il faut noter en passant que le moment de la quête des offrandes aujourd'hui comme hier est souvent l’occasion propice pour certains de mettre en valeur leur personne et d’exhiber
leur fortune.
En
effet, on sait que l’humain est naturellement un être sensible à ce qu’il est,
à ce que d’autres pensent et disent de lui. Bien plus, il aime à être
considéré, respecté, honoré, voire glorifié. Parfois, ses gestes et nombres de
ses attitudes ne visent que la reconnaissance et l’approbation des autres. Or
ce style de vie, loin de l’épanouir, le plonge facilement dans l’hypocrisie,
l’obligeant ainsi à mener une vie de façade. C’est justement à cette attitude
que Jésus veut s’attaquer en parlant des scribes.
Le
fait de voir les gens riches mettre des grosses sommes dans le tronc
n’impressionne pas Jésus. Son regard de vérité va droit au cœur des choses et
non à leur superficie. Quant à son cœur, il trouve son matin et sa fraîcheur
dans les petites choses, simples et insignifiantes aux yeux de tous, parfois
imperceptibles et apparemment insignifiantes. C’est cette vision des choses qui
lui permet de voir, dans le geste de la veuve, l’expression d’une générosité véritablement
légendaire. Car en offrant tout ce qu’elle avait pour vivre, c’est sa propre
personne qu’elle a offerte.
Ceci
dit, donner en s’oubliant soi-même n’est pas simple. Car, décidément, pour
Jésus, il est manifeste que le don, le partage, la
charité supposent avant tout un esprit de sacrifice, de privation, et donc une
décision d'ordre intérieur engageant la générosité du cœur. Et cela apparaît
clairement dans l’authentique générosité de la veuve, qui, bien entendu, se
situe bien au-delà des apparences. Car, lorsqu’elle le pose, son geste traduit
un réel sacrifice, une vraie privation de l’essentiel, bien différent du
superflu que donne le riche. Bien plus, elle le fait d’un cœur simple et
joyeux.
Dans sa grande pauvreté elle comprend,
mieux que les riches, la détresse et la misère de ses frères et sœurs pauvres.
Sa compassion la conduit à se priver de son nécessaire pour soulager, tant soit
peu, la souffrance de son prochain. Elle se dépouille elle-même en se privant
pour soulager l’indigent qui n’en peut plus… Ce faisant, c’est sa propre vie qu’elle met en danger. Mais si le geste
osé de la veuve de Sarepta à l’égard du prophète Élie lui a épargné la mort
imminente (1 Rois 17,10-16), la générosité de la pauvre veuve de l’évangile
présage le sacrifice ultime du Christ qui nous a valu le salut.
En
définitive, notons que de tout temps l'œuvre de Dieu a progressé grâce aux
offrandes volontaires des hommes et des femmes de bonne volonté. L’évangile de
ce jour nous invite à faire preuve de générosité. Être généreux, donner sans
réserve c’est un chemin accessible à tous et toutes, sur lequel nous nous
recevons parfois bien plus que nous donnons. Pourtant, notre vie bascule
toujours entre le désir de tout donner et celui de nous réserver la part du
lion. A nous de choisir s’il nous faut rester dans la logique du superflu, ou
s’il nous faut suivre le Christ dans la logique du don total de soi, avec la
pauvre veuve, qui a donné tout ce qu'elle avait pour vivre.
Sébastien Bangandu, a.a.
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