Bien chers frères et soeurs,
Il est parfois facile de juger sans connaître, de
supposer sans savoir. Et cela nous arrive souvent. Jésus-Christ connaissait
bien ses disciples. Mais ceux-ci ne le connaissaient pas assez. Voilà pourquoi
aujourd’hui il se décide de les interroger pour s’enquérir de leur niveau de
connaissance de sa personne. Après s’être fait une idée de ce que les gens (de
l’extérieur) disent de lui, Jésus se tourne alors vers ceux qui partagent sa
vie intime, son quotidien. Etonnant de voir que même ceux-ci ont du mal à dire
ce qu’il est vraiment.
Ainsi, Pierre, dont on connaît bien la propension à
prendre le premier la parole en pareilles circonstances, tente de sauver la
situation. Mais Jésus, qui savait bien ce qui allait lui arriver par la suite,
précisera d’avance qu’il s’agit là d’une révélation divine faite à Pierre (Mt
16, 13). Oui, une révélation divine car Pierre démontrera par la suite qu’il ne
connaît pas encore Jésus-Christ. En fait, Pierre croyait encore à un messie
triomphant, puissant et invincible, alors que le fils de l’homme, lui, se veut un
Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens… (I Cor 1, 23).
Il
y a une grande différence entre savoir quelque chose de Christ et connaître
Christ. Ceci nous fait comprendre qu’il est
trop tôt de proclamer que Jésus est le Messie si on n’a pas encore eu le temps
de le connaître, d’apprendre de lui. Il faut avant tout faire preuve d’assez
d’humilité pour « se laisser instruire par le Christ » (cf. 1ère
lecture). Ce préalable est important dans la mesure où il fait faire au
disciple du Christ une expérience personnelle de Celui-ci. En fait, si sa
parole ne nourrit pas notre quotidien, si nos oreilles se ferment à ses dires
et aux motions de l’Esprit, il nous sera difficile de proclamer son message de vie.
C’est ce qu’en d’autres mots, Saint Jacques veut nous
dire dans la 2ème lecture de ce jour. En fait, avoir la foi c’est
une chose, mais incarner sa foi dans une action, en est une autre. La foi, en
tant qu’adhésion au Christ, nous configure à sa personne. En ce sens, elle n’est
pas quelque chose de déjà acquis. Elle est plutôt un itinéraire, un pèlerinage,
jamais terminé, mais au cours duquel, grâce à l’attention portée à ceux et
celles que nous croisons sur notre route, nous découvrons le visage de Celui
qui fait l’objet de notre périple.
On le voit, il est difficile de proclamer le Christ
sans d’abord le connaître personnellement, sans l’avoir intériorisé. Et
l’intérioriser, c’est renoncer à soi-même, c’est-à-dire refuser de mener une vie
égocentrique, centrée sur soi. C’est faire du Christ le centre de notre vie. Paul
l’a bien compris quand il disait : « J’ai été crucifié avec le Christ, ce
n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2 : 20). Renoncer à
soi-même, c’est donc renoncer à tout ce qui pourrait détrôner le Christ du
centre de notre vie.
En définitive, la question
posée par le Christ aux disciples nous rejoint dans la vie de tous les jours.
Elle se pose aujourd’hui dans un contexte de crise de la foi. Décidément, elle
nous invite à aller au-delà des évidences immédiates, du réel quotidien. Nous sommes
donc appelés à rejeter nos idées préconçues sur Jésus pour réapprendre à
marcher derrière Lui. Et marcher derrière le Christ c’est un appel au
renoncement, à la conversion. Car le disciple c’est celui qui s’engage, qui est
prêt à donner même sa propre vie pour la cause du Christ. Et la
conversion, ce n’est jamais une fois pour toutes. C’est tous les jours qu’il
faut se convertir.
Sébastien Bangandu
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