Bien chers frères et soeurs,
C’est souvent dans des
conversations intimes que des amis se font des confidences. Pour sa part, Jésus
profitait souvent des occasions de grande intimité pour révéler à ses disciples certaines choses essentielles touchant directement à sa vie et à sa
mission. Et c’est pour la deuxième fois que Jésus annonce sa fin cruelle, alors
qu’il est en chemin vers Jérusalem, la ville qui tue les prophètes. On est frappé
par la brièveté de son message et l’émoi qu’il jette dans le cœur de ses
disciples.
Mais apparemment, les
disciples n’y comprennent pas grand-chose. Ils sont plutôt préoccupés par autre
chose. C’est que pendant que Jésus est occupé à les préparer pour accueillir
avec courage et foi l’épreuve qui approche, les disciples se préoccupent à
s’assurer leur grandeur et primauté. Alors que Jésus pense à la croix
inévitable et aux souffrances à venir, les disciples eux, sont préoccupés par
les questions de préséance, de hiérarchie. Voilà qui explique leur peur, ou mieux,
leur honte à pouvoir lui dire ce de quoi ils discutaient en cours de route.
Comment est-ce
possible ? Probablement parce que l’idée d’un Messie qui devra mourir ne
les enchante pas. Et cela crée déjà une distance entre les disciples et leur
Maître. Comme à son habitue, Jésus profitera de cette aubaine pour les rappeler
à la raison. On sait que Jésus a toujours été critique par rapport à l’ordre des
choses. Pour lui, les premiers seront les derniers ; qui s’élève sera
abaissé ; les plus comblés s’embauchent pour du pain ; qui garde sa
vie la perd ; le plus grand devient le dernier et le serviteur de tous…
Devenir grand, c’est le
rêve inné de tout humain et personne ne doit être blâmé à cause de ses
ambitions. Personne d’entre nous n’aspire à la petitesse, encore moins à la
bassesse. Il faut s’élever, grandir, émerger, être honoré et glorifié. Mais
grandir ne va pas, d’une part, sans effort et sans sacrifice. D’autre part, il
ne va pas sans désir de changement, de conversion. Par ailleurs, grandir
implique toujours une idée de croissance et d'aspiration à la maturité. Ainsi, pour
Jésus, l’enjeu n’est pas de freiner nos ambitions, de nous couper les ailes, ou
encore de stopper notre enthousiasme à vouloir nous réaliser.
Par contre, Il veut nous
éveiller à autre chose. Il veut que nous puissions mener une existence riche et
nous ouvre ainsi la voie de la réussite personnelle et communautaire : « Soyez unis les uns aux autres par l'affection fraternelle, rivaliser de respect les uns
pour les autres » (Rm 12, 10). C’est un appel à bannir de nos vies conflits,
complexes, hypocrisies, rivalités pour nous intéresser les uns aux autres dans
une vraie fraternité, dans l’humilité et la considération de l’autre.
Enfin, disciples de Jésus,
nous vivons dans un monde qui, faute d’imiter son Maître, perd progressivement
sa jeunesse et sa candeur. Et tant que nous aurons honte de reconnaître nos
faiblesses et de sentir, comme un enfant, que nous avons besoin des autres pour
nous réaliser, nous vivrons toujours en marge de la dignité des enfants de
Dieu. Jésus est venu nous éveiller à l’audace
d’affirmer qu’il n’est pas possible de former un Corps si nous n’apprenons pas à
pratiquer l’humilité quotidienne qui commence par le respect et qui doit
parfois aller jusqu’au pardon. Cela demeure pour nous tous une exigence très
actuelle.
Sébastien Bangandu
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