mercredi 5 septembre 2012

Homélie du 23e dimanche ordinaire B : A l'écart avec Jésus...


Bien chers frères et soeurs,
On sait que le lion, quand il est en face d’une troupe d’antilopes, aime toujours isoler sa proie, en l’écartant du reste de la troupe, pour bien l’avoir. Dieu, par contre, aime emmener à l’écart les gens dont il veut sérieusement prendre soin : « Il retire de la poussière le faible, du fumier il relève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles et leur assigner un siège d'honneur… (I Samuel 2, 8). Il agit de même pour ceux et celles qu’il veut préparer à une mission précise : « Je te mènerai au désert, et je parlerai à ton cœur » (Osée 2,14). C’est le cas d’Abraham, notre père dans la foi, à qui Dieu enjoignit de « quitter » son pays…

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus fait la même chose. Il mène à l’écart le sourd-muet, loin de la foule et de son milieu ambiant. Car cet homme, en plus du fait de ne pas voir et entendre, était comme enfermé dans une prison. Voilà pourquoi il a besoin de le prendre à part pour mieux s’occuper de lui. C’est dire qu’il faut parfois se quitter. Quitter la monotonie du quotidien, quitter ses habitudes régulières pour aller à la rencontre de l’Autre. Et cet Autre, c’est bien le Christ, dont la tendresse pour chacun et chacune de nous est telle que rien d'autre n’a du prix à ses yeux.  

Accepter d’être conduit à l’écart, de se laisser bousculer dans ses habitudes ordinaires, de se laisser mener par quelqu’un d’autre, n’est pas donné à tous. C’est un appel à l’humilité. En effet, Dieu désire que nous dépendions de lui, parce que dépendre de lui est dans notre meilleur intérêt. Et ce sourd-muet en a fait l’expérience : On l’amène à Jésus, et  Celui-ci à son tour l’emmène à l’écart. Et là, il accepte de se faire mettre les doigts dans les oreilles et de se faire toucher la langue ! Notons qu’en agissant ainsi Jésus va à l’encontre de la consigne des compatriotes de ce sourd-muet qui, eux, lui priaient seulement de poser la main sur lui.

Par ailleurs, notons que la prière est un des moments privilégiés où il nous est donné de pouvoir nous approcher de Jésus. Car c’est lui qui nous invite à nous décharger sur lui de nous nos soucis car il prend soin de nous (cf. 1 Pi 5, 17). Nous savons aussi que l'être humain a soif d’apaisement, de guérison, de réconfort. Il aime s’assurer que, peu importe ses épreuves, les choses finiront bien. Parce que les assurances divines fortifient notre foi dans les moments d'épreuves. Elles nous relèvent quand nous nous sentons déprimés, nous revitalisent quand nous sommes épuisés et nous fortifient quand nous nous efforçons d'atteindre un but. 

Aujourd’hui, le Christ nous invite à le suivre, à nous mettre à l’écart du vacarme du monde, des éclats de voix et de stimulations, pour le contempler face-à-face. C’est là que, dans le silence, on peut encore entendre sa douce voix. Car, comme l’a si bien dit St. François de Sales, "le bruit fait peu de bien et le bien fait peu de bruit". A l’écart, dans le silence, il se produit une rencontre, au bout de laquelle la vie d’un indigent renaît de ses cendres.

Enfin, comme l'a dit saint Irénée, "la gloire de Dieu c'est l'homme débout". Et c'est Dieu qui élève, même s'Il peut parfois se servir des humains pour le faire. Il est la source de toute bénédiction. Évidemment, nous le savons, l'élévation suprême des croyants arrivera lorsque notre vie terrestre prendra fin et que nous irons dans la présence de Dieu pour jouir éternellement de sa compagnie (1 Cor 15, 52). Mais en attendant, nous désirons tous être élevés dans notre situation présente, c'est-à-dire que nous avons besoin de sentir qu’il nous aime et prend constamment soin de nous.
Sébastien Bangandu


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