0. Introduction
D’entrée de jeu, qu’il me plaise de rappeler que le Sacré-Cœur
de Jésus est véritablement le symbole de la foi chrétienne, parce qu'il exprime de manière plus simple et
plus authentique, le mystère de l’amour miséricordieux de Dieu pour ses enfants
depuis son incarnation au monde et son immolation sur la croix.
En effet, dans son immense amour, Dieu a voulu intégrer la condition
humaine, en prenant un corps et un cœur, de façon à ce que nous puissions
découvrir en lui, un semblable, un compagnon, un ami de cœur avec qui nous
partageons tout. En ce sens, célébrer le Sacré-Cœur de Jésus, c’est célébrer la
personne même du Christ désignée par ce cœur plein de tendresse et d’amour.
Par ailleurs, parler du cœur c’est bien évidemment aussi parler de
l’amour dont il est le symbole indéfectible. Comme le rappelle l’écrivain
Christian Bobin, « Le cœur, c’est
la racine et la souche de toute notre existence». Le théologien Karl Rahner
pour sa part affirme que le "Cœur" désigne le centre le plus intime,
où toute multiplicité est encore une. Aussi, en disant "Cœur de
Jésus", nous évoquons ce que le Christ a de plus intime.
Quant à l’amour, il est toujours un mystère aussi bien pour ceux et celles
qui le vivent, que pour ceux et celles qui le voient vivre. Car, aimer
vraiment, c’est aller vers quelqu’un, non pas seulement pour son image, ni pour
ce qu’il symbolise, mais pour son secret, son mystère. Ce secret que nous ne
savons pas toujours nommer.
Et quand bien même nous tentons de le nommer, nous constatons que nos
mots demeurent toujours pauvres à pouvoir exprimer ce qu’il est réellement.
Raison pour laquelle on se sent toujours en quête de l’être aimé, qui devient,
pour ainsi dire la raison pour laquelle notre cœur bat.
Et s’il en est ainsi des relations entre les humains, il en est encore
davantage quant à notre relation avec le Christ. En effet, chaque
personne a besoin d’éprouver, plus en profondeur, le sentiment
d'une présence fiable, celle du Christ miséricordieux et plein d’amour.
J'invite par conséquent chacun et chacune de
nous à renouveler, à travers la méditation sur cette réalité actuelle de notre
foi, sa dévotion au Sacré-Cœur de Jésus,
en valorisant aussi bien la prière personnelle que communautaire afin que
l’amour du cœur du Christ à jamais fasse de nous sa demeure et contribue ainsi
à changer notre vie.
1. Le repas comme signe du Royaume
S’il est vrai que l’amour existe
de manière implicite dans les cœurs de ceux et celles qui s’aiment, il n’en
reste pas moins vrai qu’ils ont besoin de signes qui le révèle davantage. Car,
dit-on, l’amour a besoin de preuves pour prouver son existence. Voilà pourquoi
Jésus a voulu nous laisser le mémorial de sa vie et de son être à travers un
repas.
Se retrouver autour d’une table permet bien sûr de
partager un repas, mais aussi d’échanger, de passer de bons moments, de marquer
certains événements importants de notre vie, etc. Et même si les difficultés ne
manquent pas là où vivent les humains, manger ensemble est une façon de rester
en liens avec d’autres, un aspect qui prend toute son importance surtout dans
nos sociétés où les liens familiaux et sociaux ont tendance à s’éclipser.
Le Christ lui-même aimait beaucoup participer à des repas et les
évangiles sont intarissables à ce sujet. Au milieu d’une activité apostolique
intense, il savait se créer des moments de partage et de convivialité autour
d’un repas. D’ailleurs, son premier miracle à Cana s’est opéré au cours d’un
repas festif où, par le biais de sa Mère, Jésus a permis aux convives de prolonger
la joie d’une fête qui allait bâcler par manque de vin.
Mais pour Jésus, le repas partagé, qu’il soit ordinaire ou festif, n’est
doit pas être réduit au simple désir de faire bombance. Au contraire, il est la
préfiguration du festin du Royaume en même temps qu’un mémorial. Pour preuve, les repas de Jésus sont, pour la plupart, des
moments particuliers où, en rupture avec les lois de son époque, il ouvre sa
table aux exclus et aux pécheurs. Rencontres exceptionnelles où les pécheurs,
les marginalisés, les rejetés, les isolés de la société se trouvent enfin
reconnus et réhabilités dans leur humanité.
Mémorial, le repas eucharistique nous aide à raviver la présence du
Christ dans nos vies et dans le monde. En ce sens, « vous ferez cela en
mémoire de moi » veut dire : vous perpétuerez ma présence au milieu
de vous ; vous direz au monde que je suis à l’œuvre pour l’éternité et
vivant à jamais. On le voit, à travers le repas eucharistique, Jésus veut
offrir à l’humain ce qui lui convient le mieux, ce qui est bon pour lui, ce qui
a valeur d’éternité.
2. Le repas eucharistique, une valeur sûre et éternelle
Pour Jésus-Christ, le but du repas eucharistique ne consiste pas dans une
union passagère, mais dans celle dont la durée est éternelle. Ainsi, celui ou
celle qui reçoit dans la communion le corps du Christ l’accueille pour
l’instauration d’une intimité destinée à se prolonger. Par contre, celui ou
celle qui se contente de la manne et de toute nourriture terrestre s’expose à
une vie fugace, limitée dans le temps (Jn 6, 49-50).
Voilà pourquoi, en voulant souligner la dimension éternelle de son corps
et de son sang, Jésus-Christ invitait constamment ceux qui le suivaient en leur
enjoignant de travailler, non pas pour la nourriture périssable, mais pour
celle qui demeure dans la vie éternelle, et que le fils de l'homme donnera"
(cf. Jn 6, 27). C'est donc Jésus-Christ et Lui seul est capable de nous
donner cette nourriture qui demeure.
Ceci dit, on comprend bien l’angoisse où se trouvait la veuve de Sarepta.
Celle-ci était confrontée à la famine qui lui ouvrait déjà la porte de la
mort : « …Nous le mangerons et puis nous mourrons ». Mais
l’intervention du prophète lui fait revenir à la foi en lui donnant un
avant-goût d’éternité : « Car ainsi parle le Seigneur, Dieu
d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se
videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la
terre » (1 Rois 17:13-14).
Fondamentalement, l'amour aspire à la continuelle
présence de la personne aimée. Jésus-Christ l’a lui-même démontré : après
avoir accompli l’œuvre de la rédemption, il promettait de demeurer avec nous
pour toujours : « …Et moi, je suis avec vous pour toujours jusqu’à la
fin du monde » (Lc 28, 20).
3. Le
repas eucharistique un appel à vivre en intimité avec le Christ
Quand on aime une personne, on veut toujours vivre en sa présence. On
l’associe volontiers à ce qui constitue la trame même de notre vie. Et s’il en est
ainsi de l’amour entre les humains, il en est encore davantage quant à l’amour
que nous expérimentons avec Dieu. En effet, chacun d’entre nous a
besoin de savoir qu’il a du prix aux yeux de Dieu et qu’il est
aimé de son cœur miséricordieux et plein d’amour.
Le repas eucharistique a comme premier effet une
union plus intime avec le Christ. Celui-ci entre comme nourriture dans la
personne pour nouer avec elle une relation plus profonde, transformatrice de
son existence. D’où ces paroles du Christ : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l'homme et
ne buvez pas son Sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma Chair et
boit mon Sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma
Chair est vraiment une nourriture et mon Sang une boisson» (Jn 6, 53-55).
A une telle offre nous devrions réserver une réponse positive, du fait
que le Christ s’offre pour notre propre salut. Mais on se souvient bien qu’à la
suite de ce discours se produisit un grand mouvement de défection.
Beaucoup se sont retirés de sa compagnie. Mais Jésus montrera sa
résolution d'exiger la foi en l'Eucharistie comme condition essentielle pour
continuer à le suivre. C’est ainsi qu’Il obtiendra de Pierre, le représentant
des douze, cet acte de foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu
as les paroles de vie éternelle… » (Jn 6, 68).
Enfin, si l’invitation de Dieu à un tel festin est sans condition et sans
limite, elle n’en est pas moins exigeante : chaque rendez-vous
eucharistique nous demande de mettre notre vêtement de noce. Ceci dit, notre
rencontre autour de la table eucharistique devrait constamment nous interroger
sur la qualité de notre préparation à accueillir le Christ qui vient habiter en
nous.
Conclusion
Tout ce que Dieu voulait nous dire à propos de sa personne et de son
amour, il l'a déposé dans le Cœur de Jésus et c’est à travers ce Cœur qu’Il continue
de nous l’exprimer. Et comme le disait si bien Jean Paul II : « C’est
auprès du Cœur du Christ que le cœur de l'humain apprend à connaître le sens
véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d'une
vie authentiquement chrétienne ». Ainsi, nous
nous trouvons face à un mystère insondable. A travers le Cœur de Jésus, nous
lisons l'éternel dessein du salut du monde.
Sébastien
Bangandu
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