vendredi 15 juin 2012

Homélie du 11e dimanche ordinaire B : Un Règne qui est un peu là!


Bien chers frères et soeurs,

« Quand un arbre tombe, son bruit se fait entendre, mais quand la forêt pousse, pas un bruit», nous dit un proverbe sud-africain. Comme quoi, certains événements impressionnants retiennent vite l’attention des humains alors que l’essentiel s’effectue parfois dans le silence et la durée. Oui, les choses essentielles parfois se réalisent dans la grande indifférence et le mépris. Il en est ainsi du Règne de Dieu.

 En fait, alors que certains disciples du Christ demeuraient dans l’agitation quant à sa venue, le Règne de Dieu allait déjà son chemin au milieu d’eux, dans la grande intimité, imperceptible mais efficace. Dévoyés par la recherche des choses de ce monde, il leur était difficile d’apercevoir les traces de ce Règne en la personne même du Christ. Rien d’étonnant à cela car même le précurseur, Jean-Baptiste, en son temps, avait déjà du mal à y croire : « Es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Lc 7, 18).

Dans un monde sécularisé, où l’on a hâte d’en finir avec tout ce qui fait référence à Dieu, comment croire à la croissance du Règne du Christ. Pourtant, Dieu est toujours à l’œuvre au cœur de notre monde sans que nous ne nous en rendions compte. Les Disciples d’Emmaus en ont fait l’expérience : « Nos cœurs n’étaient-ils pas tout brûlants quand sur la route, il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32). Jacob, avait pour sa part, fait la même expérience quand il s’écria : «Vraiment, le Seigneur est dans ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas» (Gn 28, 10).

C’est là que se dégage la valeur novatrice des enseignements de Jésus-Christ. Celle-ci réside dans la force cachée d’un Dieu qui pourtant est toujours à l’œuvre dans nos vies. Cette réalité nous invite à ne pas désespérer, mais à vivre patiemment notre vie, dans la confiance, car ce Dieu, apparemment absent, continue de travailler notre monde à la manière d’un ferment. Il nous arrive très souvent aussi de nous sentir loin de lui. Croyons qu’il peut venir au moment le plus inattendu, au risque de nous surprendre. Il est déjà là. Il est au milieu de nous. Il est au plus profond de nous. Laissons seulement Dieu être Dieu en nous.
  
N’oublions pas que même le Christ a été confronté à cet apparent silence de Dieu, au cours de sa passion et sa crucifixion et il a crié : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). Son cri de détresse ressemble à celui de chacun et de chacune de nous aujourd’hui. Mais nous savons que Dieu n’était pas du tout absent, au contraire, il attendait de se révéler au moment voulu. Le vendredi saint a débouché sur le matin de Pâques. Telle est notre espérance chrétienne qui porte et donne sens à notre prière, à notre vie.

En définitive, on peut s’interroger sur les implications de cette présence voilée de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Dieu s’est révélé en Jésus-Christ. Et alors où est-il aujourd’hui ? Cette question nous invite à être attentifs à l’Esprit qui nous ouvre davantage à la grâce de Dieu. Car n’oublions pas que tout est grâce et que tout repose sur cette action de Dieu en nous, une action parfois imperceptible, mais extraordinairement prolifique dans ses effets sur notre vie. Vienne ton Règne, Seigneur !

Sébastien Bangandu


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