Bien chers frères et soeurs,
« Quand un arbre tombe, son bruit se
fait entendre, mais quand la forêt pousse, pas un bruit», nous dit un proverbe
sud-africain. Comme quoi, certains événements
impressionnants retiennent vite l’attention des humains alors que l’essentiel
s’effectue parfois dans le silence et la durée. Oui, les choses essentielles
parfois se réalisent dans la grande indifférence et le mépris. Il en est ainsi
du Règne de Dieu.
En fait, alors
que certains disciples du Christ demeuraient dans l’agitation quant à sa venue,
le Règne de Dieu allait déjà son chemin au milieu d’eux, dans la grande
intimité, imperceptible mais efficace. Dévoyés par la recherche des choses de
ce monde, il leur était difficile d’apercevoir les traces de ce Règne en la
personne même du Christ. Rien d’étonnant à cela car même le précurseur,
Jean-Baptiste, en son temps, avait déjà du mal à y croire : « Es-tu
Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Lc 7,
18).
Dans un monde
sécularisé, où l’on a hâte d’en finir avec tout ce qui fait référence à Dieu,
comment croire à la croissance du Règne du Christ. Pourtant, Dieu est toujours
à l’œuvre au cœur de notre monde sans que nous ne nous en rendions compte. Les
Disciples d’Emmaus en ont fait l’expérience : « Nos cœurs n’étaient-ils pas tout brûlants quand sur
la route, il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32). Jacob, avait pour
sa part, fait la même expérience quand il s’écria : «Vraiment,
le Seigneur est dans ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas» (Gn 28, 10).
C’est là que se dégage la valeur
novatrice des enseignements de Jésus-Christ. Celle-ci réside dans la force
cachée d’un Dieu qui pourtant est toujours à l’œuvre dans nos vies. Cette
réalité nous invite à ne pas désespérer, mais à vivre patiemment notre vie,
dans la confiance, car ce Dieu, apparemment absent, continue de travailler
notre monde à la manière d’un ferment. Il nous arrive très souvent aussi de
nous sentir loin de lui. Croyons qu’il peut venir au moment le plus inattendu,
au risque de nous surprendre. Il est déjà là. Il est au milieu de nous. Il est
au plus profond de nous. Laissons seulement Dieu être Dieu en nous.
N’oublions
pas que même le Christ a été confronté à cet apparent silence de Dieu, au cours
de sa passion et sa crucifixion et il a crié : « Mon Dieu, pourquoi
m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). Son cri de détresse ressemble à celui de
chacun et de chacune de nous aujourd’hui. Mais nous savons que Dieu n’était pas
du tout absent, au contraire, il attendait de se révéler au moment voulu. Le
vendredi saint a débouché sur le matin de Pâques. Telle est notre espérance
chrétienne qui porte et donne sens à notre prière, à notre vie.
En
définitive, on peut s’interroger sur les implications de cette présence voilée de
Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Dieu s’est révélé en Jésus-Christ. Et
alors où est-il aujourd’hui ? Cette
question nous invite à être attentifs à l’Esprit qui nous ouvre davantage à la
grâce de Dieu. Car n’oublions pas que tout est grâce et que tout repose sur
cette action de Dieu en nous, une action parfois imperceptible, mais extraordinairement
prolifique dans ses effets sur notre vie. Vienne ton Règne, Seigneur !
Sébastien Bangandu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire