jeudi 19 avril 2012

Homélie du 3e dimanche de Pâques B : Témoins d'une présence!


Bien chers frères et soeurs,
Quand on doit aller parler aux gens de ce qu’on vient de voir, toucher, ou même expérimenter, c’est différent que quand on raconte ce qu’on ne sait que par ouï-dire. La conviction du disciple, l’efficacité de son témoignage, découlent d’une relation de communion profonde et vivante avec le Christ lui-même. Non parce qu’on l’a vraiment saisi, mais du fait de l’emprise que sa présence exerce sur nous. Les disciples qui rentrent d’Emmaüs parlent de quelqu’un de vivant, de vrai. Pour preuve, alors qu’ils en parlent encore, lui-même est là, au milieu d’eux, dans le vif !

 Cette apparition du Christ au milieu de ses disciples comporte deux aspects différents. Le premier est un effort visant à vaincre l'incrédulité des disciples, leur lenteur à croire à un événement dont ils étaient déjà au courant. Le deuxième est une preuve que le Christ est effectivement ressuscité. Loin d’être un fantôme, il apparaît dans toute son humanité, il peut manger, être touché, vu et entendu. Bien que ce fait ne soit pas une preuve tangible de la résurrection du Christ, il demeure cependant un vrai support à la démarche de celui qui cherche à y croire.

Cependant, à première vue, il peut nous sembler choquant et même inadmissible que ceux qui constituaient l’entourage immédiat de Jésus, ses plus proches, aient mis si longtemps à croire qu’il était ressuscité. Mais cela peut se comprendre dans la mesure où ils étaient témoins oculaires de ses souffrances et de sa mort et connaissaient bien l’endroit où il était enseveli.  A cause de cela, mais aussi du fait qu’ils étaient prisonniers des croyances de leur temps, il leur était difficile de s’imaginer qu’il soit ressuscité.

Voilà pourquoi, de son côté, le Christ doit rafraîchir leur mémoire en leur ouvrant l’esprit au sens des Ecritures. Ainsi qu’il l’avait déjà fait auparavant, le Ressuscité rappelle à ses disciples que l'évènement de la résurrection est, sans nul doute, l’accomplissement de ce qui leur était déjà annoncé par l'Écriture. Mais si Jésus se donne la peine d’ouvrir leur esprit au sens de l’Ecriture, les disciples, de leur part sont appelés à ouvrir leur cœur pour accueillir et intégrer ce grand mystère de notre foi.   

En se rendant instantanément présent au milieu des disciples, le Christ affirme sa présence toujours réelle et active au milieu des siens. Car, là où deux trois sont réunis en son nom, il est au milieu d’eux (Mt 18, 20). C’est dire que le Ressuscité est vraiment présent et agissant dans nos vies, même quand nous ne nous en rendons pas compte. Quelques temps auparavant, les mêmes disciples s’en étaient déjà persuadés : « Nos cœurs n’étaient-il pas tout brulant quand il nous parlait en chemin… ? » Lc 24, 32). Cette présence du Christ se manifeste parfois jusque dans les moments les plus banales de notre vie quotidienne.

Enfin, la résurrection est un événement fondateur de notre vie de foi. Elle suscite en chacun de nous une vision nouvelle de la vie, de l’histoire et de notre temps.  Dieu qui a ressuscité Jésus-Christ ressuscite aussi nos propres existences. Face aux difficultés de la vie humaine, les échecs, la souffrance, la violence, la mort, l’espérance de la résurrection ouvre comme une brèche dans le mur de notre incrédulité. Dès lors, nous sommes appelés à devenir des témoins vivants de cette espérance, ses acteurs et ses disciples engagés : « C’est vous qui en êtes les témoins » (Lc 24, 48).

Sébastien Bangandu


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