Bien chers frères et soeurs,
Quand
on doit aller parler aux gens de ce qu’on vient de voir, toucher, ou même
expérimenter, c’est différent que quand on raconte ce qu’on ne sait que par ouï-dire.
La conviction du disciple, l’efficacité de son témoignage, découlent d’une
relation de communion profonde et vivante avec le Christ lui-même. Non parce
qu’on l’a vraiment saisi, mais du fait de l’emprise que sa présence exerce sur
nous. Les disciples qui rentrent d’Emmaüs parlent de quelqu’un de vivant, de
vrai. Pour preuve, alors qu’ils en parlent encore, lui-même est là, au milieu
d’eux, dans le vif !
Cette
apparition du Christ au milieu de ses disciples comporte deux aspects
différents. Le premier est un effort visant à vaincre l'incrédulité des
disciples, leur lenteur à croire à un événement dont ils étaient déjà au
courant. Le deuxième est une preuve que le Christ est effectivement ressuscité.
Loin d’être un fantôme, il apparaît dans toute son humanité, il peut manger, être
touché, vu et entendu. Bien que ce fait ne soit pas une preuve tangible de la
résurrection du Christ, il demeure cependant un vrai support à la démarche de
celui qui cherche à y croire.
Cependant,
à première vue, il peut nous sembler choquant et même inadmissible que ceux qui
constituaient l’entourage immédiat de Jésus, ses plus proches, aient mis si
longtemps à croire qu’il était ressuscité. Mais cela peut se comprendre dans la
mesure où ils étaient témoins oculaires de ses souffrances et de sa mort et
connaissaient bien l’endroit où il était enseveli. A cause de cela, mais aussi du fait qu’ils
étaient prisonniers des croyances de leur temps, il leur était difficile de
s’imaginer qu’il soit ressuscité.
Voilà
pourquoi, de son côté, le Christ doit rafraîchir leur mémoire en leur ouvrant
l’esprit au sens des Ecritures. Ainsi qu’il l’avait déjà fait auparavant, le
Ressuscité rappelle à ses disciples que l'évènement de la résurrection est,
sans nul doute, l’accomplissement de ce qui leur était déjà annoncé par
l'Écriture. Mais si Jésus se donne la peine d’ouvrir leur esprit au sens de
l’Ecriture, les disciples, de leur part sont appelés à ouvrir leur cœur pour
accueillir et intégrer ce grand mystère de notre foi.
En
se rendant instantanément présent au milieu des disciples, le Christ affirme sa
présence toujours réelle et active au milieu des siens. Car, là où deux trois
sont réunis en son nom, il est au milieu d’eux (Mt 18, 20). C’est dire que le
Ressuscité est vraiment présent et agissant dans nos vies, même quand nous ne
nous en rendons pas compte. Quelques temps auparavant, les mêmes disciples s’en
étaient déjà persuadés : « Nos cœurs n’étaient-il pas tout brulant
quand il nous parlait en chemin… ? » Lc 24, 32). Cette présence du
Christ se manifeste parfois jusque dans les moments les plus banales de notre
vie quotidienne.
Enfin, la résurrection est un événement fondateur de notre vie de
foi. Elle suscite en chacun de nous une vision nouvelle de la vie, de
l’histoire et de notre temps. Dieu qui a ressuscité Jésus-Christ
ressuscite aussi nos propres existences. Face aux difficultés de la vie humaine,
les échecs, la souffrance, la violence, la mort, l’espérance de la résurrection
ouvre comme une brèche dans le mur de notre incrédulité. Dès lors, nous sommes
appelés à devenir des témoins vivants de cette espérance, ses acteurs et ses
disciples engagés : « C’est vous qui en êtes les témoins » (Lc 24, 48).
Sébastien Bangandu
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