mercredi 8 février 2012

Homélie du 6e dimanche ordinaire : Le courage d'oser !

Bien chers frères et soeurs,
A cause des progrès de la médecine, plusieurs d’entre-nous ne connaissent la lèpre que de nom. Pourtant, si elle a disparu dans certains pays qui ont réussi à l’éradiquer, la lèpre fait encore beaucoup de victimes dans certains coins du monde. Par ailleurs, c’est une maladie qui suscite toujours un sentiment d’effroi et de terreur aussi bien chez les victimes que chez leurs proches..

Dans la société juive, le lépreux, véritable mort-vivant, est l’exclu par excellence. Sa situation est sans espoir et il est condamné de mourir à petit-feu. Aussi, est-il condamné à vivre loin des autres pour éviter de leur transmettre sa funeste maladie, ou mieux, sa funeste malédiction. De plus, la lèpre, maladie redoutée par excellence, était souvent comprise comme une punition divine, conséquence des péchés commis. Les récits bibliques qui parlent de la condition du lépreux sont légion. Même l’héroïsme d’un père Damien de Molokai ne suffira pas à éradiquer ce fléau ravageur.

Mais Jésus-Christ vient briser cette image tronquée du lépreux en osant poser en sa faveur des gestes d’une densité prophétique et d’un amour incroyables. Il va jusqu’à toucher celui qu’on ne devait pas toucher. Quelle  abomination! En fait, en agissant de la sorte, Jésus confirme qu’il est venu pour sauver tous ceux et celles que le Père lui a confiés en se gardant de n’en perdre aucun. En conséquence, il ne peut supporter le rejet, l’isolement, la solitude et la pauvreté dans lesquels vit ce lépreux. Aujourd’hui encore, notre société moderne perpétue ce phénomène de rejet de tous ceux et celles qui sont classés dans la catégorie des « invalides ».

De son côté, le lépreux fait preuve de courage. Dans un effort de volonté incroyable, il met toutes les chances de guérison de son côté. Il ne se laisse pas écraser par la pesanteur de la loi. Quoiqu’il lui fût interdit d’approcher les gens, il brave la peur et va trouver Jésus dont il reconnaît l’autorité en tombant sur ses genoux et en le suppliant. L’attitude du lépreux qui se déplace, tombe à genoux et supplie est d’autant plus suggestive qu’elle met en valeur la confiance, l’humilité et la prière la prière qui devraient nous soutenir dans nos moments difficiles. Mais hélas! Nous manquons parfois le courage d’oser!  

En tout cas ce lépreux semble nous indiquer un chemin vers Dieu. Car, s’il est pauvre de tout, on peut dire qu’il est également riche du fait de sa confiance forte, de son humilité qui lui permet de tout recevoir et sa prière efficace qui finalement lui obtient la purification. En fait, être purifié, c'est avoir la possibilité de renouer avec la communauté et, partant, avec Dieu. C’est être réhabilité et restauré dans toute sa personne pour être davantage encore en mesure de proclamer la bonne nouvelle aux autres. Par ailleurs, ce miracle est la conséquence de la détermination aussi bien du lépreux que de Jésus de se libérer d’un cadre légal qui se plait à étouffer l’éclosion de la vraie vie.

Cependant, si la guérison du lépreux est devenue un événement légendaire, c’est que le message que Jésus veut nous livrer dépasse la lèpre et le lépreux. Ce message, c’est l’annonce de la bonne nouvelle aux pauvres de tous ordres et le signe avant-coureur de la venue du Royaume des cieux. En tant que tel, ce message est une pressante invitation à se convertir et à croire à la bonne nouvelle du salut apportée par Jésus-Christ. Et s’il est vrai que chacun de nous a sa lèpre, il n’en reste pas moins vrai que cette conversion nous concerne tous. D’un cœur confiant, ayons le courage d’avancer résolument vers le Christ, notre libérateur, venu pour que nous ayons la vie en abondance.

Sébastien Bangandu

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