lundi 21 décembre 2015

Impressions de Mexico...



Le passage du religieux d'une communauté à une autre prend tout son sens lorsqu'il est le fruit du service fraternel que s'offrent mutuellement les communautés de la province.  Et ici, il convient de souligner que ce n'est pas le service d'une personne à l'égard d'une communauté, mais le service mutuel que s'offrent les diverses communautés d'une même famille religieuse. Ainsi, être disciple veut dire « marcher à la suite d’un maître ». Et pour marcher à la suite du Maître, il faut sans cesse sortir de soi-même, et se laisser sans cesse transplanter.

Devant le Montmartre à Québec (Photo d'Archives)
Après la messe d’au revoir du 27 dimanche ordinaire, il ne me restait qu’un jour pour quitter Québec. La dernière nuit fut triste. J’étais très stressé, un peu fatigué aussi, et je me suis réveillé à plusieurs reprises la nuit. Le voyage s’effectuait le mardi 6 octobre 2015 à 6h00 avec un régulier d’Air Canada. Vers 2h00 du matin, un étrange sommeil s’est emparé de moi, au point de me faire rater l’avion, puisque qu’il était déjà 4h00 quand je me suis réveillé, et l’heure du départ pour l’aéroport Jean Lesage était presque arrivé. Comme tous mes bagages étaient déjà bien rangés, il m’a suffi de les descendre à la porte d’entrée de la communauté. 

Devant la porte, j’allais dire au revoir aux confrères (Marcel Poirier, Jean Chrysostome Tsiriogna, Pierre-Jean Genest, Noël Le bousse) et aux sœurs de sainte Jeanne d’Arc (Agathe Précourt et Noëlla Noiseux) qui m’y attendaient. Après les salutations d’au revoir, nous avons pris le chemin de l’aéroport Jean Lesage, les pères Noël et Jean Chrysostome m’y accompagnaient… 

Paroisse assomptionniste Imperatriz de América
Parti de Québec à 6h00 du matin, nous avons gagné Montréal à 6h54. Le vol vers Mexico est intervenu à 7h55, et c’est à 12h06 que nous avons atterri à l'aéroport Benito Juarez de Mexico, accueillis par la chaleur légendaire de cette immense ville du Mexique. Enfin, me voilà à Mexico! Après avoir récupéré mes bagages, suis passé au contrôle douanier et cela n’a duré que l’instant d’une minute.

De l’autre côté de la salle d’attente, j’ai reconnu le visage du frère Louis Kivuya qui est venu me chercher, accompagné de monsieur Lino Lechuga, le chauffeur de notre communauté. Le parcours de l’aéroport à la communauté nous a pris une trentaine de minutes. En chemin, j’étais émerveillé par l’abondante circulation routière et l’ambiance toujours mouvementée de cette grande métropole aux mille facettes. Enfin, j’ai rejoint ma nouvelle communauté: Paroquia Emperatriz de América, située à environ dix minutes du Teatro Insurgentes, le plus grand théâtre de la ville de Mexico et de l’arrêt du Métrobus portant le même nom. 

A la sorte de la messe
Après m’avoir indiqué la chambre, le frère Louis m’a fait faire une petite visite éclair de la maison, de l’église paroissiale, de la chapelle et des différents bureaux et salles paroissiales. L’église paroissiale, bâtie en février 1947, peut être comptée au nombre des plus beaux édifices religieux du Mexique, par la justesse et l’élégance de ses proportions. L’intérieur  est d’un aspect aussi noble, éclairé par des vitraux aux couleurs magnifiques. La sonorisation est excellente. Les fleurs, en abondance à Mexico, y sont toujours bien mises. 

Il y a aussi la belle chapelle du sous-sol de la bâtisse. Celle-là, je l'aime bien. Elle est spacieuse, large, tout entourée de part en part, de caveaux familiales. On y célèbre la messe chaque jour de la semaine à 19h30 et les dimanches à 12h00. C'est un endroit qui m'émerveille beaucoup. Chaque fois que j'y entre, je sens la paix et la sérénité m'envahir!


La communauté autour de la table
Au dîner, nous avons accueilli le frère Hervé Maboko, de la communauté de Casa Manuel (postulat) qui est venu me chercher pour aller visiter sa communauté. Là nous avons partagé un repas copieux animé d’échanges et des rires en compagnie de quelques jeunes qui discernent leur vocation. Par la suite, le père Joseph Mahamba, supérieur de la communauté, m’a fait visiter les différentes pièces de la maison…

Vendredi 9 octobre, dans la matinée, rendez-vous au bureau de l’immigration avec le frère Louis. Les démarches n’ayant pas abouti, c’est le lundi 12 octobre qu’on y retournera. Le samedi 10 octobre, veille au soir de la fête patronale de la paroisse Imperatriz de América, nous avons partagé un repas de fête avec près de trois-cents paroissiens et avons assisté à un concert magnifique donné à cette occasion par une chorale de la paroisse. 

De g. à d. Diacre JesusTlecuile, P.P. Sébastien, Miguel et Flavio
Le dimanche 11 octobre à 8h00, j’ai concélébré à la première messe que présidait le père Miguel. Avant la messe proprement dite, nous avons participé à un concert magnifique, donné par un groupe de musiciens de la paroisse, en l’honneur de la Vierge Marie de Guadeloupe, Impératrice de l’Amérique. Puis, au début de l’eucharistie, le père Miguel m’a présenté aux paroissiens qui m’ont souhaité la bienvenue sous une grande acclamation. C’était pour moi une joie profonde d'être accueilli dans cette communauté paroissiale, de vivre une eucharistie bondée de monde, bien animée et chaleureuse. 

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Vers 13h00, nous avons accueilli Mgr Jorge Estrada Solorzano, évêque auxiliaire de Mexico, qui est venu  rehausser de sa présence les festivités de la fête patronale de notre paroisse. Jovial, sympathique, il m’a dit la bienvenue dans l’archidiocèse de Mexico et m’a encouragé dans l’apprentissage de l’espagnol, la langue la plus parlée au pays. Après la messe, nous avons partagé un repas avec monseigneur l’évêque, avant d’aller participer à la Kermesse organisée par la paroisse à l’occasion de sa fête patronale. La joie était au rendez-vous et l’on se sentait heureux dans cette ambiance conviviale et festive faite de musique, de danse et de partage de repas. C’est le lundi 12 octobre que j’ai obtenu ma carte de résidence temporaire.

Religieux de la délégation de Mexique
Le 14 0ctobre, nous avions une rencontre extraordinaire à la paroisse de San Andrés où tous les religieux et aspirants assomptionnistes de la délégation de Mexique se sont donné rendez-vous. Dès notre arrivée sur le lieu, nous avons visité l’église paroissiale, guidé par le père Fataki Mwirawivu, curé de ladite paroisse. Puis nous nous sommes rendus dans la communauté pour le partage du repas. Le repas fini, nous avons participé à une séance d’échange d’informations, donnée par le père Miguel. Il a saisi l’occasion pour me dire la bienvenue dans le territoire de Mexico et a encouragé tous les religieux à travailler de concert pour l’avènement du Règne de Dieu dans ce territoire. 

Basilique Notre Dame de Guadalupe

Du point de vue de la foi, le Mexique est sans nul doute un pays de grande tradition chrétienne. La pratique religieuse est vivante. En dépit des professions de foi d'irréligion réaffirmées par ses différents dirigeants et de la stricte séparation entre l'Église et l'État, le Mexique demeure un pays profondément catholique. Près de quatre-vingts cinq pour cent de sa population se réclame catholique, alors qu’à peu près dix pour cent est protestante. Cela fait du Mexique le deuxième pays au monde par le nombre de ses fidèles, après le Brésil. Mais le nombre de fidèles tend à décroître suite à l’apparition des sectes. La vie paroissiale dans l’ensemble reste très mouvementée et les célébrations animées et achalandées.

     La nourriture! Eh oui, comme j’aime bien « les collations », je vais en parler un peu. En fait, le Mexique est très réputé pour sa riche et variée gastronomie. Les Mexicains aiment bien manger. On peut manger à la maison, au restaurant ou dans ce qu’on appelle à Kinshasa les « Malewa », des restaurants qui jalonnent les artères de la ville et les quartiers animés. Et là, il ne faut pas s’attendre à du léger. La nourriture est consistante. Presque tout est frit, mais c’est toujours délicieux et piquant : on raffole les tacos, las quésadillas, le nopal (cactus), las enchiladas, las gorditas, los chilaquiles, le mole, les sauterelles grillées, etc… Et les fruits, alors là, n’en parlons pas. On les a en masse. Ils sont naturellement basiques et délicieux (avocat, mangue, melon d’eau, papaye, ananas, et autres difficiles à décrire. Les gens sont naturellement gentils, accueillants, sympathiques. On se crée facilement les relations…
Au stade Azul
  
Le sport est très développé au Mexique. Le football (soccer) est le plus populaire et sa pratique est plus répandue. Le championnat du Mexique de football, la Liga MX, se trouve être le tournoi de football professionnel mexicain le plus important du pays. Amateur de football, j’avais hâte de participer à une rencontre sportive à Mexico. 

          C’est ainsi que le 17 octobre, le frère Domingo et moi-même sommes allés assister à un match de football au stade Azul, situé à une vingtaine de minutes à pieds de la communauté, où s’affrontaient deux grandes équipes de la ville de Mexico, Cruz Azul et Dorados…  
La rencontre s’est soldée sur une note d’égalité, un but partout. Depuis ce jour-la, je suis devenu fan de Cruz Azul. Mais avec le temps, j’ai changé de camp. Je suis désormais fanatique de « Las  Aguilas de América » que j’ai connus au Canada lors de la finale de la Ligue des Champions contre l’Impact de Montréal.

     Fêtes et traditions. Les Mexicains sont aussi bien religieux que des hommes de la vie. C’est un peuple qui aime prier, fêter, célébrer. En effet, depuis la période pré-coloniale, les fêtes (religieuses) constituaient déjà une partie fondamentale de la vie des Mexicains. A son arrivée, le catholicisme y a donc rencontré une terre fertile qui a donné naissance à un syncrétisme intéressant, parfois difficile à comprendre. Mais ce qui constitue en quelque sorte le symbole même de l'identité nationale mexicaine, c'est la Vierge de Guadalupe. 

S'il vous arrive de gagner  Mexico le 12 décembre ou autour de cette date, vous assisterez à une effervescence incroyable dans la ville et dans tout le pays. En effet, à Mexico d'immenses foules de Mexicains et pèlerins venant de tous les coins du monde se dirigent vers la basilique Notre Dame de Guadeloupe, pour célébrer et chanter des cantiques mariales à la "Vierge noire", portant dans leurs mains peintures, sculptures, images pour les lui présenter en offrandes afin d'obtenir des faveurs. A travers la ville, dans presque tous les coins des rues, l'heure est à la célébration autour de la "Guadalupana" auréolée, qui a été proclamée Patronne du Mexique en 1737, Reine du Mexique en 1895, puis Impératrice des Amériques en 1910 par le Pape Pie X.

Dans la foulée de fêtes il y a aussi le 2 novembre, jour où se célèbre « el dia de los muertos » (le jour des morts). Ce jour consacré à la fête des morts, les familles se rendent aux tombes de leurs ancêtres pour une visite significative. C’est aussi l’occasion de nettoyer les tombes, de les décorer et d’y mettre des fleurs, spécialement le zempaxuchitl (une variété de fleurs de couleur orange) ainsi que des bougies. Par ailleurs, des offrandes sont aussi faites dans les églises et maisons, placées sur des autels aménagés à cet effet. On y trouve  des fleurs porte-bonheur, des cierges allumés, des photos du défunt de son vivant, des têtes de morts en sucre ou en chocolat, des fruits, le pain des morts, des bonbons, de la nourriture préféré du défunt, etc. 

A la tombe du frère Magloire
         Pour se mettre au parfum de la tradition, nous avons participé à une eucharistie présidée par le père Roberto Reyes Delgadillo, économe de la délégation de Mexique, à la paroisse assomptionniste de San Andrés. Ensuite, nous sommes allés nous incliner à la tombe de notre frère Magloire Paluku, jeune missionnaire assomptionniste décédé au Mexique voici presque dix ans… Bref, cette journée qui débute avec la prière pour les défunts se termine en buvant à la santé de ceux-ci. C’est dire que le mexicain n’a pas peur de la mort. Il l’apprivoise et s’y familiarise. Une manière originale d’aborder la vie et de confirmer avec assurance, qu’au demeurant, la mort n’a pas le dernier mot. 



Le transport. La ville de Mexico, monstrueusement immense, dispose d’un immense aéroport international dénommé Benito Juarez, situé à 6 km du centre-ville et qui accueille plus de 25 millions de passagers par an. C’est en fait le point de départ des voyageurs en visite à Mexico. Il est relié au centre-ville grâce à sept autoroutes et est desservi par 35 lignes de bus conduisant vers le centre ou par des taxis officiels de l’aéroport.


En somme, Mexico dispose d’un réseau de transports publics très variés : métro, tramway, bus de ville. Pour se promener dans la ville, le métro est très pratique, il est également le plus rapide. Pour les courtes, il convient de prendre le tramway ou le bus. Dans tous les cas, il est conseillé d’éviter les heures de pointe le matin jusqu’à 9h et le soir.   

Le métro de la ville Mexico est l’un des plus vastes du monde. Inauguré en 1969, il compte au total onze lignes et 175 stations. C’est le moyen le plus rapide et le plus sûr pour se déplacer dans la ville. Par ailleurs, la ville compte une ribambelle de taxis, mais attention aux "taxis pirates". La circulation routière est abondante. Ainsi, si vous circulez dans Mexico en voiture, attendez-vous à de nombreux embouteillages…

        Enfin, voilà un peu les quelques premières impressions de Mexico. Mais la réalité de la vie mexicaine est encore plus grande que tout ce qu'on peut en dire. C’est donc depuis le 22 octobre 2015 que j’ai commencé mon cours d’espagnol al Centro de Ensenanza para Extranjeros del Universidad  Nacional Autonoma de México (UNAM). Inscrit initialement en Basico I, je suis passé en Basico II après un test d’évaluation écrite. Les cours ont pris fin le vendredi 4 décembre sur une note positive. La reprise aura lieu en début janvier. 
      
A l'entrée du CEPE

       Tout compte fait, je ne peux pas dire qu'après un mois et deux semaines des cours d’espagnol et qu’en moins de trois mois de vie à Mexico, j'ai déjà maîtrisé la langue. L’intégration se poursuit tout doucement, ainsi que l'apprentissage de la langue. C'est sûr que la langue c'est tout un monde à découvrir. Ma mission ne peut se réaliser sans l'apprentissage de celle-ci. Voilà pourquoi j'essaie de faire de mon mieux pour qu’elle envahisse mon quotidien. La vie courante, les célébrations liturgiques, les petites conversations de rue m'aident à avancer. Cela prendra le temps que ça prendra! Alors, préparez-vous, puisque dans mes prochaines publications je vais essayer d'utiliser aussi bien l'espagnol que le français.  Hasta luego!

Sébastien Bangandu, a.a.


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