Bien chers frères et sœurs,
Depuis
Adam et Eve, la tentation fait son chemin dans le quotidien des humains.
Toujours et déjà là, d’apparence toujours aussi belle, habile dans ses
manifestations, charmante et attrayante, ses manèges sont pourtant
difficilement perceptibles. S’habillant toujours du manteau de la vérité, elle
a entraîné plusieurs dans le précipice de la mort. Le fils de l’homme lui non
plus, n’échappera pas à son emprise. Mais plein de sagesse et d’intelligence
divines, il a déjoué ses plans et anéanti ses projets maléfiques.
Ayant
gagné le désert les mains nues et ventre creux, sans aucune ressource
matérielle, Jésus paraît fragile, dépouillé, vulnérable, à la merci des
puissances du mal et des assauts de l’ennemi. Pour pouvoir faire face à tout
cela, il doit compter sur l’Esprit qui lui procure la force intérieure et
s’appuyer sur la parole pour l’éclairer sur les sentiers sinueux et obscurs de
ce lieu aride et hostile. Le désert évoque déjà le dépouillement de soi par la
prière, le jeûne et l'attention aux autres. Par ailleurs, il est le lieu
privilégié de la rencontre de Dieu, dans le vaste secret d'un paysage infini où
chacun est enfin seul face au Dieu infini et invisible.
Stratège
consommé, Satan savait bien que Jésus tenait beaucoup à son identité de fils de
Dieu. Et c'est sur ce point précis qu’il va le confronter. Bien plus, quelle belle
aubaine, car Jésus est affamé ! "Ventre affamé n'a point d'oreilles", dit-on. Et on sait combien d’humains sont aujourd’hui
prêts à faire n’importe quoi, parce que taraudés par la faim et le dénuement. Mais s’appuyant
sur la même Ecriture dont Satan feint de se servir, Jésus confirme en quelque
sorte ce qu’il a toujours dit et redit : « ma nourriture c’est de
faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jn 4, 34). C’est vrai que la
parole de Dieu est la véritable nourriture qui nous fait vivre aujourd’hui et pour
l’éternité. Dès lors, il nous faut cesser de « travailler pour une
nourriture qui se perd » (cf. Jn 6, 27).
Décidément
engagé dans la réalisation de son projet maléfique, Satan ne jette pas
l’éponge. Il va encore trouver quelque chose de plus alléchant : le
pouvoir. Car le pouvoir, comme le disait Kissinger, est l’aphrodisiaque
suprême. Mais quoique humain, sensible à l’autonomie et à la liberté, le Christ
aimait pourtant affirmer que son pouvoir n’était pas de ce monde. Cela étant,
il ne vient pas combler notre besoin d’autorité.
Toujours agressif dans son entreprise, Satan veut finalement amener Jésus à provoquer quelque miracle, histoire de galvaniser les foules. Jésus lui oppose la parole : « Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu ». Ainsi, l'orgueil et le goût du sensationnel chers au vieil homme sont détruits par l'humilité et la candeur du nouvel Adam, Jésus, fils de Dieu. Triple tentation, triple victoire de Jésus, par laquelle l'humain retrouve finalement sa liberté originelle…
Toujours agressif dans son entreprise, Satan veut finalement amener Jésus à provoquer quelque miracle, histoire de galvaniser les foules. Jésus lui oppose la parole : « Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu ». Ainsi, l'orgueil et le goût du sensationnel chers au vieil homme sont détruits par l'humilité et la candeur du nouvel Adam, Jésus, fils de Dieu. Triple tentation, triple victoire de Jésus, par laquelle l'humain retrouve finalement sa liberté originelle…
Au
final, ce que l'évangile nous dit de Jésus corrobore très exactement la
situation du chrétien par rapport au carême : quarante jours d'exercice
spirituel, d’accueil de l’Esprit et des signes du temps, en vue de progresser
dans la connaissance de Jésus-Christ et nous ouvrir à sa lumière par une vie de
plus en plus fidèle. Chaque année, la liturgie du premier dimanche de carême
nous conduit « au désert » où Jésus nous attend pour ce combat toujours
recommencé, plus dur que les batailles d'humains de tous les temps, contre les
forces de mort qui nous menacent. Puissions-nous accueillir ce temps de grâce dans
la simplicité d’un cœur d’enfant, prompt à obéir aux motions de l’Esprit !
Bon carême à tous et à toutes !
Sébastien Bangandu, aa
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