Cet exposé se propose de démontrer que Jésus-Christ,
à travers ses différentes attitudes à l’égard des femmes de son temps, a voulu
révolutionner notre regard sur la femme en l’associant à l’économie du salut.
En effet, Jésus n’a pas commencé sa révolution de façon ouverte contre le
système qui reléguait les femmes au rang de subordonnées.
Néanmoins, sa relation à la femme était une
déclaration on ne peut plus éloquente de l’émergence de la condition
féminine : « En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé
l’Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce
qu’elle a fait » (Mc 14, 9). Il
faut également bien se souvenir des paroles empruntes de sens de
Marie dans son magnificat: « Désormais tous les âges me diront
bienheureuse » (Lc 1, 48).
Ces déclarations suggèrent une certaine pérennisation, un rappel au souvenir de ce qu’est la femme de tout temps. Mais si la femme ne doit pas être oubliée, c’est surtout du fait de sa total implication dans l’ensemble du processus d’enfantement de l’humanité. Et si elle est déjà très active dans la vie du monde, elle l’est encore davantage dans l’église où joue un rôle indispensable dans la diffusion de la bonne nouvelle du salut. Notre exposé comprendra quatre points. Dans cette réflexion, nous traiteront de la femme dans la genèse du temps, de sa considération dans la société juive, du regard de Jésus-Christ sur la femme, de son jusqu’au-boutisme et de sa mission évangélique. Enfin, une petite conclusion s’en suivra.
Ces déclarations suggèrent une certaine pérennisation, un rappel au souvenir de ce qu’est la femme de tout temps. Mais si la femme ne doit pas être oubliée, c’est surtout du fait de sa total implication dans l’ensemble du processus d’enfantement de l’humanité. Et si elle est déjà très active dans la vie du monde, elle l’est encore davantage dans l’église où joue un rôle indispensable dans la diffusion de la bonne nouvelle du salut. Notre exposé comprendra quatre points. Dans cette réflexion, nous traiteront de la femme dans la genèse du temps, de sa considération dans la société juive, du regard de Jésus-Christ sur la femme, de son jusqu’au-boutisme et de sa mission évangélique. Enfin, une petite conclusion s’en suivra.
1. La femme dans la genèse du temps
Dès les premiers instants de sa création au jardin
d’Eden, la femme suscite admiration et estime de la part de l’homme. Elle est
tout de suite considérée comme une créature merveilleuse. On sait comment Adam
fut émerveillé à la vue d’Eve, « la mère des vivants » (Gn 3, 20), que
Dieu venait de créer : « Voici cette fois l’os de mes os, la chair de
ma chair » (Gn 2, 23).
Le livre des Proverbes parle d’elle en de termes très
esquisses, la comparant à une perle rare. Elle devient ainsi la source de
bonheur et l’homme qui la trouve est comme en possession d’un trésor (cf. Pr
31, 10-13). Cette vision apparemment masculine de la femme, reflet de l’époque
et la culture de ce temps, n’enlève rien à la vie et à la joie que la femme se
doit de porter partout où il en manque. Ainsi, dans mission, Jésus a voulu
perpétuer cette image originelle de la femme, ternie par le temps et les
traditions humaines.
2. La femme
dans la société juive
Une lecture attentive des nous fait comprendre que
visiblement, qu’à l’époque de Jésus, le statut de la femme était relégué au
second plan. Même si de temps en temps, il pouvait se manifester des cas
individuels de leadership et de bravoure chez certaines femmes, le constat
général était que la femme était sous la domination de l’homme qui pouvait en
disposer à sa guise.
En effet, le statut de la femme dans la société juive n’était donc pas
du tout enviable du fait que les lois juives étaient très sévères envers la
femme. Chez les Hébreux, la femme est était considérée comme la source du péché
et donc un point d’achoppement sûr pour l’homme (Gn 3,1 ; 3, 21)). Par
ailleurs, le père avait un pouvoir absolu sur toute sa famille, spécialement
sur ses filles qu’il pouvait marier, confier volontiers à un homme de son choix
ou même vendre s’il le désirait (Ex 21, 7-11).
Et quand la femme juive devait se marier, la tutelle était carrément transférée
à son mari. Elle devenait, ce de fait, une partie de son patrimoine au même
titre que d’autres bien en sa possession (Ex 20, 17). Bien plus, lorsque la
femme venait à perdre son mari, elle
passait automatiquement entre les mains de son frère germain, et ce, avec ou
sans son consentement. C’est seulement au cas où ce dernier la désavouait qu’il
pouvait en être autrement (Dt 25, 5). Aussi, la loi juive privait-elle la fille de l’héritage de son père
si ce dernier avait des garçons comme on le voit dans (Nb27, 8 : « Lorsqu'un
homme mourra sans laisser de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille ».
Même dans le Nouveau Testament, les statistiques que les évangiles donnent autour de la participation des foules aux enseignements du Christ ou des multiplications des pains, les expressions : « sans compter les femmes et les enfants » sont évocatrices d’une condition féminine amoindrie et dominée par le mâle. En tout cas, les deux testaments de la Bible sont intarissables en ce qui concerne les discriminations contre la femme.
Même dans le Nouveau Testament, les statistiques que les évangiles donnent autour de la participation des foules aux enseignements du Christ ou des multiplications des pains, les expressions : « sans compter les femmes et les enfants » sont évocatrices d’une condition féminine amoindrie et dominée par le mâle. En tout cas, les deux testaments de la Bible sont intarissables en ce qui concerne les discriminations contre la femme.
3. Regard de Jésus sur la femme
Comprendre le regard de Jésus sur la femme est
particulièrement important par rapport au traitement dont les femmes étaient
l’objet à son époque. En effet, dans aucune de ses actions, dans aucun de ses
sermons ou paraboles trouvons-nous quoi que ce soit de dénigrant à l’égard des
femmes. tel que l’on peut facilement en
trouver chez n’importe lequel de ses contemporains.
Par ailleurs, dans les récits évangéliques, on ne
voit nulle part où Jésus-Christ agit avec discrimination à l’égard des femmes
qu’il rencontre. Dans sa pastorale, rien ne semble soutenir la vision culturelle
et religieuse de son temps voulant que la femme soit regardée comme inférieure
par rapport à l’homme. Au contraire, l’attitude et le message de Jésus allaient
dans le sens de la réhabilitation progressive de celle-ci, laquelle
entraînerait la rupture totale d’avec la vision dominante du monde de son
temps.
Pour preuve, Jésus a accueilli les femmes dans son
cercle intime de disciples (Luc 8.1-3) ; il a loué, à maintes reprises, la
foi de certaines femmes rencontrées dans son apostolat (Mt 15, 21-28 ; Mc
5, 25-34). Jésus s’est également laissé accueillir par les femmes et s’est bien
souvent montré amical à leur égard (Luc 10.38-42).
Aussi, c’est à une femme, la Samaritaine, qu’il a
révélé sa condition de Messie, ainsi que qu’un bon nombre des réalités qui
débordaient son cœur de fils de Dieu. L’expérience de la Samaritaine sera à
l’origine de l’expérience personnelle du Christ qu’amorceront les gens de son
voisinage qui, après avoir reçu son message, se sont donné d’aller voir et
écouter Jésus-Christ en personne.
A travers son entretien légendaire avec cette femme
aux multiples maris, prêche la disponibilité universelle du pardon à ceux et
celles qui se repentent, l’égalité de tous les êtres humains, qu’ils soient
Juifs ou Samaritains. Ainsi, dans une seule conversation, Jésus élucida les
préjugés du sexe de la race, de la culture, des traditions (Jn 4.4-42).
Jésus a aussi reconnut la femme comme fille
d’Abraham, et donc héritière des promesses faites à la postérité de ce homme
dont la foi audacieuse a fait de lui le père de tous ceux et celles qui croient
(Luc 13.10-17). Et en défendant la femme adultère dont on violait au grand jour
le droit de comparaître en même temps que son amant, Jésus a démontré que
l’homme et la femme sont également pécheurs et ont tous besoin d’implorer le
pardon de leurs fautes.
Ces quelques attitudes que Jésus affiche vis-à-vis des femmes qu'il rencontre sur son chemin de vie apostolique contredisent justement les traditions rabbiniques de son temps et
tentent de démontrer aux yeux du monde que la femme, comme tout être crée à
l’image de Dieu, reste une perle sans prix.
4. Les femmes jusqu’au-boutistes
A première vue, il parait bien curieux que les femmes
soient là, au pied de la croix de Jésus, avec Jean, bien sûr, le seul disciple
qui a osé suivre Jésus jusqu’au bout, à en croire lui-même. Quel
« jusqu’au-boutisme » ? Cela me rappelle un adage populaire qui
dit que c’est dans le malheur qu’on découvre les vrais amis.
Mais notons qu’avant de se retrouver au pied de la croix, ces femmes ont
dû faire un long cheminement. Cette retrouvaille au pied de la croix est
l’aboutissement d’une longue marche, jalonnée des hauts et des bas. Il faut
bien se rappeler les circonstances terribles et terrifiantes de l’arrestation
de Jésus-Christ pour mieux cerner la foi de ces ami(e)s de Jésus. Il faut aussi
noter que dès son arrestation, beaucoup d’attitudes émotionnelles font surface.
Et quand ça barde, Pierre est encore audacieux. Il veut défendre son maître en
coupant l’oreille du serviteur du grand-prêtre (Mt 26, 56).
Cependant, Jésus lui fait vite comprendre qu’il n’ira pas loin avec ce
genre de réactions. Et c’est vrai car, quelques instants plus tard, il s’enfouira
avec d’autres disciples, laissant Jésus seul. Et plus grave encore, il le
reniera (Mt 26, 69). Notons aussi que parmi les suiveurs de Jésus, il se
trouvera aussi un autre qui s’enfuira sans avoir eu le temps de se couvrir,
laissant que son vêtement entre les mains de ceux qui voulaient s’emparer de
lui (Mc 14, 50-51). Mais les femmes, elles, sont là.
Différemment de Jésus, mais avec non moins de force, les femmes qui sont
au pied de la Croix
ont accepté de risquer leur vie. Car dans de telles circonstances, il fallait
vraiment faire preuve de courage pour s’afficher comme ami, disciple, membre de
famille ou simple connaissance de Jésus-Christ. Parmi ces femmes, remarquons la
présence de Marie de Magdala et du disciple que Jésus aimait, celui-là même
qui, familièrement, avait penché sa tête sur la poitrine de Jésus au cours du
dernier repas (Jn 13,25 ; 21,20) et manifesté ainsi sa profonde amitié. En
fait, Jean et Marie de Magdala au pied de la croix de Jésus représentent la
dimension de l’amour fraternel à côté des femmes qui sont témoins, pour leur
part, de l’amour maternel. Ils sont tous là pour témoigner de leur amour à
Jésus crucifié.
Par ailleurs, la présence de ces femmes au pied de la croix de Jésus est
évocatrice. Elle veut nous montrer qu’être femme, cela a quelque chose à avoir
avec l’attachement à la vie, la présence et la compassion, la sympathie,
surtout à des moments difficiles où cette vie se trouve menacée. Tout cela est
fonction de ce que Benoît XVI, alors cardinal Joseph Ratzinger, a appelé
« la capacité de l’autre »[1],
c’est-à-dire un ensemble de valeurs fondamentales qui sont attachées à la vie
concrète de la femme. Pour lui, en effet, « la femme garde l'intuition
profonde que le meilleur de sa vie est fait d'activités ordonnées à l'éveil de
l'autre, à sa croissance, à sa protection » (n. 13).
Son prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, considère quant à lui que c’est
le « génie féminin »[2],
hautement présent dans la vie de Marie et qui se trouve à la base de l’activité
de la femme ainsi que de son implication originale dans l’évolution de toute
société humaine. Cette intuition est liée à sa capacité de donner la vie. Vécue
ou en puissance, une telle capacité est une réalité qui structure la
personnalité féminine en profondeur. Elle permet à la femme d'acquérir très tôt
la maturité, le sens de la valeur de la vie et des responsabilités qu'elle
comporte.
Bien plus, cela développe en elle le sens et le respect des choses
concrètes, qui s'opposent aux abstractions souvent mortifères pour l'existence
des individus et de la société. C'est elle enfin qui, même dans les situations
les plus désespérées, confère une capacité unique de faire face à l'adversité,
de rendre la vie encore possible même dans des situations extrêmes, de
conserver avec obstination un sens de l'avenir et enfin de rappeler, à travers
les larmes, le prix de toute vie humaine.
Cela met aussi en lumière « le rôle irremplaçable de la femme à tous les
niveaux de la vie familiale et sociale qui impliquent les relations humaines et
le souci de l'autre ». Ceci justifie sans doute sa présence active et sa fermeté
dans la vie de sa famille, cette société
primordiale et souveraine où se modèle de façon visiblement forte, le
visage d'un peuple. C'est aussi là que ses membres reçoivent les acquis
fondamentaux qui les habilitent à témoigner dans leur vie, des valeurs qui
anoblissent l’humanité tout entière.
Et c'est surtout cela qui donne à ces femmes des évangiles la force et
la volonté d’être là. Car, «une mère abandonnerait-elle son enfant? » (Ps
27, 10). Malgré les signes flagrants d’irresponsabilité (maternelle ?)
qu’on lui fait parfois porter, il reste que la femme, plus spontanément qu'un
homme en tout cas, en sa qualité de mère et de porteur de la vie, vit avec ses
entrailles, c’est-à-dire là-même où elle a porté sa progéniture. Et cela veut
tout simplement nous dire cette vérité, que nous soyons femme ou non, qu’on
n'entre pas dans le mystère de la
Croix, qu’ « on ne vient pas au pied de la Croix avec sa tête, mais
avec son cœur, avec ses entrailles, avec son corps de chair ».
5. Femmes, missionnaires de l’Evangile
Dans son activité apostolique, Jésus a osé
réhabiliter les femmes en faisant d’elles les premiers témoins de sa
résurrection. Ceci pour juguler les sévérités de la tradition rabbinique qui considérait
les femmes comme menteuses par nature, ce concept trouvant son origine dans la
réaction de Sara après avoir appris qu’elle aurait un enfant (Gn 18.9-15). En
effet, cette tradition prétendait que le déni de Sara concernant son rire était
un mensonge, parce que Dieu dit toujours la vérité. À cause d’elle, toutes les
femmes de sa descendance étaient considérées comme des menteuses. A cause de
cela, aucune femme n’avait le droit de témoigner.
Jésus rejeta cette tradition perverse et choisit des
femmes comme premiers témoins de sa résurrection (Mt 28.8-10). A ce titre,
elles devenaient automatiquement les premières à recevoir le plus important
message du christianisme, mais encore à être les premières à le proclamer. Voilà
pourquoi Jésus a reproché aux disciples de ne pas avoir cru au témoignage de
ces femmes (Mc 16.14), leur enjoignant ainsi de rejeter les préjugés du passé
et de marcher à la lumière de son royaume, dans lequel il n’y a ni homme, ni
femme (Mt 22, 30).
Conclusion
Enfin, ce rassemblement de tous ceux que Jésus aime
autour de lui, près de la Croix
victorieuse, avec au centre sa mère, est considéré par beaucoup comme une
préfiguration du rassemblement final de tous les saints au ciel, sur quoi doit
s'achever la vie du monde. Jésus n’a-t-il pas dit : « là où je suis,
là aussi sera mon serviteur ? » (Jn 12, 26). Marcher avec Jésus,
demeurer au pied de sa croix, c’est l’unique cadeau que ses amoureux peuvent
lui offrir en ces derniers temps de sa vie.
Aimer Jésus, c’est
avoir ce courage de rester auprès de lui-même tous les autres l’abandonnent, c’est
lui consacrer un peu de notre temps, c’est choisir la meilleure part (Lc 10,
41-42). Le disciple n’est pas au-dessus de son Maître. Celui ou celle qui
l’annonce et le transmet n’est pas la source mais
seulement le canal. Dès lors, si le canal n’est pas attaché à la source, il
n’aura rien à transmettre.
Pour être apôtre, il
nous est recommandé de ne rien avoir qui s’use avec le temps ou qui se démode.
Notre seul bien, c’est Jésus-Christ. C’est ce qu’ont compris ces femmes. Par
leur simple présence au pied de la croix de Jésus, elles manifestent que leur
seule richesse n’est pas matérielle, mais éternelle. Nous aussi, devenons les
amis de Jésus. Ne soyons plus pour lui des inconnus, ni des serviteurs, mais
des intimes, à qui il veut révéler ses confidences. N’oublions celle que nous
croisons sur notre chemin vers Jésus, Marie, qu’elle nous donne pour Mère.
Sébastien Bangandu
1 commentaire:
Le vendredi saint est bien indiqué pour faire l'éloge de la femme. En effet, elle a depuis longtemps
porté le poids du monde. Et,c'est la femme qui fait l'homme.
Cette citation de l'auteur m'a particulièrement touchée :
« on ne vient pas au pied de la Croix avec sa tête, mais avec son cœur, avec ses entrailles, avec son corps de chair ».
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