Bien
chers frères et sœurs
Le témoignage est une réalité assez courante dans la
société contemporaine. En fait, témoigner, aujourd’hui, signifie parler de soi,
dévoiler sa vie, étaler ses expériences… Et les débats de société sont
intarissables à ce sujet. Des groupes de prière jusqu’aux rencontres des communautés
(chrétiennes), en passant par les mouvements charismatiques, le témoin est surtout
celui qui expose son itinéraire spirituel et invite à la conversion…
Le témoignage du Baptiste,
quant à lui, se démarque nettement de la conception courante de cette réalité
dans la mesure où il parle d’un Autre, cet Autre qu’il considère comme étant le
plus grand. C’est, en fait, la substance
du message de ce troisième dimanche : éprouver notre joie à parler,
non pas de nous, mais de cet Autre. Le Baptiste prêche qu’ « il n’est
pas la lumière, mais qu’il est là pour lui rendre témoignage ». Sa
véritable mission, Jean la reconnaît dans le texte d'Isaïe : "Je suis la
voix qui crie, dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur " (Is
40,3). Une voix ! Non pas un visage séduisant, qui fascine et qui retient. Mais
une voix, ou mieux, une étoile qui oriente vers l’Autre.
L'humilité du Baptiste veut
surtout mettre en lumière aussi bien la grandeur que la dignité de la personne
du Christ. De fait, inlassablement, le Baptiste renvoie au plus grand, au plus
puissant qui vient derrière lui. Ce qui donne encore plus de beauté à ce
témoignage du Baptiste c’est qu’il parle de Jésus comme de son grand-frère,
alors qu’il était de six mois plus âgé que Jésus.
Le témoignage du Baptiste nous révèle qu’être
chrétien c’est apprendre à devenir porte-parole
et témoin d’une parole qui nous dépasse. Cette réalité, c’est le Christ en personne,
déjà présent dans nos vies, mais que nous avons encore du mal à découvrir, car il
ne se révéler que progressivement :"Au milieu de vous se tient celui
que vous ne connaissez pas !" Aujourd’hui, la voix du Baptiste doit
désormais trouver écho non plus au désert mais en nous, dans l'intimité de
notre être qui, en principe devrait vibrer en cri de joie à l’approche de Celui
qui doit venir. Mais comment découvrir cette présence cachée au milieu de
nous ?
Le Baptiste nous suggère l'humilité, qui est une attitude fondamentale
pour s’approcher de Dieu. Celle-ci consiste à reconnaître notre petitesse
devant la grandeur du mystère du Christ. Une telle reconnaissance ne peut que
nous porter à confesser nos misères pour enfin laisser le Christ régner en nos
cœurs. Et s’il règne déjà dans nos cœurs, nous aurons le courage de devenir, à
l’instar de Jean, des témoins vivants de sa présence au monde. C’est donc un
privilège et une joie pour le chrétien que de donner au Christ sa place de Seigneur
et d’être toujours prêt à rendre compte de l'espérance qui est en lui (cf. 1 P
3,15).
Par
ailleurs, Jean-Baptiste est témoin par son engagement total dans la parole
qu’il profère, mais surtout dans la cohérence entre son dire et son vécu. Sa
vie est une vie traversée par un élan, une ouverture à l’Autre de qui désormais
il vit. C’est dire que la rencontre personnelle avec le Christ a
toujours été un événement déclencheur qui éclaire d’une lumière nouvelle la vie
de celui qui en fait l’expérience: “(…) Ce que nous avons
entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que
nos mains ont touché du Verbe de vie (...) nous vous l’annonçons, à vous aussi”
(cf. 1 Jn 1, 1-3).
Enfin,
annoncer la Parole
de Dieu et en témoigner dans le monde sont essentiel pour chaque chrétien.
Rendre témoignage n'est pas une loi imposée au chrétien, mais le fruit digne d’une
conversion véritable. C’est également un élan, un désir de quelqu’un qui
cherche à vivre en intimité profonde avec le Christ. Mais cet appel à devenir
témoins du Christ dépasse nos forces
personnelles. C’est dire que le rayonnement de toute vie chrétienne dépend
avant tout de l’action gratuite de Dieu, qui peut être aussi favorisée par la
qualité et la richesse du témoignage personnel et communautaire de ceux qui ont
déjà été séduits par le Christ. Que ce même Esprit, qui opérait dans la vie du
Baptiste nous donne de revisiter notre relation au Christ et revitalise
l'espérance qu’Il fait renaître en choisissant d’habiter au milieu de nous.
Sébastien Bangandu
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