vendredi 18 novembre 2011

Homélie de la fête du Christ Roi A : L'amour se moque du jugement!


Bien chers frères et sœurs
Il y a dans les évangiles des textes plus faciles à lire, à méditer ou à pratiquer. Par contre, il y en a de difficiles, qui nous agacent du fait qu’ils nous invitent à vivre à contre-courant, à marcher en sens inverse, à opérer des ruptures, à abandonner nos vieilles habitudes, bref, à réaliser des choses qui nous semblent parfois impossibles, irréalistes ou simplement utopiques. Cela montre à suffisance comment il est difficile de suivre le Christ, d’incarner notre foi dans les actes, de pratiquer la charité.

En effet, l’amour est une réalité essentielle de la vie de l’humain. Mais chacun sait combien ce concept est ambivalent dans sa réalité existentielle. Et si ce texte magnifique sur la fin des temps nous est proposé en ce jour, c'est parce qu'il célèbre l'amour dans ce qu'il a d’éternel, de radical, d'absolu, de fondateur. Notons surtout que la plus grande des révolutions nous apportées par le Christ, c'est celle de l'amour, qu’il nous présente comme étant la synthèse de tous les commandements. Cela permet de voir à quel point il importe de s'abreuver à la Source même de l'amour, afin de se laisser habiter par Dieu. L’amour est pour ainsi dire la seule voie de sanctification, la quête ultime où tous les désirs humains devraient converger.

Or, le Christ est effectivement Roi de l’univers parce qu’il est amour et charité, il porte l’univers dans son cœur aimable. Raison pour laquelle d’ailleurs il fonde son dernier jugement sur l’amour. Car tout ce que nous faisons par amour, tous les gestes posés pour l’amour de Dieu ont du prix à ses yeux. Offrir un verre d’eau à un pauvre peut sembler banal, tout comme venir en aide à quelqu’un qui en a besoin paraît ordinaire. Et aujourd’hui, l’humanité déborde d'humanistes, des volontaires, des philanthropes qui sont prêts à venir au secours de leurs frères et sœurs en souffrance. Mais tout cela est encore limité si, justement, on n’agit pas pour  l’amour du Christ (cf. I Co 13, 3).

En fait, l’amour du Christ est une force qui nous tient, qui nous fait mourir, pour que nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour nous (II Co 5, 14). De ce point de vue, l’amour apparaît comme une force qui devrait mobiliser toutes nos énergies au service du Christ. Et toute action conçue et posé pour l’amour du Christ est naturellement service, gratuité, discrétion et libératrice, dépourvue de tout calcul et de attente. Qui donne avec sa droite tout en désirant recevoir avec sa gauche n’agit pas selon la loi de l’amour. Pour preuve, dans l’évangile de ce jour, ceux qui ont posé des actes de charité tout comme ceux et celles qui en ont bénéficiés ne s’en souviennent même plus.

Dans un monde où l’on attend toujours que politesse et reconnaissance soient rendus aux bienfaiteurs, et où l’on est toujours porté à inscrire nos noms sur nos dons, cet évangile est un puissant appel à la gratuité, à l’amour vrai. Car, dans le Christ, il n'y a pas de personnes inférieures ou supérieures. Il n'y a que les membres d'un même corps, qui veulent le bonheur les uns des autres et qui désirent construire un monde qui se veut accueillant pour tous. Par des gestes d'attention et par notre participation active à la vie sociale, nous témoignons à notre prochain que nous voulons l'aider à devenir lui-même et à donner le meilleur de lui-même, pour sa promotion personnelle et pour le bien de toute la communauté humaine. La fraternité bannit la volonté de puissance, la tentation du pouvoir.

Parmi les dons de Dieu, cherchez à obtenir ce qu'il y a de meilleur. Eh bien, je viens de vous  indiquer une voie, supérieure à toutes les autres, c’est bien celle de l’amour. Car le jugement sera sans miséricorde pour les égoïstes mais ceux et celles qui aiment d’amour se moqueront du jugement. Prions pour qu’à l’image du Christ, nous devenions aujourd’hui et pour toujours, des témoins vivant de l’amour du Christ déjà répandu en nos cœurs, par l’Esprit-Saint qui nous a été donné (Rm 5, 5).

Sébastien Bangandu

1 commentaire:

Papillon a dit…

Profonde réflexion qui incite à devenir meilleur car elle vient du coeur !