samedi 16 juillet 2011

Homélie du 16e dimanche A : La patience obtient tout!

Bien chers frères et sœurs
Le dimanche passé nous avons médité sur l’efficacité de la parole de Dieu, laquelle était symbolisée par la semence jetée en terre par le semeur.  Pour pouvoir porter des fruits, cette semence se doit d’être semée dans une bonne terre. Et nous avons tous été invités à devenir, par la grâce de Dieu, cette bonne terre qui fait éclore le germe de la parole en nous.  

Aujourd’hui, la liturgie de la parole revient sur le thème du semeur qui, ayant semé le bon grain sera surpris par la présence de l’ivraie. Voulant prévenir la catastrophe d’une maigre moisson, ses serviteurs lui proposent d’arracher l’ivraie.  Mais celui-ci leur oppose un refus catégorique tout en les invitant à patienter.

En effet, notre monde est pareil à ce champ des bons grains constamment visité par l’ennemi. Et son propriétaire, ce Dieu qui est pourtant tout puissant, tarde à réagir, au lieu de mettre en œuvre sa puissance pour terrasser l’ennemi d’un trait.  Etonnante sagesse de Dieu qui nous laisse parfois perplexes.  Dieu nous apprend à patienter. « La patience obtient tout », disait Sainte Thérèse d’Avila. Et si Dieu patiente, c’est parce qu’Il ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Éz 33, 11).

Dans une culture où la toute-puissance digitale fait désormais la loi, l’impatience est devenue une vertu : tout doit s’obtenir sur le coup, sans plus tarder ! C’est l’ère du ‘hic et nunc’. Dans un monde pareil, parler de la patience, c’est une véritable perte de temps et le temps, c’est de l’argent ! Aussi, une culture de la patience se ressent désormais comme une anti-culture, qui va à contre-courant de tout ce qui est déjà établi et valorisé à juste titre.  Dieu nous appelle à renouer avec la vertu de la patience.

En plus d’être patient, Dieu jette également un regard optimiste et confiant sur l’humain.  En effet, l’optimisme est une qualité personnelle de Dieu qui lui permet de croire en l’humain et de compter sur lui.  Il a confiance en l’œuvre de ses mains.  Il sait que la graine de moutarde tôt ou tard deviendra ce grand arbre qui abritera les oiseaux du ciel. Il a également foi en la minime quantité de levain de sa parole qui finira par lever la pâte d’un monde qui désespère.  Alors que nous jetons constamment un regard pessimiste sur le monde, Dieu, Lui, croit en son avenir. Alors que nous sommes parfois portés à voir le mal partout, Dieu, Lui, persiste à considérer le monde comme le reflet de sa beauté divine. Dieu a un regard de Père sur ce monde qui est son œuvre et dont il veut la réussite. Voilà pourquoi il tolère notre lenteur à lui rester fidèles. 

La tolérance, c’est le respect de la liberté de l’autre.  Ce Dieu qui nous a crées nous respecte même quand nous n’y faisons pas attention.  Tolérer, c'est également accepter que personne n'est parfait, y compris nous-mêmes.  Et c’est là que Dieu nous étonne, Lui qui est parfait, Il accepte notre faiblesse pour nous donner la chance de nous ressaisir.  C’est ainsi qu’Il demande de laisser tout grandir…

C'est ainsi que d’éternité en éternité, Dieu a aimé le monde (Jn 3,16), sachant d'ailleurs que tant d'efforts seraient presque inutiles.  Mais c'est un Dieu fondu en charité. Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? Il nous sollicite, il nous cajole, il s'immole, tout en voyant que nous ne nous rendons pas à son cœur. Nier sa bonté, sa miséricorde, abuser de sa  patience, de sa tolérance, c’est le propre de l’humain.  Puissions-nous en ce jour revenir de notre folie pour nous laisser emporter par son amour qui nous fait signe. 

 Sébastien Bangandu

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