jeudi 17 octobre 2013

Homélie du 29e dimanche ordinaire C : Eloge de la faiblesse?


Bien chers frères et sœurs,

« Le fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Telle est la question par laquelle Jésus conclue cette parabole. Elle indique bien l’écart qui existe entre la foi et la persévérance dans la recherche de Dieu, et plus spécialement à travers la prière.

Mais à quoi bon persévérer si on a devant soi un cynique, insensible à nos appels ? C’est la difficulté à laquelle se bute cette veuve, malgré son insistance à demander justice. Ce juge cynique, dont Jésus nous trace un portrait sans concession, se félicite de ne craindre personne, ni même Dieu. Face à un tel homme, il est d’office vain d’espérer à un mouvement de bonté ou compassion. On est d’avance perdant.

Face à ce défi, comment réussir la traversée ? Apparemment, aucun espoir n’est permis. Cependant, si Jésus met en scène cette veuve, c’est surtout à cause de son indigence, voire son impuissance à faire face à cet homme coriace et imperturbable. Ce faisant, il fait valoir la force de la faiblesse,  une attitude qui, au bout du compte, fini par trouver gain de cause.

A la suite du Christ, l’apôtre Paul a fait la même expérience et a fini par affirmer : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort» (2 Cor 12, 10). Loin de faire l’éloge de la faiblesse, Paul nous fait comprendre que c’est au travers de nos épreuves, de nos faiblesses, de notre indigence que la prière fait son chemin en nous jusqu’à atteindre l’objet de sa recherche.

Devant la faiblesse de cette veuve, le juge cynique est déjà conquis, puisqu’il ne peut continuer de s’attaquer à une personne sans défense. C’est ainsi que Jésus répond à la soif de prière de ses disciples. Il leur enseigne une prière désarmée, faible, mais pourtant emprunte de foi, une foi capable de reconnaître la grandeur de Dieu, qui choisit ce qui est faible dans le monde, pour confondre ce qui est fort (cf. 1 cor 1, 27-28).

Décidément, le Dieu de Jésus Christ affole nos idées reçues quand il se dévoile dans la faiblesse et le déshonneur, et ce, pas à moitié ou seulement en apparence, mais radicalement et réellement. Un  Dieu si puissant qu’il «peut» se laisser crucifier; la puissance d’un amour et non, là encore de manière humaine, trop humaine, un amour de la puissance.

Enfin, voilà le renversement inouï qui, aujourd’hui, peut nous donner à penser et à vivre. Vivre notre foi aujourd’hui, c’est apprendre à intégrer nos vulnérabilités, nos faiblesses, sans vouloir les idolâtrer ni les nier, mais en cherchant à nous configurer à la personne du Christ faible, pauvre et impuissant,  dont le christianisme, aujourd’hui et demain, aura toutes les peines du monde à témoigner.

Sébastien Bangandu, aa

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