Bien
chers frères et sœurs,
De
nos jours, il n’est plus évident de vivre toute sa vie avec la même femme, le
même homme, la même voiture, la même compagnie,… Qu’on le veuille ou non, le
spectre de tant de divorces et changements de fréquences couvre de son ombre
l’espoir de rester fidèle. Cela ne fait que confirmer ce qu’affirment bon
nombre de personnes quand elles font valoir que la fidélité n’est pas de
ce monde. Mais malgré tout, on peut encore sentir chez certains une ouverture à
la fidélité, traduite par cette marque de sincérité, d’honnêteté qui
caractérise une bonne part de la mentalité d’aujourd’hui.
Mais
il reste toujours que la fidélité est une aventure à haut risque, de longue
durée. Car la vie use. De ce point de vue, la fidélité c’est l’affaire de toute
vie, selon la destinée de chacun, de chacune de nous. Dans la logique de Jésus,
pour sauver la fidélité, il faut d’abord aimer : « Si quelqu’un
m’aime, il restera fidèle à ma parole… » On le voit, il suffit
d’aimer ! Car sans l’amour, la fidélité n’est que régularité (Pierre
Talec). Et quand le cœur s’ouvre à l’amour, il rayonne. Mais le rayonnement
vient d’ailleurs, du meilleur de soi-même, du tréfonds mystérieux de la
personne humaine, la où Dieu établit sa demeure, puisque nous sommes temples de
son Esprit.
Ainsi,
habités par Dieu le Père, le Fils et l’Esprit Saint, nous pouvons alors essayer
d’avancer. Désormais, l’incertitude de l’avenir ne nous fait plus sombrer dans
la peur des risques qui peuvent menacer la fidélité. La sérénité qui nous
habite conforte dès lors notre élan de fidélité, dans la mesure où nous faisons
confiance à Dieu, mais aussi à nos possibilités d’être et d’agir, modestement,
sans présomption. Vécue de cette manière, la fidélité cesse de se réduire à
l’image que nous croyons nous composer pour ne pas décevoir, paraître bien ou
donner un bon témoignage.
Alors
nous pouvons expérimenter la paix, une paix exceptionnelle, celle que le monde
ne peut donner. En fait, la paix que le Ressuscité donne à ses disciples leur
offre la possibilité de demeurer confiants et sereins au milieu de tempêtes et
de contradictions de ce monde. Alors, aux heures de joies tout comme aux
moments sombres de notre quotidien, notre vie se laissera illuminer par cette
touche de sérénité qui fait jaillir au plus profond de nous, la joie de vivre. Une
telle paix ne s’appuie pas sur la réussite ni quelque sécurité humaine. La paix
de Jésus est avant tout un don, et en tant que telle, elle ne nous appartient
pas. Elle nous traverse et poursuit son bonhomme de chemin au cœur du monde.
Par
ailleurs, le don de la paix nous ouvre à une vie nouvelle, la vie en l’Esprit.
Et puisque les paroles de Jésus sont Esprit et vie (Jn 6, 63), elles nous font
vivre au gré de l’Esprit en bonifiant, pour ainsi dire, notre existence au
quotidien. Ainsi, notre vie s’épanouit dans l’intelligence de la parole qui
nous habite et nous rend dociles aux motions de l’Esprit. C’est cet Esprit, présence
permanente du Christ au monde, que Jésus promet à ses disciples, afin qu’il les
remette au parfum de tous ses enseignements en faisant d’eux ses vivants
témoins dans le monde.
Enfin,
disons que la fidélité est une valeur sûre. Elle est également cette force qui
permet de tenir bon, de tenir à soi, aux
autres, à Dieu. Elle est l’ardeur à durer dans la beauté de ce que l’on a pu
découvrir au matin de sa vie, au fil des âges. Chacune, chacun de nous est
traversé par les événements plus ou moins importants qui constituent la trame,
le tissu de sa vie. Certains nous font vaciller, avec le risque de perdre
l’équilibre, de tomber, ce qui peut faire mal, très mal même. D’autres semblent
nous construire, puisqu’ils nous marquent et surtout, correspondent à quelque
chose de fiable, de crédible, de solide, comme un pilier autour duquel tout
pourrait se jouer. La fidélité n’est-ce pas ce support intérieur qui, malgré
tout, nous fait tenir à peu près débout ?
Sébastien Bangandu, aa
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