mercredi 17 octobre 2012

Homélie du 29e dimanche ordinaire B : Le bonheur des fils de Zébédée


Bien chers frères et soeurs,

Suivre Jésus Christ est une aventure merveilleuse, mais à la fois hasardeuse dans la mesure où on n’en connaît pas toujours les tenants et les aboutissants. Mais curieusement, il y en a qui croient bien connaître les motivations des autres qu’ils sont prêts à les exposer sans se gêner. Mais qui peut bien connaître les motivations les plus profondes de l’humain sinon Dieu seul, lui qui sonde les reins et les cœurs ?

En fait, il y a toujours un intérêt, visible ou non, à tout engagement. L’essentiel c’est de demeurer fidèle à celui-ci. Là aussi, personne ne peut clamer ses mérites car, en réalité c’est Dieu qui, d’éternité en éternité s’est toujours montré fidèle face à nos ruptures d’alliances, à nos multiples infidélités. Les fils de Zébédée, qui furent d’ailleurs les premiers à suivre le Christ veulent s’assurer un avenir meilleur. Quoi de plus naturel pour ces vaillants pêcheurs qui ont tout quitté pour suivre le suivre ? Après tout, qui de nous n’a jamais nourrit la secrète illusion de baigner dans la gloire ?

Curieusement, voilà que leurs collègues s’en indignent. Mais avant de nous étonner de la curieuse idée que les fils de Zébédée se font du Royaume de Jésus, il serait peut-être intéressant de nous interroger sur l’idée que nous-mêmes en avons. Et la vérité c’est que nous ne sommes pas du tout différent d’eux. Malheureusement, c’est nous parfois qui sommes les premiers à nous indigner en voyant d’autres afficher ouvertement leurs ambitions. Pourtant, on voit bien que cette première place, les dix autres la convoitent tout autant, et leur indignation n'est que jalousie et dépit.

Par contre, Jésus, lui, ne les réprimande pas. Il se rend tout simplement compte que ses apôtres ne comprennent pas. Comprendre que les autres ne comprennent pas, c’est la charité de l’intelligence, une des formes les plus hautes de la charité (François Varillon). Au lieu de s’indigner de leur ardeur intempestive et maladroite, Jésus en profite pour redresser et instruire.

Pour Jésus, la vraie grandeur consiste à servir, ou mieux, à devenir esclave des autres. C’est au principe même des grades et des honneurs qu’il faut renoncer. Et on ne peut pas servir le Christ en vivant loin de lui : « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. » C’est dire qu’être disciple du Christ c’est communier à ses souffrances pour pouvoir participer à sa résurrection. Peu importe d’être à sa droite ou à sa gauche.

Enfin, à l’instar des fils de Zébédée, nous avons tous une idée étrange de la gloire, du pouvoir. Eh bien, sachons qu’avec le Christ, le pouvoir, la gloire c’est l’expression d’une existence dense, laquelle s’enracine dans l’amour de Dieu et du prochain. Dans un monde qui canonise le pouvoir, vivre en disciple du Christ demande une solide constitution spirituelle pour résister à l’usure du temps et à la corrosion des attitudes dominantes de notre société.

Sébastien Bangandu



Aucun commentaire: