lundi 6 juillet 2015

Homélie du 14e dimanche ordinaire B: Changer notre regard...



Bien chers frères et sœurs,

La liturgie de ce jour s’articule autour des difficultés éprouvées par le prophète dans son ministère de prédicateur. Même s’il est l’envoyé de Dieu, rien ne garantit que le prophète sera écouté. Bien au contraire, le Seigneur attire son attention sur les difficultés qui l’attendent. Cela est important puisque le peuple auquel il est envoyé est « rebelle, ses fils ont le visage dur et le cœur obstiné.»
 
L’Évangile illustre parfaitement cette réalité. Jésus, après avoir déployé une intense activité apostolique ailleurs, rentre chez lui à Nazareth, sans doute pour y retrouver les siens et prendre un temps de repos en famille. Et à Nazareth, Jésus retrouve tout naturellement sa famille, le monde de son enfance, ses amis et connaissances. Comme à son habitude, il se rend à la synagogue le jour du sabbat, et là, il commence à enseigner. Son enseignement est exceptionnel puisqu’il est empreint d’une sagesse extraordinaire qui, du coup, scandalise les gens de son village.

Ils se demandent comment ce gars qu’ils connaissent bien, qu’ils ont vu grandir, qui est l’un d’eux, peut-il faire preuve d’autant de sagesse. En effet, ils lui reprochent de ne pas être comme eux. Jaloux, ils s’interdisent de l’accueillir et refusent de croire en Lui. C’est parfois au travers de leurs bassesses, de leurs limites, de leurs imperfections, que nous nous souvenons de certaines personnes que nous avons eues à connaître. Et Jésus tire de cette mésaventure qu’un prophète n’est méprisé qu’en son pays, sa famille et sa propre maison!

Ainsi les pires obstacles à la foi sont ces préjugés qui réduisent les autres à leur humanité, à leur faiblesse. On pense bien les connaître. On leur colle toutes sortes d’étiquettes. On pense qu’ils sont et resteront ce qu’ils sont. Ils ne pourront jamais changer. Parfois ce sentiment d’indignité peut aussi venir de nous-mêmes, de notre difficulté à changer. Saint Paul l’a expérimenté.

C’est dire que la foi n’est pas un fleuve tranquille. Elle se vit toujours en tension avec tout ce qu’il y a d’humain en nous. Paul nous dit qu’il est travaillé dans sa chair par une écharde qui n’est rien d’autre que cette résistance qui l’habite et qui s’oppose ainsi à l’évangile dont il est porteur. Mais c’est le fait de prendre conscience de cette tension qui le rend fort : lorsqu’on ne se surestime pas, lorsqu’on apprend à assumer ses faiblesses, on en sort affermi.

Le temps des vacances est propice aux rencontres. Il va nous ramener peut-être dans notre pays, ou dans un milieu où nous avons vécu. Nous aurons l’occasion d’y revoir encore ceux et celles que nous avons connus, côtoyés, aimés ou même haï…Saurons-nous porter sur eux un regard nouveau? Prions pour que chaque rencontre humaine devienne pour nous le lieu de la rencontre de Dieu, lieu où se vit notre foi.

Sébastien Bangandu, a.a.

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