samedi 4 avril 2015

Homélie de Pâques B 2015: Que sa vie soit notre vie...



Bien chers frères et soeurs,

        Alors qu’il fait encore sombre, dans la ville, dans sa vie, dans son cœur, Marie se rend au tombeau. Elle y va, tout simplement, pour être là. Pour voir ce qui va se passer pour Celui qui disait qu’il était la résurrection et la vie. Elle y va puisque l’instinct de la vie est plus fort chez celle qui a côtoyé l’auteur de la vie.  Elle y va puisqu’elle est convaincue que le vivant ne loge pas chez les morts.

         Mais cela est folie aux yeux des hommes, puisqu’il n'y a plus rien à vivre auprès d'un tombeau fermé par une lourde pierre. A quoi bon? C’est la question chère à notre société, une société du « bonheur à tout prix », où l’échec, la maladie, la vieillesse sont bannies; où la mort est le pire des cauchemars. En effet, dans ce monde enchanté de « l'éternelle jeunesse », la mort n'a plus sa place. Il faut vite l'expulser, ne pas s’en faire, la repousser le plus loin possible, pour vivre dans un "état de liesse permanent". C’est dire aussi que époque qui accorde peu de place au mourant et peu de temps au deuil. Le discours sur la mort doit finir d’autant plus qu’on est soucieux  avant tout du temporaire, du passager et non de l'éternité.

         Dans ce contexte, la résurrection du Christ vient nous apprendre à vivre confiants dans l'avenir.  Elle nous donne la force de traverser nos tourments, de dépasser les drames de nos croix, de faire échec à l’accusation pour couronner notre vérité et  déclouer la royauté de notre chair. Par ailleurs, elle nous permet de prendre du temps, nous ouvre à des rites et des paroles qui aident à dénouer progressivement ce qui fut noué, lié, pour purger le chagrin en inscrivant notre vie terrestre dans une perspective d’éternité.

       Enfin, avec Marie Madeleine, nous voici associés au grand mouvement de la résurrection. Désormais, sortis du tombeau, nous devenons des passeurs du Ressuscité dans le monde nouveau qui commence en ce matin de Pâques. Car le Christ n'est pas là pour faire tout à notre place. Tout ce qu'il fait, il nous invite à le faire avec Lui. C'est en notre chair que s'achève ce qu'il a inauguré en la sienne. Dès lors son Dieu est notre Dieu, sa vie est aussi la nôtre. Notre cheminement chrétien trouve son fondement dans cette pratique quotidienne, dans ce passage de la mort à la vie. Joyeuses Pâques!

Sébastien Bangandu, aa

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