Bien chers frères et soeurs,
Alors
qu’il fait encore sombre, dans la ville, dans sa vie, dans son cœur, Marie se
rend au tombeau. Elle y va, tout simplement, pour être là. Pour voir ce qui va
se passer pour Celui qui disait qu’il était la résurrection et la vie. Elle y
va puisque l’instinct de la vie est plus fort chez celle qui a côtoyé l’auteur
de la vie. Elle y va puisqu’elle est
convaincue que le vivant ne loge pas chez les morts.
Mais
cela est folie aux yeux des hommes, puisqu’il n'y a plus rien à vivre auprès
d'un tombeau fermé par une lourde pierre. A quoi bon? C’est la question chère à
notre société, une société du « bonheur à tout prix », où l’échec, la
maladie, la vieillesse sont bannies; où la mort est le pire des cauchemars. En
effet, dans ce monde enchanté de « l'éternelle jeunesse », la mort
n'a plus sa place. Il faut vite l'expulser, ne pas s’en faire, la repousser le
plus loin possible, pour vivre dans un "état de liesse permanent". C’est
dire aussi que époque qui accorde peu de place au mourant et peu de temps au
deuil. Le discours sur la mort doit finir d’autant plus qu’on est soucieux avant tout du temporaire, du passager et non
de l'éternité.
Dans
ce contexte, la résurrection du Christ vient nous apprendre à vivre confiants
dans l'avenir. Elle nous donne la force
de traverser nos tourments, de dépasser les drames de nos croix, de faire échec
à l’accusation pour couronner notre vérité et
déclouer la royauté de notre chair. Par ailleurs, elle nous permet de
prendre du temps, nous ouvre à des rites et des paroles qui aident à dénouer
progressivement ce qui fut noué, lié, pour purger le chagrin en inscrivant
notre vie terrestre dans une perspective d’éternité.
Enfin,
avec Marie Madeleine, nous voici associés au grand mouvement de la
résurrection. Désormais, sortis du tombeau, nous devenons des passeurs du
Ressuscité dans le monde nouveau qui commence en ce matin de Pâques. Car le
Christ n'est pas là pour faire tout à notre place. Tout ce qu'il fait, il nous
invite à le faire avec Lui. C'est en notre chair que s'achève ce qu'il a
inauguré en la sienne. Dès lors son Dieu est notre Dieu, sa vie est aussi la
nôtre. Notre cheminement chrétien trouve son fondement dans cette pratique
quotidienne, dans ce passage de la mort à la vie. Joyeuses Pâques!
Sébastien Bangandu, aa
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