La
transfiguration est un avant-goût du bonheur dont nous jouirons sans fin dans
l’éternité. Elle précède l’humiliation sur la croix de Jésus. Véritable école
de vie chrétienne, elle nous invite, spécialement en ce temps de carême, à un
travail sur soi, fait de temps de rupture avec l’habituel, d’ouverture à la
grâce de Dieu, dans la prière et l’action quotidienne.
Le
retrait n’est pas à confondre avec le repli sur soi. C’est plutôt un état qui nous
permet d’avoir assez de liberté et d’aisance pour entrer en contact avec Dieu, avec
nous-mêmes et avec les autres. En se retirant de l’agitation du monde, on
s’offre l’occasion de se relier à la dimension spirituelle de notre être, qui
n’est rien d’autre que cette part de
nous si souvent négligée dans nos quotidiens chahutés.
Cette
dimension spirituelle se manifeste parfois en présence du sacré ou du beau et
nous donne l’impression d’être pleinement vivant. Elle nous permet ainsi d’aller
vers un horizon qui nous dépasse, vers un vide et un silence habités par la Transcendance.
En se retirant avec trois de ses disciples sur la montagne, Jésus est mû par un
profond désir de s’aménager un temps
d’arrêt afin de vivre un moment de communion profonde avec son Père.
Le
temps de retrait donne libre cours à la prière qui est un dialogue spontané et
libre avec Dieu. La principale raison de notre pauvreté humaine
et spirituelle vient de notre rapport avec la prière ou, très souvent même, de
son absence totale dans nos vies. Or, la prière a un pouvoir transfigurateur.
C’est
grâce à elle que le faible se fortifie, que le lâche devient courageux et que
l'ignorant apprend. Dans la prière, on acquiert la sérénité et les
éclaircissements personnels dont on a besoin pour avancer. Finalement,
la prière est une grâce que Dieu fait à celui ou celle qui le cherche pour
qu'elle serve à l'instruire, à l'élever, à l’épanouir et à rayonner sa foi.
Au
temps de la prière et de la contemplation succède le temps de l’action. Renouer
avec notre quotidien nous remet en mouvement, nous ramenant ainsi à notre
dimension matérielle, incarnée. L’harmonie du corps et de l’esprit ne peut se
réaliser qu’à travers ces deux dimensions de notre être. Et c’est dans le
quotidien, avec toutes ses joies et ses à-coups que se vit la foi. Il n’est
donc pas question de rester sur le Thabor.
La
vie spirituelle est une réalité véritablement incarnée. Elle n’est pas une évasion
du réel. D’où la nécessité pour tout chercheur de Dieu de redescendre dans la
plaine, pour la traverser, fort de l’énergie et du rayon de lumière reçus d’en
haut. Le récit de la transfiguration de Jésus résume bien le cheminement qui
doit être le nôtre pendant ce temps de carême : se retirer, prier et
rayonner notre foi au jour le jour.
Sébastien
Bangandu, a.a.
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