vendredi 5 septembre 2014

Homélie du 23e dimanche ordinaire A : Difficile fraternité...



Bien chers frères et sœurs,

La vie fraternelle dans le Christ, en harmonie avec la vie chrétienne, c’est la réponse à une même vocation. Elle invite au partage, au soutien mutuel, à la solidarité, au don de soi et à l’accueil réciproque. Par la filiation divine, les humains deviennent frères et sœurs les uns des autres. C’est la dimension universelle de la fraternité. Cependant, dans une telle vie, les conflits sont inévitables. Ils rappellent en permanence que la fraternité est un idéal qui n’est jamais définitivement atteint. Les choses ne sont pas acquises une fois pour toutes. Il faut constamment s’investir.

Néanmoins, des mécanismes de régulation existent, qui favorisent le vivre ensemble. Chacun, chacune de nous est appelé à prendre sa part de responsabilité pour faire en sorte que les conflits restent vivables. Cela est important puisque la fraternité, en tant que facteur de cohésion sociale, est une réalité qui rassemble, réconcilie. L’Évangile de ce dimanche nous incite à réfléchir sur ce qu’il est possible de faire devant l’offense d’un frère ou d’une sœur. Si l'on est en droit de détester les fautes commises par les humains, nos semblables, doit-on pour autant haïr la personne qui les commet ? 

La réponse préalable à cette question tient dans cette affirmation que devant Dieu, tous les humains sont pécheurs et cela, bien sûre, à des degrés divers. Mais quoiqu’il en soit,  nous avons tous besoin du pardon et de la miséricorde de Dieu. Et la Parole de Dieu ne cesse de nous dire ce qu'il nous faut faire, la manière dont nous sommes appelés à vivre pour nous ajuster au dessein divin de salut. C’est la raison d’être des commandements qui sont une lumière à recevoir pour vivre humainement et prendre conscience de nos manques, de nos défaillances face à autrui et à Dieu.

En outre, les commandements sont susceptibles de relier de façon forte et insoupçonnable et d’instaurer des relations de réciprocité entre frères et sœurs, d’autant plus solidaires qu’ils parviennent à se dépasser en relativisant les situations qui les ont dressés les uns contre les autres. L'Évangile de ce dimanche présente différents degrés de correction fraternelle qui part de la réprimande discrète à l'exclusion de la communauté. Mais son enjeu majeur c'est sans doute l'attention fraternelle. Celle-ci ne fait pas de surveillants, mais plutôt des frères et sœurs attentifs à la vie des uns et des autres. 

Ainsi, la correction fraternelle se doit d’être considérée comme un acte de charité dont la visée est de rétablir l’harmonie personnelle et communautaire. Au cœur de nos relations, si délicates et si exigeantes, c’est le Christ lui-même qui nous assure de sa présence. Et n’oublions pas qu’avant tout, nous sommes une communauté de pécheurs pardonnés. Voilà pourquoi il convient de savoir que cet autre qui est en cause me ressemble aussi bien  dans mes réactions que dans mes attentes. En conséquence, je me dois de l’approcher avec la même délicatesse que celui à qui je porte beaucoup d’affection. Il me faut par ailleurs tenir compte de ses fragilités et agir en conséquence.

Enfin, la vie fraternelle constitue un témoignage. Elle est comme une passerelle, un lien tissé entre les humains. Être chrétien investit de la lourde responsabilité de porter un regard sur l’autre. Mais un regard de charité sans une démarche de foi chrétienne ne suffit pas à orienter une personne. Ainsi, l’élan nécessaire de la correction fraternelle c’est de favoriser la quête et l’accueil du frère perdu. En même temps, elle attire notre attention sur le fait que, en matière de salut, personne ne doit être considéré comme perdu, puisque Dieu, qui nous aime tant, ne veut perdre personne.
Sébastien Bangandu, aa



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