Bien chers frères et sœurs,
La vie fraternelle dans le Christ, en harmonie avec
la vie chrétienne, c’est la réponse à une même vocation. Elle invite au partage,
au soutien mutuel, à la solidarité, au don de soi et à l’accueil réciproque.
Par la filiation divine, les humains deviennent frères et sœurs les uns des
autres. C’est la dimension universelle de la fraternité. Cependant, dans une
telle vie, les conflits sont inévitables. Ils rappellent en permanence que la
fraternité est un idéal qui n’est jamais définitivement atteint. Les choses ne
sont pas acquises une fois pour toutes. Il faut constamment s’investir.
Néanmoins, des mécanismes de
régulation existent, qui favorisent le vivre ensemble. Chacun, chacune de nous
est appelé à prendre sa part de responsabilité pour faire en sorte que les
conflits restent vivables. Cela est important puisque la fraternité, en tant
que facteur de cohésion sociale, est une réalité qui rassemble, réconcilie. L’Évangile
de ce dimanche nous incite à réfléchir sur ce qu’il est possible de faire
devant l’offense d’un frère ou d’une sœur. Si l'on est en droit de détester les
fautes commises par les humains, nos semblables, doit-on pour autant haïr la
personne qui les commet ?
La réponse préalable à cette question tient
dans cette affirmation que devant Dieu, tous les humains sont pécheurs et
cela, bien sûre, à des degrés divers. Mais quoiqu’il en soit, nous avons tous besoin du pardon et de la
miséricorde de Dieu. Et la Parole de Dieu ne cesse de nous dire ce qu'il nous
faut faire, la manière dont nous sommes appelés à vivre pour nous ajuster au
dessein divin de salut. C’est la raison d’être des commandements qui sont une
lumière à recevoir pour vivre humainement et prendre conscience de nos manques,
de nos défaillances face à autrui et à Dieu.
En outre, les commandements sont
susceptibles de relier de façon forte et insoupçonnable et d’instaurer des
relations de réciprocité entre frères et sœurs, d’autant plus solidaires qu’ils
parviennent à se dépasser en relativisant les situations qui les ont dressés
les uns contre les autres. L'Évangile de ce dimanche présente différents
degrés de correction fraternelle qui part de la réprimande discrète à
l'exclusion de la communauté. Mais son enjeu majeur c'est sans doute
l'attention fraternelle. Celle-ci ne fait pas de surveillants, mais plutôt des
frères et sœurs attentifs à la vie des uns et des autres.
Ainsi, la correction fraternelle se doit d’être
considérée comme un acte de charité dont la visée est de rétablir l’harmonie personnelle et
communautaire. Au cœur de nos
relations, si délicates et si exigeantes, c’est le Christ lui-même qui nous
assure de sa présence. Et n’oublions pas qu’avant tout, nous sommes une
communauté de pécheurs pardonnés. Voilà pourquoi il convient de savoir que cet autre
qui est en cause me ressemble aussi bien dans mes réactions que dans mes attentes. En
conséquence, je me dois de l’approcher avec la même délicatesse que celui à qui
je porte beaucoup d’affection. Il me faut par ailleurs tenir compte de ses
fragilités et agir en conséquence.
Enfin, la
vie fraternelle constitue un témoignage. Elle est comme une passerelle, un lien
tissé entre les humains. Être chrétien investit de la lourde responsabilité de
porter un regard sur l’autre. Mais un regard de charité sans une démarche de
foi chrétienne ne suffit pas à orienter une personne. Ainsi, l’élan nécessaire
de la correction fraternelle c’est de favoriser la quête et l’accueil du frère
perdu. En même temps, elle attire notre attention sur le fait que, en matière
de salut, personne ne doit être considéré comme perdu, puisque Dieu, qui nous
aime tant, ne veut perdre personne.
Sébastien Bangandu, aa
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