Bien
chers frères et sœurs,
Philippe dit : « Seigneur,
montre-nous le Père; cela nous suffit ». On le voit, Philippe ne veut pas
de détours inutiles. Il veut aller tout droit à la chose. Il ne voit pas
pourquoi Jésus s’épuise en vaines conjectures, alors qu’un seul geste suffit. Déjà
à son époque, Philippe était imbu de l’esprit du monde de ce temps. En effet,
nous vivons dans le monde de l’immédiat, où tout doit être fait tout de suite,
ici et maintenant, sans plus tarder. Dans ces conditions, le risque est grand
de confondre l’urgent de l’essentiel, du fait que tout semble prioritaire.
Jésus, pour sa part, ne se laisse pas séduire par la fascination de
l’immédiat. Pour lui, Dieu est avant
tout un chemin, une école, une médiation.
Le
Dieu de Jésus-Christ est un Dieu-Pèlerin. C’est le Dieu de la mobilité. Toujours
en chemin, Il bouge et fait bouger. Il a pris congé de son immuabilité depuis
qu’il a choisi le chemin de l’exode. Son fils fut le premier à marcher sur ses pas.
Marchant sur les chemins du monde, Il n’avait pas de lieu où reposer sa
tête (cf. Mt 8, 20). Être disciple c’est
réaliser qu’il y a d’abord un maître qui marche devant soi et dont on
emboite les pas. Ainsi, pour voir Dieu, il faut accepter de quitter, ou même de
se quitter, se déplacer, effectuer un voyage…Tout cela relève d’un esprit
d’aventure qui requiert sens du risque et de l’effort, ouverture et
réceptivité. Mais c’est une aventure audacieuse, une quête exigeante et
risquée, du fait qu’à défaut de choisir le bon chemin, on peut facilement se
perdre.
Voir la
face de Dieu est un des désirs les plus hauts, un des souhaits les plus
profonds qui hante le cœur de l'être humain dans sa quête quotidienne. Déjà
dans l’Ancien Testament, Moïse désirait d’un grand désir voir le visage de
Dieu : "Je t'en prie, fais-moi voir ta face ?" (Ex.34,
18). Le Psalmiste, pour sa part, l’exprime bien quand il dit : « Mon
âme a soif du Dieu vivant, quand le verrai-je face à face? » (Ps 42, 3-4).
Mais voir Dieu à l’œil nu est pratiquement impossible par la nature humaine,
puisqu’Il est le Tout Autre, l’Insaisissable. Bien plus, c’est un Dieu terrible
qu’ « on ne peut voir sans
mourir » (cf. Ex.34, 20). Dès
lors, comment adhérer à un Dieu absent de notre réalité humaine? Comment adorer
un Dieu perché sur la nuée du Ciel et
qui nous regarde de travers?
La réponse c’est Jésus-Christ, verbe incarné,
parfaite image d’un Dieu qui, de tout temps, est contemporain de l’humain. Dieu
nous parle à travers ce que nous vivons au fil des jours, mais aussi à travers
ceux et celles qu’il met sur notre chemin de vie. Par la venue de Jésus au monde, Dieu a choisit de
planter sa tente parmi nous. Il est devenu accessible, l’un de nous,
partageant nos soucis et nos joies. Et c’est
à travers notre quotidien, dans tout ce qu’il a d’apparemment banal que nous pouvons
expérimenter sa douce présence et ainsi témoigner de Lui. Cela suppose une vie
centrée essentiellement sur Lui, dans une communion profonde avec Lui et, en
même temps, bien enracinée dans le monde où Il nous précède.
Sébastien Bangandu, aa
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