vendredi 24 mai 2013

Homélie de la sainte Trinité C : Un Dieu "relation"...

Bien chers frères et sœurs,

L’être humain est un être de relation. Depuis des lustres, nombreuses recherches ont mis en évidence ce besoin universel de liens pour garantir son épanouissement et son sentiment de valeur personnelle. La relation à l’autre c’est l’expression de l’amour qu’on lui porte et qu’il nous porte. Mais pour être authentique, cet amour doit apprendre à se dessaisir de soi et de ses propres artifices, en vue de se rendre présent, à soi, à l’autre, à Dieu. Cette présence mutuelle est le lieu d’une rencontre où jaillit l’inattendu, le don gratuit, un chemin nouveau.

Par ailleurs, nous le savons bien : il est vain de chercher le mot « Trinité » dans les Évangiles, ce qui ne manque d'ailleurs pas de surprendre certains, étonnés qu’un si grand mystère soit absent des Écritures. En revanche, nous pouvons trouver quelque éclairage dans le grand discours d’adieu que Jésus prononce, à l'heure où il va passer « de ce monde à son Père ». En effet, dans ce bel extrait de l’Evangile selon saint Jean que nous lisons en cette fête de la Sainte Trinité, on est surtout frappé par cette affirmation de Jésus : « Tout ce que possède mon Père est à moi. »

On le voit, c’est le jeu de relations qui fonde théologiquement la foi en Dieu Trinité. En fait, aucune des trois personnes de la Trinité ne vit pour soi-même. De ce point de vue, la Trinité se trouve être un mystère de générosité et d'effacement puisque chaque personne renvoie à une autre. Dieu envoie le fils pour sauver l’humanité (Jn 3, 16); la nourriture du Fils, c’est de faire la volonté de son Père et d’accomplir son œuvre (Jn 4, 34); l’Esprit quant à lui, viendra faire accéder les disciples à la vérité tout entière et ce qu’il dira ne viendra pas de lui ; il glorifiera Jésus en reprenant ce qui vient de ce dernier pour nous le faire connaître.

Quelle désappropriation, quelle harmonie dans le rôle que joue chacun des trois personnes de la Trinité ! Bien plus, aucune affirmation théorique sur le mystère, sinon ce jeu des relations qui unissent si étroitement le Père, le Fils et l’Esprit, qui nous y fait accéder. Cela étant, nous sommes appelés à méditer sur les proximités et les connivences qui caractérisent la relation de ces trois personnes, au lieu de nous attarder sur l’aspect dogmatique de cette fête. C’est en effet une autre manière d'affirmer que Dieu est amour. Il l'est non pas en théorie mais dans ce lien (d'amour) qui unit intimement le Père, le Fils et l'Esprit. 

Par ailleurs, la fête de la Trinité est une excellente occasion de nous interroger sur l'équilibre de notre foi. Elle est également le modèle de la communion, un modèle à imiter. Parce que Dieu est vivant et personnel, Il est aussi interpersonnel comme l'être humain est interpersonnel. Ceci dit, une personne n'est pleinement une personne que si elle est tournée vers une autre personne, un vis-à-vis, un alter-ego, quelqu'un en face. Et Dieu étant amour, cela implique qu'il est relationnel et communicatif dans sa nature même.

Finalement, le mystère de la sainte Trinité invite chacun et chacune de nous à se dessaisir de lui-même et à se laisser saisir par le prodige de la Présence. Plus encore, il nous dit qu’avec Jésus,  la foi, la vraie foi, ne passe plus par des signes extraordinaires, spectaculaires. Elle passe par les relations, ces liens vitaux qui bonifient notre existence et la prédisposent à la rencontre de l’Inconnu. Voilà pourquoi on gagnera à accueillir le mystère de la Trinité par la porte d'entrée que Jésus nous propose : celle des relations uniques et fortes qu'il entretient avec le Père et l'Esprit. Vue sous cet angle, la Trinité n’est pas seulement une vérité à croire, mais bien plus encore un mystère à recevoir et une expérience à partager.

Sébastien Bangandu, aa

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