Bien chers frères et sœurs,
Ce qui m’a semblé curieux dans l’évangile de ce jour c’est le fait que
Jésus enseigne partout, même dans le péché ! En vérité, je suis toujours
émerveillé par cette attitude de Jésus, qui a toujours trouvé quelque chose à
dire, même dans les circonstances les plus poignantes de la vie qui obligent à
garder silence. Quand on le croit acculé, il trouve toujours une issue de
sortie. Quand on le croit malmené, c’est alors qu’il triomphe. Quand on le
croit mort, on le retrouve vivant ! Cette attitude que Jésus manifeste dans les circonstances les plus désespérées de la vie
des humains les fait déjà participer à sa propre résurrection.
En
effet, c’est sa miséricorde infinie et sa confiance indéfectible en la personne
humaine qui justifie sa vision optimiste face aux épreuves de la vie humaine. Ce
faisant, il veut montrer que l’humain est toujours digne du pardon et de la
bienveillance de Dieu. On le voit une fois de plus dans l’évangile de ce jour. Les scribes et les
pharisiens lui amènent une femme surprise en flagrant délit d’adultère et
ils la placent au milieu du groupe. Encerclée, elle ne peut plus leur échapper.
De ce fait, Jésus aussi se trouve encerclé et coincé par le caractère piégé que
revêt la question qu’on lui pose : « Et toi, qu’en dis-tu ?»
Même si elle semble être posée sur un ton serein, cette question résonne
déjà comme une condamnation, ainsi que le laisse supposer leur insistance.
L’instant est grave et Jésus reste bouche bée ! On verra comment il
va s’en sortir, se disent-ils. Car il faut savoir que l’adultère c’est la pure
trahison de l’alliance : alliance avec le mari, mais aussi alliance avec
Dieu. Et les prophètes ne cessent de le rappeler. Notons aussi que si la loi prescrit
la lapidation, c’est pour faire « disparaître le mal d’Israël », qui
est un peuple de l’alliance (cf. Dt 22, 22-24).
Mais en réalité, c’est la tête de Jésus que ces hommes veulent. La femme
n’est qu’un bouc-émissaire. Dans ce climat de haine, Jésus peut reconnaître ce
qui l’attend. Comme cette femme, il sera arrêté, humilié, abandonné, exposé au
regard de tous, objet de honte et de mépris, traîné devant les autorités. Comme cette femme, Jésus se réfugiera, lors de
son procès, dans le silence. Et c’est ce qu’il fait maintenant :
« Mais Jésus s’était baissé, et, du doigt, il dessinait sur le sol ».
C’est le moment essentiel de la scène. En s’abaissant, Jésus nous rejoint dans
tout ce qui nous humilie, pour nous réhabiliter et nous affranchir.
Et lorsqu’il se redresse, un
peu comme s’il ressuscite, c’est pour inviter chacun à examiner sa vie sous le
regard de Dieu, à considérer ses propres limites et faiblesses, plutôt qu’à les
projeter, telles des pierres, sur les autres. Désarmés, ils se retranchent l’un
après l’autre. A vrai dire, cette scène
serait presque oppressante si elle ne manifestait pas le désarmement de la
violence, la victoire sereine et silencieuse du verbe de Dieu. Alors, Jésus peut maintenant se tourner vers la
femme. Et le regard qu’il pose sur celle-ci c’est le regard du pardon, celui que
Dieu lui-même pose sur chacun de nous, nous invitant ainsi à devenir
miséricordieux comme lui-même est miséricordieux (Lc 6,36).
La femme, elle, se sent
réhabilitée dans sa personne et sa dignité de femme. Elle reste là parce
qu’elle attend une parole de Jésus, comme si elle pressentait que ce n’est que
lui, et lui seul, qui pouvait la comprendre, la libérer : « Moi
non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus.» Cette
parole est une véritable résurrection pour une femme qui se voyait déjà morte.
Comme quoi, Dieu ne veut pas la mort du méchant, mais qu’il change sa conduite
et qu’il vive (Ez 33, 11). Pour finir, il faut bien reconnaître ici que cette
miséricorde n’est pas facile à vivre au quotidien. Poser un regard de
miséricorde sur autrui restera toujours au cœur de nos aspirations les plus
profondes. Puissions-nous, à
l’instar de Jésus, marcher sur le chemin de la miséricorde !
Sébastien Bangandu, aa
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