jeudi 23 février 2012

Homélie du 1er dimanche de Carême : Le désert, un creuset pour notre foi

Bien chers frères et soeurs,

C’est dans un contexte de grande terreur que le Christ poursuit la difficile mission de la prédication de la bonne nouvelle. Car Jean-Baptiste vient d’être arrêté, la rumeur se répand comme une traînée de poudre, son exécution prochaine est certaine. L’heure du défi a donc sonné. Dès lors, la menace de mort plane sur quiconque osera s’aventurer sur cette voie.

Mais voilà que Jésus-Christ, qui venait à peine d’être baptisé, expose sa vie en se risquant sur un terrain glissant, sur lequel le Baptiste s’est hasardé il y a peu. Jésus sait déjà ce qui l’attend, mais n’abdiquera jamais devant la violence de ses ennemis et les différentes embuches qu’il rencontrera sur sa route. En partant pour la Galilée, Jésus choisit donc de se mouvoir, contrairement au Baptiste vers qui les gens devaient accourir pour se faire baptiser. Il doit donc rejoindre les gens dans leur milieu naturel, car c’est dans la monotonie du quotidien que l’Evangile nous rejoint.

Le message de Jésus-Christ est d’une simplicité légendaire. Il invite le pécheur à s’en remettre à la bonté d’un Dieu miséricordieux, plein de tendresse et d’amour. Dans sa simplicité, le Christ proclame que le Royaume de Dieu est tout proche pour être accueilli par tous ceux et celles qui désirent changer leur vie. De ce point de vue, le Royaume est un appel à la synergie, à une rencontre, au repentir qui est le retour de la créature exilée vers la source de son être. C’est également une ascension qui nous fait passer du terrestre au céleste, du conditionné vers la liberté.

Et c’est au sortir du désert que Jésus, revigoré par l’épreuve et enveloppé de la présence du Père, commence son apostolat. En gagnant la Galilée, carrefour des cultures, Jésus-Christ veut aller à la conquête d’une humanité que la misère et le péché défigure. Et c’est à travers le désert, terre désolée et aride, terre de tous les dangers pour le pèlerin de l’Inconnu que Jésus bravera les puissances du mal. Temps de dure épreuve et de la dépossession de soi, le désert l’est aussi du fait qu’il provoque, chez celui qui en fait l’expérience, une soif inextinguible de Dieu. Le renoncement qu’on y vit devient ainsi la source de floraison d’une vie toute tournée vers l’unique nécessaire. C’est le versant eschatologique du Royaume de Dieu, qui fait du désert le lieu véritable de l’épanouissement de la vie.

Par ailleurs, la tentation de Jésus au désert est le temps de l'épreuve où il fait l’expérience d’une profonde communion au Père, dans une obéissance filiale indéfectible. C'est une invitation pour chacun à faire de notre carême un chemin de renaissance à la vie nouvelle. Ainsi, si nous vivons notre carême en profonde communion avec le Christ, alors notre vie pourra changer. C’est bien la signification de nos pénitences. Car rien n’est fatal, rien n’est irrémédiable. Tout est possible à celui qui croit (Mc 9, 23).

Enfin, à la lumière des lectures de ce jour, disons que le carême est un choix, une décision à pouvoir marcher résolument vers l’assomption de notre vie, avec un projet de la changer, de la transformer. C’est un appel à revisiter notre baptême et qui, en même temps, nous offre la possibilité de recouvrer notre identité de fils et fille de Dieu. Le baptême de Jésus implique que nous devenions nous aussi artisans de la diffusion de la bonne nouvelle, à travers notre vie et notre activité. Face au défi de la foi qui caractérise notre temps, il y a lieu de nous interroger sur l’impact de notre baptême sur notre vécu quotidien. 

Sébastien Bangandu


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