vendredi 21 octobre 2011

Homélie du 30e dimanche A : L'amour, visage de Dieu caché dans l'humain


Bien chers frères et sœurs
L’amour est une donnée essentielle de la vie de l’humain ici sur terre. A travers les âges, des hommes et femmes de toutes les cultures, langues, peuples et nations ont vécu, chanté et parlé de l’amour. L’amour est ainsi le fondement ultime, le sens et la vérité cachée depuis toujours au cœur de toute créature. C’est d’ailleurs sur cet amour que se fondent la vie du croyant et la mission de l’Eglise au monde. 

Les formes que prend cet amour unique dans la vie des humains peuvent varier à l'infini mais quelle que soit leur nature, elles sont l’expression de cet amour unique qui se voit naître et s’épanouir dans nos vies. Très concrètement, l’ouverture au dialogue, l’accueil de l’étranger, de l’immigrant et le souci du pauvre sont des traits caractéristiques de cet amour chrétien qui évangélise dans le respect des différences culturelles et religieuses.

Par ailleurs, l'expérience de tout amour véritable, de quelque nature qu’il soit, conduit d'ailleurs à ce pressentiment du rapprochement et de la communion avec les autres, malgré leurs différences (cf. Mt 18,20). L’appel à être sensible à l’autre, qui est aussi crée à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous met au parfum de notre propre misère. C’est que le visage de l’autre devrait nous interpeller (E. Levinas) et surtout nous faire prendre conscience de nos propres misères : « …car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Egypte ». 

Dans le Christ, le visage de Dieu a les traits de nos frères et sœurs en humanité et tout disciple du Christ a pour vocation de révéler chez ses semblables ce visage de Dieu qui s'y trouve caché. Ceci ne se fait pas sans un renouvellement fondamental de notre propre regard aussi bien sur Dieu que sur le prochain. Ce renouvellement est permanent, il se produit chaque fois que notre regard sur Dieu et notre regard sur l'homme sont mutuellement transformés, c'est-à-dire chaque fois que les chemins du cœur de Dieu et du cœur de l'homme viennent à se croiser dans notre propre cœur. Alors, l’on devient vraiment soi-même et, partant, capable d’aimer.

L'acte religieux par excellence ne consiste plus désormais à offrir holocaustes et sacrifices (cf. He 10, 8), mais à pratiquer la miséricorde, c'est-à-dire, à laisser Dieu être Dieu au cœur de nos relations humaines, à se comporter à l'égard d'autrui comme Dieu se comporte à l'égard de nous-mêmes. De point de vue, le prochain devient le passage obligé de la rencontre de Dieu. Dans l'unité de l'amour de Dieu et du prochain se laisse découvrir à la fois le vrai visage de Dieu, le vrai visage de ce prochain que je ne suis pas et le vrai visage du prochain que je suis vis à vis d'autrui. 

Par ailleurs, l'écoute c’est sans doute l’attitude fondamentale à adopter pour éveiller nos sens à l’amour qui nous vient de Dieu. Elle permet de sortir de soi, de créer des liens avec les autres. Et cela est important pour nous éviter de nous replier sur nous-mêmes ou de nous enfermer davantage dans notre propre néant. Voilà pourquoi faire le vide, n’est pas simple. C'est donc bien là un enjeu de vie ou de mort et c'est d’ailleurs pour cela que l'amour est un commandement, un devoir absolu, une exigence impérieuse, le seul commandement en vérité, tous les autres commandements n’étant que des variantes de ce dernier. En évoquant ce commandement, le Christ ne fait que reprendre  le contenu de l'Ancienne Alliance (Dt 6, 4) pour indiquer au docteur de la loi qui l'interroge le chemin du Royaume de Dieu. 

En ce dimanche de la mission, puisse l’Esprit d’amour et de communion pénétrer les consciences et nourrir la vie et l’espérance de l’Eglise, témoin de l’amour du Père au monde. Puisse l’unité de l’amour de Dieu et du prochain fleurir en nos cœurs et dans nos communautés ecclésiales, afin que le Dieu vivant et véritable demeure constamment au milieu de nous.

Sébastien Bangandu

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