samedi 3 septembre 2011

Homélie du 23e dimanche A : Devenir guetteur

Bien chers frères et sœurs
Dans notre monde où l’insécurité devient de plus en plus monnaie courante, la technologie, dans ses prouesses, ne cesse d’inventer des systèmes de surveillance de tous ordres afin de garantir, tant soit peu, la sécurité des humains et de leurs biens. Dans tous les cas, le plus grand guetteur reste l’être humain, qui est à origine de tous ces systèmes.  Notons que depuis la création du monde, les humains ont reçu la mission de soumettre la terre et de la gouverner, de la maîtriser (Cf. Gn 1, 28). 

C’est là que prend tout son sens la fonction de guetteur (ou de sentinelle suivant les versions).  Etre sentinelle ou gardien, c’est avoir les yeux ouverts sur le monde qui nous entoure, l’observer, palper sa réalité au quotidien, afin d’être capable de le maîtriser.  En disant « fils de l’homme » à Ezéchiel, c’est à chacun de nous que Dieu s’adresse personnellement.  C’est donc toi et moi que Dieu place comme guetteur du monde qui nous entoure, de nos semblables.  

C'est à la fois un risque, un honneur et une exigence car un tel appel nous engage. Faute d’engagement, on peut facilement se transformer en simple spectateur, qui ne peut qu’assister, sans intervenir ou se sentir concerné du tout par ce qui se passe autour de lui, dans la vie de ses semblables.  En ce sens, le guetteur c’est celui ou celle qui se sent responsable de ce qui se vit dans son entourage. C’est aussi celui ou celle qui regarde plus loin que le bout de son nez, qui a « une vision de loin ». 

Cependant, être au courant de ce qui se passe autour de lui ne suffit pas.  Le guetteur doit alerter, aviser, pour prévenir le pire.  En fait, ce verbe ‘alerter’ traduit une image biblique très connue, celle de la lampe qui n’est pas faite pour être cachée sous le boisseau, mais qu'on met sur la table pour que son éclairage profite à tous (Cf. Mt 5, 15).  Pourtant, nous savons tous combien il est difficile d’être éclaireur pour les autres.  Car on n’est pas toujours idoine pour cela.  En plus, ce n’est pas toujours des compliments qu’on est appelé à transmettre.

Pour Ezéchiel, il s'agissait de transmettre des mauvaises nouvelles, des menaces, des malédictions...  Et il n’est pas toujours facile d’être écouté quand ce que l’on doit dire aux autres le dérange.  Ezéchiel avait donc de quoi se lamenter car personne ne l'écoute, personne ne veut croire à ce qu'il annonce, ou plutôt, tout le monde s'en fiche. Mais Dieu a bien précisé à Ezéchiel : S'ils ne veulent pas t'écouter, ce n'est plus ton problème. Tu as fait ta part. Ne t'occupe pas du reste, toi, le guetteur, avertis, annonce. Le reste ne te concerne plus. 

De ce point de vue, être guetteur c’est aussi et surtout être un homme ou une femme d’écoute, qui vit humblement sa relation au Christ. C’est à ce prix qu’on peut réussir le pari du guetteur.  Car ce ne sont pas nos intuitions, bien qu'elles puissent parfois être bonnes, ce ne sont pas nos idées qu'il faut annoncer, mais bien les paroles de Dieu, ses volontés. Et pour pouvoir les transmettre aux autres, il faut avant tout les écouter soi-même. Une vie ouverte à la prière et à la méditation de la Parole est une vie où Dieu peut parler et agir.  

Par ailleurs, s'il nous faut être guetteur, il nous faut surtout être des hommes et des femmes imbus d’amour et de tendresse, pour que notre message puisse passer : « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la loi » (Rm 13, 8). Quand l’amour se trouve être la toile de fond de toutes nos observations, remarques et avertissements, il y a plus de chance d’espérer au pardon, à la réconciliation, à la conversion.  

Et si l’amour prend patience (I Co 13, 4a), le processus de réconciliation que nous propose l’évangile de ce jour a toutes les chances de nous faire vivre en harmonie.  Demandons donc au Seigneur de nous accorder l’esprit de paix et la force de dénoncer ce qui doit l’être pour qu’en toute chose, son amour puisse avoir le dernier mot.

Sébastien Bangandu

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