vendredi 13 septembre 2013

Homélie du 24e dimanche ordinaire C : L'inconditionnel accueil de Dieu

Bien chers frères et soeurs,

Les foules continuent de s’empresser autour de Jésus. Si le dimanche passé ces foules étaient anonymes, aujourd’hui Luc nous précise qu’elles sont constituées d’une part, de publicains et de pécheurs ; d’autre part, par un groupe, plus distant du premier, constitué de pharisiens et de scribes. De ces deux groupes bénéficiant de l’accueil inconditionnel de Jésus, il y a un, celui constitué de Pharisiens et de scribes, qui s’indigne de l’accueil que Jésus réserve aux publicains et aux pécheurs. Pire encore, il va jusqu’à prendre place à leur table.

Mais si Jésus agit de la sorte à leur égard, c’est surtout en raison de l’intérêt que ces derniers manifestent pour ses enseignements. Une telle disposition, nous le verrons, ne laissera pas Jésus indifférent. L’écoute, en effet, c’est l’autre nom de la présence à l’autre. Elle repose sur la disponibilité et l’attention à ce qui est dit et à celui ou celle qui le dit; ce qui renforce la confiance. « Mes brebis écoutent ma voix », nous dit Jésus. Se mettre à la suite du Christ c’est avant tout apprendre à se taire pour tourner toute notre attention vers Celui qui nous parle.

Ecouter c’est manifester à l’autre de l’attention, lui consacrer du temps, lui être vraiment présent. C’est aussi  accueillir l’autre avec reconnaissance et cordialité. Jésus a proclamé bienheureux ceux et celles qui écoutent sa parole et la gardent. Pour Lui donc, être pécheur ou ne pas l’être ne compte pas. Ce qui compte c’est l’ouverture à sa parole qui, petit à petit, prend racine dans notre existence et nous dispose l’accueillir.

Comment ne pas imaginer la souffrance d’un père qui regarde son enfant partir ! Il suffit d’écouter la plainte de Dieu dans la bouche du prophète : « Quelle injustice vos pères ont-ils trouvée en moi pour s’éloigner de moi et devenir vains?... » (Jr 2, 5). Le besoin de liberté est très souvent à l’origine des brisures relationnelles entre humains et avec Dieu. Et c’est seulement lorsqu’on est rendu esclave de sa propre liberté qu’on reprend la route vers le Père. Désormais rassuré de connaître son sort, Dieu étonne toujours son enfant égaré par la chaleur de l’accueil qu’il lui réserve.

A travers l’image de ce berger qui va à la recherche de sa brebis perdue, de ce père qui guette le retour de son fils et de cette femme qui va à la recherche d’une fraction minime de son avoir, une pièce sur dix, c’est Dieu lui-même qui vient à la rencontre de chacun et de chacune de nous. Car pour Lui, voir partir un de ses enfants est absolument insupportable. Parce qu’il est accueil, bonté, miséricorde. Voilà pourquoi Il est même capable de laisser ceux qui lui sont fidèles pour aller à la recherche des infidèles, parce que dans son cœur de Père il y a de la place pour tous et toutes.

Mais c’est parfois curieux de voir qu’accueillis inconditionnellement par Dieu, nous éprouvons du mal à nous accueillir les uns les autres. On le voit bien dans l’attitude du fils aîné qui, au lieu de partager la joie du père qui accueille son frère sans le juger, devient lui, son juge. Pourtant, nous sommes tous et toutes pécheurs. Et tout le monde peut se perdre. Mais nous le savons, Dieu ne désire pas la mort du pécheur. Il veut plutôt que celui-ci se convertisse et qu’il vive (Ez 18, 23). Pour Lui, ‘avoir perdu’, ‘chercher et trouver’ l’emportent sur ce qui est perdu, cherché et trouvé. Se convertir, c’est se décider de retourner vers le Père. C’est aussi apprendre à marcher, sans mettre des bâtons dans les roues de l’autre…

Sébastien Bangandu, aa

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