Bien chers frères et soeurs,
Les foules continuent de s’empresser autour de Jésus.
Si le dimanche passé ces foules étaient anonymes, aujourd’hui Luc nous précise
qu’elles sont constituées d’une part, de publicains et de pécheurs ;
d’autre part, par un groupe, plus distant du premier, constitué de pharisiens
et de scribes. De ces deux groupes bénéficiant de l’accueil inconditionnel de
Jésus, il y a un, celui constitué de Pharisiens et de scribes, qui s’indigne
de l’accueil que Jésus réserve aux publicains et aux pécheurs. Pire encore, il
va jusqu’à prendre place à leur table.
Mais si Jésus agit de la sorte à leur égard, c’est
surtout en raison de l’intérêt que ces derniers manifestent pour ses
enseignements. Une telle disposition, nous le verrons, ne laissera pas Jésus
indifférent. L’écoute, en effet, c’est l’autre nom de la présence à l’autre.
Elle repose sur la disponibilité et l’attention à ce qui est dit et à
celui ou celle qui le dit; ce qui renforce la confiance. « Mes brebis
écoutent ma voix », nous dit Jésus. Se mettre à la suite du Christ c’est
avant tout apprendre à se taire pour tourner toute notre attention vers Celui
qui nous parle.
Ecouter c’est
manifester à l’autre de l’attention, lui consacrer du temps, lui être vraiment
présent. C’est aussi accueillir l’autre
avec reconnaissance et cordialité. Jésus a proclamé bienheureux ceux et celles
qui écoutent sa parole et la gardent. Pour Lui donc, être pécheur ou ne pas
l’être ne compte pas. Ce qui compte c’est l’ouverture à sa parole qui, petit à
petit, prend racine dans notre existence et nous dispose l’accueillir.
Comment ne pas imaginer la souffrance d’un père qui
regarde son enfant partir ! Il suffit d’écouter la plainte de Dieu dans la
bouche du prophète : « Quelle injustice vos pères ont-ils trouvée en
moi pour s’éloigner de moi et devenir vains?... »
(Jr 2, 5). Le besoin de liberté est très souvent à l’origine des brisures
relationnelles entre humains et avec Dieu. Et c’est seulement lorsqu’on est rendu
esclave de sa propre liberté qu’on reprend la route vers le Père. Désormais
rassuré de connaître son sort, Dieu étonne toujours son enfant égaré par
la chaleur de l’accueil qu’il lui réserve.
A travers l’image de
ce berger qui va à la recherche de sa brebis perdue, de ce père qui guette le
retour de son fils et de cette femme qui va à la recherche d’une fraction
minime de son avoir, une pièce sur dix, c’est Dieu lui-même
qui vient à la rencontre de chacun et de chacune de nous. Car pour Lui, voir
partir un de ses enfants est absolument insupportable. Parce qu’il est accueil,
bonté, miséricorde. Voilà pourquoi Il est même capable de laisser ceux qui lui
sont fidèles pour aller à la recherche des infidèles, parce que dans son cœur
de Père il y a de la place pour tous et toutes.
Mais c’est parfois
curieux de voir qu’accueillis inconditionnellement par Dieu, nous éprouvons du
mal à nous accueillir les uns les autres. On le voit bien dans l’attitude du
fils aîné qui, au lieu de partager la joie du père qui accueille son frère sans
le juger, devient lui, son juge. Pourtant, nous sommes tous et toutes pécheurs. Et tout le monde peut se perdre. Mais
nous le savons, Dieu ne désire pas la mort du pécheur. Il veut plutôt que
celui-ci se convertisse et qu’il vive (Ez 18, 23). Pour Lui, ‘avoir perdu’,
‘chercher et trouver’ l’emportent sur ce qui est perdu, cherché et trouvé. Se
convertir, c’est se décider de retourner vers le Père. C’est aussi apprendre à
marcher, sans mettre des bâtons dans les roues de l’autre…
Sébastien Bangandu, aa
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