jeudi 29 août 2013

Homélie du 22e dimanche ordinaire C : Secrets du Royaume!


Bien chers frères et soeurs,

         Chercher la première place, vouloir jouir de la considération des gens, être vu, admiré, reconnu, c’est le réflexe fondamental de tout être humain. Se faufiler discrètement, passer inaperçu là où l’on aurait toutes les chances d’être vu, ne nous tente pas souvent. Et Jésus le sait bien. Mais le mobile de cette parabole c’est de nous inviter à entrer dans le jeu et à chercher le meilleur moyen pour être élevé, sans courir le risque d’être humilié au point d’être renvoyé à la dernière place.

            En fait, pour Jésus, il n’est pas interdit à l’être humain d’oser grand ou de viser haut. Néanmoins, il lui faut acquérir l’art et la manière d’y parvenir sans donner libre cours à l’orgueil. Et cet art c’est bien l’humilité, la vraie ! Celle-ci se trouve être le contraire de l’orgueil. Le chemin de l’humilité que nous ouvre Jésus passe décidément par l’élégante acceptation de ces désirs secrets qui agitent notre être profond. Ce faisant, nous nous ouvrons ainsi à la vérité qui, en nous libérant de ce tourment intérieur, nous rend enfin capables d’accepter qu’il y a plus grand que nous et que nous ne sommes pas la mesure de toute chose.

            Par ailleurs, cette prise de conscience de notre petitesse nous rend proche du pauvre, de l’exclu, du boiteux, de l’aveugle, etc. qui ont plus besoin de notre sollicitude. Et l’orgueil, nous le savons bien, ouvre la porte à toutes les injustices que connaît notre humanité aujourd’hui: le mépris du faible, l’exploitation du pauvre, l’exclusion du marginalisé, du blessé de la vie. En effet, les réceptions, les fêtes, les festins sont des moments exceptionnels où, tout naturellement, on aime partager avec ses amis, ses proches, ses intimes.

              En pareille circonstance, il est inhabituel d’inviter toute personne qui ne fait pas partie de son cercle d’amis. C’est rare qu’il en soit autrement ! Bien plus, la société humaine étant construite sur des systèmes de valeurs et des règles de bienséance, il devient difficile d’échapper à la loi de l’exclusion. C’est donc un appel à la conversion que le Christ lance à ses disciples. A partir de cette parabole, il les prépare à imiter l’agir-même du Dieu d’amour et de miséricorde, qui ne fais pas de différence entre les humains.

              Car dans le Royaume de Dieu, tout le monde est invité quel que soit son statut social. Personne n’est privilégié au détriment de l’autre, car chacun est à sa place. Tous et toutes sont aimés de Lui. Cette vision est contraire à la règle de l’exclusion qui existait à l’époque et qui, aujourd’hui encore existe sous diverses formes. S'il faut donner dans nos vies la préférence aux pauvres, aux malades, aux exclus, aux laissés pour compte, c'est parce que le Christ a voulu s'identifier à eux. C'est dans le visage défiguré de certains humains que nous rencontrons le Christ.
 
           Terminons avec ce constat qu’au cœur de notre société monte une demande pressante de plus d'humanité. C'est sans doute le signe d'un malaise profond qui n'épargne personne. Ce malaise nous invite à interroger un modèle de société qui, si l'on n'y prend garde, risque de faire encore plus de victimes et moins d’êtres humains dignes. Il appelle aussi à interroger le rapport que nos sociétés entretiennent aux normes et aux valeurs pour permettre de reconstruire une humanité et une vie chrétienne qui nous permettent de nous projeter de façon positive dans l'avenir.

Sébastien Bangandu, aa


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