mardi 7 mai 2013

Homélie de l'Ascension du Seigneur C : Témoins d'une présence!

Bien chers frères et sœurs,

Il n’est pas facile de se séparer. En effet, toutes les séparations sont douloureuses, qu'il s'agisse d'une décision commune ou d'une décision inattendue. De la première séparation symbolique d’avec les parents, à celle où l’on quitte volontairement le toit familial pour voler de ses propres ailes, ou encore une mutation, une rupture amoureuse, un divorce, un déménagement, une dispute entre frères et sœurs, amis, la mort d’un proche, etc., les séparations jalonnent notre vie et structurent profondément nos existences.

Bien qu’elles soient parfois des étapes nécessaires qui forment la trame de notre existence, de notre personnalité, elles n’en constituent pas moins une douloureuse épreuve de perte et de blessures qu’il appartient à chacun de gérer sur tous les plans, aussi bien physique que psychologique, tant dans leur dimension consciente qu’inconsciente. Tous ceux et celles qui ont rencontré une des formes de séparation citées ci-haut, connaissent le poids de la douleur où il faut apprendre, sans trop de dégâts, à se séparer, quitter, perdre. La vie n’est qu’une succession d’attachement et de détachement.

Les disciples du Christ, pour leur part, en ont fait l’expérience. Après avoir perdu de vue leur Maître,  qu’ils croyaient parti pour de bon, ils étaient contents de le retrouver ressuscité et de nouveau présent au milieu d’eux. Mais voilà que quelques jours plus tard, il leur annonce qu’il doit partir. Si chez l’évangéliste Luc, les disciples retournent à Jérusalem remplis de joie après le départ de Jésus, il n’en reste pas moins vrai qu’ils finiront par éprouver la douleur de la séparation. Seuls, démunis et impuissants face à l’épreuve du quotidien et aux exigences de la mission, ils sentiront le vide qu’il aura laissé dans leur vie.

Mais pour Jésus, cette séparation est bénéfique pour les disciples. Elle est même la condition pour l’avènement de l’Esprit Saint. C’est que parfois la douleur de la séparation peut devenir source de relèvement pour autant qu’elle est acceptée et accueillie avec courage et confiance. Car, lorsqu’on parvient à intégrer la séparation et à lui donner sens, on en sort grandi, raffermi, puisque c’est aussi dans les épreuves que l’on découvre nos ressources intérieures et notre force d’âme. Le plus souvent, on en sort plus vivant, plus créatif, plus authentique.

Par ailleurs, assumer la séparation permet de recouvrer un certain équilibre intérieur pour restaurer sa vie, là où tout était figé. Mais cela n’est pas toujours aisé, il faut du temps pour vivre cette mort symbolique, s’autoriser à nouveau à exister et donner au désir une chance de rejaillir. Cela permet de mieux comprendre l’itinéraire-même de la vie du Christ, puisqu’il lui fallait passer par là pour que nous soyons sauvés. On le voit, la séparation de Jésus avec ses disciples n’est qu’un passage, une ouverture à une vie plus riche de sens.

Enfin, de même que le temps de convalescence est utile pour récupérer, dissoudre les peines et imposer le silence aux idées obsédantes, les disciples devront demeurer incessamment au temple pour se préparer à accueillir l’Esprit Saint consolateur. Ils deviendront ainsi des témoins d’une présence qui, apparemment semble absente. Puissions-nous, à l’instar des disciples, gagner le temple de notre cœur, afin de nous rendre davantage attentifs à la présence et aux appels de l’Esprit !

Sébastien Bangandu, aa


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