Bien chers frères et
sœurs,
Il n’est pas facile de se
séparer. En effet, toutes les séparations sont douloureuses, qu'il s'agisse
d'une décision commune ou d'une décision inattendue. De la première séparation
symbolique d’avec les parents, à celle où l’on quitte volontairement le toit
familial pour voler de ses propres ailes, ou encore une mutation, une rupture
amoureuse, un divorce, un déménagement, une dispute entre frères et sœurs, amis,
la mort d’un proche, etc., les séparations jalonnent notre vie et structurent
profondément nos existences.
Bien qu’elles soient parfois des étapes nécessaires qui forment la
trame de notre existence, de notre personnalité, elles n’en constituent pas
moins une douloureuse épreuve de perte et de blessures qu’il appartient à
chacun de gérer sur tous les plans, aussi bien physique que psychologique, tant
dans leur dimension consciente qu’inconsciente. Tous ceux et celles qui ont
rencontré une des formes de séparation citées ci-haut, connaissent le poids de
la douleur où il faut apprendre, sans trop de dégâts, à se séparer, quitter,
perdre. La vie n’est qu’une succession d’attachement et de détachement.
Les disciples du Christ,
pour leur part, en ont fait l’expérience. Après avoir perdu de vue leur
Maître, qu’ils croyaient parti pour de
bon, ils étaient contents de le retrouver ressuscité et de nouveau présent au
milieu d’eux. Mais voilà que quelques jours plus tard, il leur annonce qu’il
doit partir. Si chez l’évangéliste Luc, les disciples retournent à Jérusalem
remplis de joie après le départ de Jésus, il n’en reste pas moins vrai qu’ils
finiront par éprouver la douleur de la séparation. Seuls, démunis et
impuissants face à l’épreuve du quotidien et aux exigences de la mission, ils
sentiront le vide qu’il aura laissé dans leur vie.
Mais pour Jésus, cette séparation est bénéfique pour les disciples.
Elle est même la condition pour l’avènement de l’Esprit Saint. C’est que
parfois la douleur de la séparation peut devenir source de relèvement pour
autant qu’elle est acceptée et accueillie avec courage et confiance. Car,
lorsqu’on parvient à intégrer la séparation et à lui donner sens, on en sort
grandi, raffermi, puisque c’est aussi dans les épreuves que l’on découvre nos
ressources intérieures et notre force d’âme. Le plus souvent, on en sort plus
vivant, plus créatif, plus authentique.
Par ailleurs, assumer la séparation permet de recouvrer un certain
équilibre intérieur pour restaurer sa vie, là où tout était figé. Mais cela
n’est pas toujours aisé, il faut du temps pour vivre cette mort symbolique,
s’autoriser à nouveau à exister et donner au désir une chance de rejaillir. Cela
permet de mieux comprendre l’itinéraire-même de la vie du Christ, puisqu’il lui
fallait passer par là pour que nous soyons sauvés. On le voit, la séparation de
Jésus avec ses disciples n’est qu’un passage, une ouverture à une vie plus
riche de sens.
Enfin, de même que le temps de convalescence est utile pour récupérer,
dissoudre les peines et imposer le silence aux idées obsédantes, les disciples
devront demeurer incessamment au temple pour se préparer à accueillir l’Esprit
Saint consolateur. Ils deviendront ainsi des témoins d’une présence qui, apparemment
semble absente. Puissions-nous, à l’instar des disciples, gagner le temple de
notre cœur, afin de nous rendre davantage attentifs à la présence et aux appels
de l’Esprit !
Sébastien Bangandu, aa
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