Bien chers frères et sœurs,
Gagner
un état de vie qui permet de surmonter les aléas du quotidien est une recherche
qui, aujourd’hui, semble devenir une priorité pour bien des gens. Mais pour
l’humain de notre temps, l’impression générale est que la vie est dure, qu'elle
est une lutte permanente et que la joie, le bonheur ou la sérénité sont
éphémères ou à tout le moins fragiles. En fait, les soucis de la vie, toujours
présents à l’esprit, l’insécurité, la peur du lendemain, … tout cela jette
comme un voile sombre sur le tableau général de la vie quotidienne.
Mais
quoiqu’il en soit, parvenir à rester joyeux, serein, confiant, même en des
circonstances difficiles, permet d’aborder la vie avec beaucoup plus
d’optimisme. La joie, en effet, est un élément central de l’expérience
chrétienne. Elle n’est ni le fruit d’une naïveté invraisemblable, ni le déni de
la dure réalité du quotidien. Elle est avant tout un don de l’Esprit Saint (Ga
5, 22). De ce fait, elle est supérieure aux joies fugaces du monde en ce
qu'elle ne se dissipe pas, même si les circonstances sont pénibles.
Voilà
pourquoi, au-delà des satisfactions immédiates et passagères, notre cœur
devrait s’employer à chercher la joie profonde, parfaite et durable, celle qui donne
du “goût” à l’existence. Paul en avait
fait l'expérience, il sait de quoi il parle. Mais de quoi avons-nous réellement
besoin pour être toujours heureux? En fait, d’après l’évangile de ce jour, la vraie joie
s’expérimente à partir d’un changement de vie, d’une conversion à la vie
nouvelle. « Convertissez-vous :
le Règne de Dieu s’est approché » (Mt 3,2 ; 4,17).
C'est
par ces mêmes paroles que Jean Baptiste et Jésus Christ commencent leur
prédication. Il est vrai que la parole de Dieu est efficace. Comme la pluie qui
descend du ciel n’y retourne pas sans avoir abreuver la terre, la parole reçue
ne reste pas sans effets dans la vie de celui qui l’accueille (cf. Is 55,
10-11). Au cours des âges, ce message percutant a trouvé écho dans les cœurs de
ceux et celles qui l’ont accueillie. Bouleversés au fond d’eux-mêmes, ils voulaient alors savoir ce qu’il fallait faire. C’est la même question que l’on
devrait aussi se poser aujourd’hui, dès lors qu’on se sent touché par cette
parole. C’est cela le repentir, sans lequel il est impossible de parler de vie
nouvelle.
En effet, le repentir c’est l’accueil du don gratuit du salut
et de la joie,
la porte
d’entrée du Royaume de Dieu. Ainsi, vivre serein et joyeux participe d’un art, d’un style de vie
éclairé par la parole de Dieu. C’est donc une invitation constante à accueillir
la vie quotidienne comme un don de Dieu, un cadeau que le Créateur nous fait au
fil des jours. Un tel don ne peut s’épanouir
qu’inscrit dans un projet de vie qui laisse Dieu être Dieu en tout ce
que vivons au fil des jours.
En
définitive, nous savons aussi que l'humeur joyeuse est naturellement
communicative. S’il est vrai que notre joie, personne ne peut nous la ravir
(cf. Jn 16, 22), il est d’autant plus vrai que l’ayant reçu gratuitement, nous
sommes appelés à la donner gratuitement (cf. Mt 10, 8). Laissons-nous
donc transformer par cet appel du Baptiste, afin que le Seigneur nous rende
capables d’aller jusqu’au bout dans le don de nous-mêmes, en partageant
avec d’autres, notre joie de croire !
Sébastien Bangandu
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