Homélie du 4e dimanche ordinaire B : Jésus, une autorité qui libère...

Bien chers frères et soeurs,

De nos jours, la nature et l’exercice de l'autorité dans les églises et dans la société font l’objet d’un vaste débat. En effet, l’autorité a mauvaise presse car elle est très souvent confondue avec l’autoritarisme, l’abus d’autorité. Il y a perception d’un manque d’autorité des parents, des responsables politiques, religieux, éducateurs,… mais en même temps de valeurs qui se perdent. Pourtant, elle est l’atout indispensable d’une gouvernance et d’une éducation réussies et dignes de ce nom.

En fait, de par son étymologie, le mot « autorité » vient du verbe augere qui signifie "accroître", "augmenter", "développer". Dans tous les cas, l'autorité ou l'auteur évoque une fécondité valorisante, une créativité qui fait croître. Par ailleurs, l’autorité est de nature pédagogique. Elle est utile à provoquer un changement, et, partant, une conversion. Et la parole se trouve être au cœur de toute autorité. D’où l’importance, pour toute personne ayant une parcelle d’autorité de tenir sa parole.

Jésus est lui-même Parole éternel du Père. L'autorité de son enseignement nous rappelle que la Parole de Dieu, depuis la genèse du monde et à travers toute l'Écriture, manifeste sa puissance de vie, sa performance et sa fécondité. Accueillir cette parole au quotidien,  y bâtir sa vie, permet à l’humain de bonifier son existence. Dans la 1ère lecture, Dieu annonce à Moïse la venue imminente d'un prophète : «Je ferai se lever un prophète comme toi». On sait que pour les hommes de son temps, Moïse était "le prophète" par excellence… celui qui avait "parlé au nom de Dieu" comme personne ne l'avait fait. C’est par lui que la loi est venue (Jn 1, 17). Mais comme l’indique l’événement de sa transfiguration, Jésus-Christ vient accomplir la loi de Moise et réaliser les prophéties. 

Jésus enseigne avec autorité, parce qu’il ne veut pas simplement transmettre un enseignement didactique, mais plutôt déployer une puissance qui guéri et transforme l’existence humaine. Et cette puissance, désigne le pouvoir et la liberté que Jésus possède pour agir, surtout quand l’humanité même de la personne est mise en cause. Bien plus, son autorité jaillit de son être le plus profond; signe d’une communion indéfectible avec son Père. 

Au début de son ministère, Jésus-Christ passe encore pour un inconnu, autant pour ses disciples que pour les foules qui le suivent. Curieusement, c'est un esprit impur qui dévoile l'identité de Jésus et sa mission. Mais cet esprit reste impur malgré cette connaissance apparente du Messie. Voilà pourquoi Jésus l’ordonne de sortir de cet homme, pour que ce dernier, libéré de l’emprise du démon, devienne vraiment humain. Par ce geste de puissance éloquent,  Jésus veut témoigner de sa connaissance de l’âme humaine, dont il partage personnellement toutes les dimensions, faisant ainsi de lui un témoin de ce qui habite profondément  le cœur de l’humain.

Aujourd’hui encore, Jésus passe inaperçu par nombre d’humains. Parfois, nous cherchons à l’éviter car nous pensons, comme le démon, qu’il est venu pour nous perdre. L’autorité que le Christ exerce sur nous, c’est avant tout l’expression d’un sentiment d’amour qui ne vise que notre vrai épanouissement. Car il est venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance (Jn 3, 16). Depuis la genèse du monde, Dieu détient un plan merveilleux pour chacun de nous. Dans un élan d’amour filial, tournons-nous vers lui, afin de vivre une riche existence au service de la vie et de l’amour. 

Sébastien Bangandu