jeudi 12 janvier 2012

Homélie du 2e dimanche ordinaire B : "venez et voyez", une aventure intérieure...

Bien chers frères et sœurs
Très souvent, quand on rencontre pour la première fois une personne qui nous fascine, il n’est pas rare de lui demander : où demeures-tu? C’est l’expression d’un désir profond de pouvoir connaître à fond ladite personne et surtout de savoir d’où peut venir tant de beauté, de bonté, de cordialité, de grâce, d’amabilité ... Ce désir de connaître s’accompagne parfois d’un autre, non moins fort que le premier, celui de demeurer avec cette personne que l’on trouve originale, providentielle, extraordinaire... Ce qui permet de s’imprégner davantage de la réalité de ladite personne. 

Mais bien souvent aussi, cette question, nous la posons quand, accablés par l’épreuve, la tristesse, la maladie, le deuil, la solitude, l'angoisse et le doute, nous cherchons la présence de ce compagnon Bien-aimé, Jésus-Christ, qui parfois semble absent. Parfois encore, c’est lorsque, à cause de notre orgueil, de notre amour propre, de notre trop de confiance en nous-mêmes ou encrés dans des systèmes confortables où nous croyions pouvoir circonscrire Dieu, nous sommes finalement désorientés de ne plus le trouver là où nous l'avions "figé", nous sommes délogés de notre sécurité, de nos assurances…

Mis au désert, comme André et Jean auprès du Baptiste, le précurseur, il nous faut crier nous aussi : « Maître, où demeures-tu ? ». Souvenons-nous que nos deux disciples suivaient un maître qui se disait, lui aussi, disciple d’un plus grand que lui. De ce point de vue, il n’est pas étonnant que les disciples de Jean s’élancent avec empressent vers cet homme mystérieux dont le Baptiste n’a jamais cessé de vanter la puissance.

Alors commence pour eux une nouvelle aventure, laquelle leur permettra de devenir non seulement disciples du Christ, mais surtout ses compagnons, ses amis. Et comme « le fils de l’homme n’a point d’endroit où reposer sa tête » (cf. Mt 8, 20), il fallait bien être fou pour répondre à son invitation qui, en réalité n’indique aucune adresse précise. C’est dire que « venez et voyez », cela va bien au-delà de l’humaine curiosité de visiter un lieu, une maison d’habitation. C’est le début d’une aventure intérieure, d’une véritable quête de sens, d’un compagnonnage, d’une véritable amitié. Car rien désormais ne pourra leur être caché : « Je ne vous appelle plus serviteurs, …maintenant, je vous appelle mes amis… » (cf. Jn 15, 15). 

Ceci veut dire que Jésus aime que nous brulions d’un ardent désir de le connaître. Et qu’en toutes circonstances nous soyons en mesure d’éprouver sa soif, de lui manifester notre désir d’être constamment en sa présence, de nous tenir près de lui. Il aime que nous le cherchions, que nous le questionnions. Et c’est cela la foi, laquelle n’est pas une certitude arrêtée, mais une dynamique de l'amour. C'est pourquoi Jésus ne répond pas à nos appels en satisfaisant immédiatement nos désirs, comme des enfants gâtés. Il nous invite à marcher avec lui, à voir les choses ensemble.
 
« Venez et voyez » est plus un appel à nous mettre en route, à désirer davantage qu’à voir matériellement l’objet de notre recherche. C'est également un appel au changement de lieu, de mentalité, bref, une conversion. Cela est bien visible dans la vie des Apôtres : ils restèrent auprès de lui…et ne l’on jamais quitté... Jésus, il est vrai, est un ami exigeant qui place toujours la barre plus haut, mais jamais loin de notre portée. Il nous demande plutôt de sortir de nous-mêmes pour aller à sa rencontre : « Venez et voyez »!
 
Sébastien Bangandu 

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