Lectures : 1ère lecture : Ac 2,
42-47
2ème lecture : 1 P 1, 3-9
Évangile : Jn 20, 19-31
Bien chers frères et sœurs,
Thomas n’est pas un incrédule. C’est un homme mature
intellectuellement. Il est partisan de l’intelligence des Écritures! Il veut
comprendre. Il veut voir et toucher avant de croire. Il veut palper du doigt la
réalité. Il veut avoir la mainmise sur la réalité. Il est dans la logique de « l‘empirique ».
Et il le fait en connaissance de cause. Il a vu Jésus flagellé, défiguré,
couvert de plaies et mort sur la croix. Lui dire aujourd’hui que Jésus est
vivant c’est incroyable.
Bien plus, Thomas est un disciple attentif aux paroles
du Christ. On voit bien qu’il n’a pas oublié les avertissements de Jésus
invitant ses disciples à ne pas se laisser leurrer quant à son retour : «On
vous dira qu'il est ici ou qu'il est là, ne le croyez pas!» (Lc 17, 23). Mais
ce qui affaibli un peu son doute c’est qu’il reste figé sur des faits passagers :
les marques de clous.
On le voit, il reste prisonniers de l’idée d’un Jésus
blessé dont les plaies ne peuvent jamais guérir. Tout cela veut dire qu’il n’est
pas évident de croire. L’un croit devant l’absence, le vide, pendant que
l’autre veut croire sous condition et devant
l’évidence. La foi, justement, n’est pas du domaine de l’évidence. Elle est adhésion
à une personne qui est mort et ressuscitée.
Dans la vie nous avons connu beaucoup de personnes malades,
blessées, ignorantes, misérables, sans éducation, etc. Toutes ces disgrâces
sont passagères. Puisque tout peut changer dans la vie d’une personne. Dès
lors, on ne peut plus se complaire à identifier les personnes avec leurs
misères et infortunes. Agir ainsi reviendrait à condamner notre prochain à la résignation.
Nous souvenir des autres à partir de leurs blessures ou faiblesses c’est compromettre
leur émergence.
C’est ce qui se passe avec Thomas par ailleurs. Pour
lui donc, Jésus doit rester cet homme blessé, mort sur la croix. Pourtant, Jésus Christ a changé. Il ne faut
plus aller le chercher au tombeau. Il n’est plus question de chercher à le toucher
ou d’introduire à tout prix ses doigts dans les marques des clous pour pouvoir
se convaincre qu’il est vivant. Il s’agit plutôt de se laisser toucher par la
puissance de sa résurrection pour pouvoir sortir de nos propres tombeaux.
Mais même si l’on croit, incarner sa foi dans une
action n’a jamais été chose facile. Ce qui nous empêche de croire, c’est
surtout le fait que nous nous laissons terrifier par les faits. Nos yeux n’ont
plus d’autre horizon que le bout de notre nez. Nous nous sentons offusqués par
les apparats.
Tout en nous invitant à une foi plus lucide, le Ressuscité
nous appelle surtout à devenir son corps. Un corps blessé, parfois méprisé à
cause de ses limites et fragilités, mais à travers lequel se manifeste la miséricorde de Dieu et la
gloire du Ressuscité.
Sébastien
Bangandu, a.a.
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