Bien chers frères et soeurs,
Chercher la première place, vouloir jouir de la
considération des gens, être vu, admiré, reconnu, c’est le réflexe fondamental
de tout être humain. Se faufiler discrètement, passer inaperçu là où l’on
aurait toutes les chances d’être vu, ne nous tente pas souvent. Et Jésus le
sait bien. Mais le mobile de cette parabole c’est de nous inviter à entrer dans
le jeu et à chercher le meilleur moyen pour être élevé, sans courir le risque
d’être humilié au point d’être renvoyé à la dernière place.
En fait, pour Jésus, il n’est pas interdit à l’être
humain d’oser grand ou de viser haut. Néanmoins, il lui faut acquérir l’art et
la manière d’y parvenir sans donner libre cours à l’orgueil. Et cet art c’est
bien l’humilité, la vraie ! Celle-ci se trouve être le contraire de l’orgueil.
Le chemin de l’humilité que nous ouvre Jésus passe décidément par l’élégante
acceptation de ces désirs secrets qui agitent notre être profond. Ce faisant,
nous nous ouvrons ainsi à la vérité qui, en nous libérant de ce tourment
intérieur, nous rend enfin capables d’accepter qu’il y a plus grand que nous et
que nous ne sommes pas la mesure de toute chose.
Par ailleurs, cette prise de conscience de notre
petitesse nous rend proche du pauvre, de l’exclu, du boiteux, de l’aveugle,
etc. qui ont plus besoin de notre sollicitude. Et l’orgueil, nous le savons
bien, ouvre la porte à toutes les injustices que connaît notre humanité
aujourd’hui: le mépris du faible, l’exploitation du pauvre, l’exclusion du
marginalisé, du blessé de la vie. En effet, les réceptions, les fêtes, les
festins sont des moments exceptionnels où, tout naturellement, on aime partager
avec ses amis, ses proches, ses intimes.
En pareille circonstance, il est inhabituel d’inviter
toute personne qui ne fait pas partie de son cercle d’amis. C’est rare qu’il en
soit autrement ! Bien plus, la société humaine étant construite sur des
systèmes de valeurs et des règles de bienséance, il devient difficile
d’échapper à la loi de l’exclusion. C’est donc un appel à la conversion que le
Christ lance à ses disciples. A partir de cette parabole, il les prépare à
imiter l’agir-même du Dieu d’amour et de miséricorde, qui ne fais pas de
différence entre les humains.
Car dans le Royaume de Dieu, tout le monde est
invité quel que soit son statut social. Personne n’est privilégié au détriment
de l’autre, car chacun est à sa place. Tous et toutes sont aimés de Lui.
Cette vision est contraire à la règle de
l’exclusion qui existait à l’époque et qui, aujourd’hui encore existe sous
diverses formes. S'il faut donner dans nos vies la préférence aux pauvres, aux
malades, aux exclus, aux laissés pour compte, c'est parce que le Christ a voulu
s'identifier à eux. C'est dans le visage défiguré de certains humains que nous
rencontrons le Christ.
Terminons avec ce constat qu’au cœur de notre société
monte une demande pressante de plus d'humanité. C'est sans doute le signe d'un
malaise profond qui n'épargne personne. Ce malaise nous invite à interroger un
modèle de société qui, si l'on n'y prend garde, risque de faire encore plus de
victimes et moins d’êtres humains dignes. Il appelle aussi à interroger le
rapport que nos sociétés entretiennent aux normes et aux valeurs pour permettre
de reconstruire une humanité et une vie chrétienne qui nous permettent de nous
projeter de façon positive dans l'avenir.
Sébastien Bangandu, aa
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