jeudi 27 juin 2013

Homélie du 13e dimanche ordinaire C : L'exigence de l'Essentiel


Bien chers frères et sœurs,

« Laissez-moi d’abord...! », c’est la réponse qu’on reçoit souvent des personnes sages et averties. C’est un « repli stratégique », un mouvement de retrait prudent qui exige qu’on prenne d’abord des précautions avant de s’engager dans une aventure quelconque, puisqu’ « on ne sait jamais »! En fin de compte, c’est notre propre volonté qui a le dernier mot.

Pourtant, monter à Jérusalem ne relevait pas de la volonté personnelle de Jésus. En tout cas, si c’était le cas, il pouvait l’éviter puisque la mort l’y attendait. C’est donc pour rester fidèle à la volonté du Père qu’il le fait. D’ailleurs, en bon Juif, Jésus aurait pu choisir un autre chemin que celui où il fallait traverser le village des Samaritains, ennemis jurés des Juifs. Mais puisque sa montée à Jérusalem ne relevait de son libre choix, il ne pouvait pas non plus en choisir le chemin d’accès. Voilà pourquoi il n’a pas pu éviter le scandale samaritain.

En réalité, le refus des Samaritains à l’accueillir était déjà un signe avant-coureur du rejet et du supplice dont il ferait l’objet dans cette ville qui tue les prophètes. Mais Jésus, qui savait bien donner sens aux  situations difficiles, en profite pour instruire ses disciples emportés par la colère du refus des Samaritains à accueillir Celui qu’ils considéraient comme leur Maître. Bien que répugné, Jésus se refuse à donner libre cours à toute forme de violence, quelle qu’en soit la raison.

Suivre Jésus, c’est être prêt à mettre en jeu notre propre volonté, à nous faire violence par rapport à tout ce qui nous empêche d’être libres et disposés à le servir et à servir les autres. Mais comme le montre l’évangile de ce jour, ce ne sont pas les alibis qui nous manquent pour remettre à demain l’appel du Christ ou pour la rejeter purement et simplement.

Connaissant bien le respect et l’attachement dont l’enfant doit témoigner envers son père, surtout quand celui-ci n’est plus, Jésus commet une aberration monstrueuse en empêchant son disciple d’aller enterrer son père. Surtout qu’à cette époque, enterrer les morts constituait aussi une œuvre de piété très appréciée. Mais pour Jésus, enterrer les morts c’est le travail de ceux et celles qui n’ont pas été appelés. Ce faisant, il met en évidence la prédication du Royaume de Dieu, qui est un chemin de non-retour pour tous ceux et celles qui ont choisit de le suivre. C’est autant dire que tous ceux et celles qui veulent suivre Jésus devraient être prêts à sacrifier toute autre obligation, quelque sacrée qu’elle soit, afin de donner tout son poids à l’urgence de l'essentiel qu'est l'avènement du Règne de Dieu.

Finalement, suivre Jésus, c’est porter son bâton de pèlerin et prendre la route de l’Inconnu où les surprises font partie du chemin. Suivre Jésus est libre. Mais une fois derrière Lui,  il faut apprendre, chemin faisant, à céder, à perdre, à s’en remettre entièrement à sa seule volonté. Suivre Jésus est un chemin de libération où l’Esprit devient notre véritable confident. 

Sébastien Bangandu, aa

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