mercredi 9 janvier 2013

Homélie du 2e dimanche ordinaire C : La joie retrouvée!


Bien chers frères et soeurs,

C’est face à un manque à combler que Jésus a été amené à opérer le premier miracle de son ministère pastoral, alors même que son heure n’était pas encore venue. En voyant vivre les humains de notre temps, on est parfois touché par ce manque qui les habite.  Malgré notre déni de façade, malgré le refoulement induit par nos sociétés modernes, l’humain reste toujours habité par un désir de plénitude, de bonheur, de complétude.

Jésus, en tant que Rédempteur et sauveur du genre humain, veut toucher précisément ce qui constitue un manque, ce qu’il y a en nous de plus fragile, ce qui dit mieux la vérité de notre être blessé, de notre misère. Alors que nous avons tout au niveau matériel, nous sommes tristes et insatisfaits à l’intérieur : il nous manque quelque chose. Et là où nous sommes pauvres, là où nous sommes nus, là où n’avons de reste qu’un peu d’eau pour ne pas mourir, c’est là que Dieu vient nous combler de vitalité. Et en touchant le cœur de notre être, il vise à nous transformer secrètement pour nous ouvrir à une vie plus digne.

Marie est notre intercesseur auprès de son fils. En formulant sa requête, Marie demande à Jésus, jusque-là méconnu de beaucoup, de naître à la vie publique, de passer du silence à la parole, de se manifester en mettant en œuvre la force de sa parole créatrice. Et la résistance de Jésus est légitime, dans la mesure où il a la conscience vive des conséquences de sa manifestation. En fait, en se manifestant, Jésus va ainsi inaugurer sa mission, laquelle le conduira à la glorification.  Bien plus, Marie se souvient encore de sa trouvaille avec Jésus au Temple de Jérusalem, lorsqu’il  déclarait qu’il devait être au service de son Père.

Désormais, Marie est convaincue que l'heure est venue de demander à l’envoyé du Père de manifester le pouvoir de la parole créatrice. Les propos de cette femme qui gardait tout dans son cœur (Lc 2, 51) atteignent son fils au plus profond de son être de fils de Dieu et de Marie. Mélange d’attention bienveillante et du regard maternel de la mère sur la vie de ses enfants, sa demande trouvera écho dans le cœur de son fils. Et pour éveiller les disciples à la foi en ce dernier, Marie leur enjoint de faire tout ce que Jésus leur dira. Ce faisant, elle symbolise le nouvel Israël, dont elle exprime l'être profond par le conseil de fidélité à l'Évangile qu'elle prodigue aux serviteurs.

Décidemment, cette recommandation de Marie est une invitation à adopter vis à vis de Jésus l'attitude de l'Alliance, celle de l'obéissance inconditionnelle à la volonté de Dieu. Et dans sa démarche, il convient de noter que Marie n’intime aucun ordre à son fils. Elle se contente plutôt d'attirer son attention sur la situation de manque tout en manifestant sa confiance aux potentialités cachées de Jésus, aux virtualités dont il est porteur en tant que parfaite image du Père.

Il faut noter par ailleurs qu’à cette merveilleuse fête de Cana, on n'aperçoit pas directement les mariés. Toute la compassion de Jésus se porte vers la communauté des invités, rassemblée pour la fête et menacée de dispersion faute de vin, ce vin qui « réjouit le cœur de l’homme » (Ps 104,14). De plus, la mère de Jésus semble bien s'exprimer au nom de ces convives, se faisant en quelque sorte leur porte-parole. C'est que dans sa maternité physique, Marie résume et représente la communauté messianique que nous formons. Enfin, l’action accomplie par Jésus le situe d'emblée hors du commun et le distingue ainsi du reste des gens. Désormais, Jésus est connu comme une personne d’exception, un homme hors du commun dont les actes revitalisent et épanouissent les humains.  Ouvrons nos cœurs à sa rencontre car il est encore aujourd’hui capable de combler nos manques et de nous réhabiliter dans notre humanité.

Sébastien Bangandu, aa

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