Bien chers frères et soeurs,
Pour
ceux et celles qui en ont fait l’expérience, le désert n’est pas seulement un
lieu d’errance, d’épreuves et de tentations. Il est aussi le lieu de la
confrontation avec soi-même, laquelle ouvre à Dieu et aux autres. Il est
également une épreuve qui en même temps inaugure une véritable métamorphose de
notre être profond, de notre vie quotidienne. Ceci fait qu’on n’en revient
jamais comme on y est allé.
Loin
d'être synonyme d'immuabilité, d’aridité, de solitude, le désert est surtout un
espace des plus fertiles où se conjuguent rencontre, échange, épanouissement. Lieu
de retraite idéal, le désert donne libre cours aux retrouvailles avec notre
véritable humanité, dans le vaste secret d'un paysage infini où chacun est
enfin seul face au Dieu infini. Première étape de sa mission, c’est là
que Jean Baptiste vient de vivre cet horizon de clarté vive, ce trop-plein de
vigueur intérieure au prix de la faim et de la soif.
Mais
le désert étant aussi un lieu de passage, il fait parvenir au cœur d’un espace
ambiant, où le quotidien des humains trouve ses assises les plus profondes. Voilà
pourquoi Jean Baptiste doit regagner le monde, car c’est au cœur de l’histoire
humaine, dans ce qu’elle a de monotone et d’incohérent, de désireux et d’espérant,
que Dieu est à l’œuvre. C’est donc là, dans le monde d’aujourd’hui et de
demain, qu’il s’agit de préparer un chemin, afin qu’advienne le Règne de Dieu.
Et
la conversion à laquelle nous invite le Baptiste n’est pas une conversion de
façade. Il s’agit d’une conversion réelle, qui consiste à vraiment mettre de
l’ordre dans notre vie pour laisser libre cours à l’action de Dieu en nous.
Point n’est besoin de crier sur les places, d’élever la voix pour mieux se
faire entendre. Seule la présence vivifiante de Dieu au cœur de notre existence
suffit à transformer le monde en nous et autour de nous. Et le message de Jean
Baptiste, ce n’est pas d’abord un cri, mais plutôt un témoignage percutant qui
invite à la conversion.
Ainsi,
l'espace désertique permet à chacun et à chacune de nous de soigner ses
blessures, de reprendre goût à la vie, de mieux comprendre notre raison de
vivre, de renaître à nous-mêmes. Parfois, le passage à vide dans la vie est
indispensable pour la reconstruction de l'être. Le désert ravive notre soit de
l’essentiel et nous oblige à nous débarrasser de tout ce qui encombre inutilement
notre vie, de nous convertir.
En définitive, comme pour
Jean Baptiste, le désert s'ouvre devant nous comme une mise à l'épreuve
initiale. Mais par la suite, il peut devenir un voyage à la rencontre du vrai
Dieu, Celui-là même qui a commencé l’œuvre de salut en nos vies et la poursuit jusqu’à
son achèvement au jour où viendra le Christ-Jésus. Puissions-nous ouvrir nos
cœurs à sa rencontre.
Sébastien Bangandu
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