dimanche 4 novembre 2012

Homélie du 32e dimanche ordinaire B : D'un coeur simple et joyeux!


Bien chers frères et sœurs,

           Doté d’un sens d’observation bien fin, Jésus aimait bien s’enquérir des mobiles qui orientaient l’agir de ses contemporains. Après avoir fustigé l’hypocrisie des pharisiens impressionnistes, on le voit assis en face de la salle du trésor, observant attentivement ceux et celles qui viennent déposer leur offrande dans le tronc. Il faut noter en passant que le moment de la quête des offrandes aujourd'hui comme hier est souvent l’occasion propice pour certains de mettre en valeur leur personne et d’exhiber leur fortune.

           En effet, on sait que l’humain est naturellement un être sensible à ce qu’il est, à ce que d’autres pensent et disent de lui. Bien plus, il aime à être considéré, respecté, honoré, voire glorifié. Parfois, ses gestes et nombres de ses attitudes ne visent que la reconnaissance et l’approbation des autres. Or ce style de vie, loin de l’épanouir, le plonge facilement dans l’hypocrisie, l’obligeant ainsi à mener une vie de façade. C’est justement à cette attitude que Jésus veut s’attaquer en parlant des scribes.

        Le fait de voir les gens riches mettre des grosses sommes dans le tronc n’impressionne pas Jésus. Son regard de vérité va droit au cœur des choses et non à leur superficie. Quant à son cœur, il trouve son matin et sa fraîcheur dans les petites choses, simples et insignifiantes aux yeux de tous, parfois imperceptibles et apparemment insignifiantes. C’est cette vision des choses qui lui permet de voir, dans le geste de la veuve, l’expression d’une générosité véritablement légendaire. Car en offrant tout ce qu’elle avait pour vivre, c’est sa propre personne qu’elle a offerte.

           Ceci dit, donner en s’oubliant soi-même n’est pas simple. Car, décidément, pour Jésus, il est manifeste que le don, le partage, la charité supposent avant tout un esprit de sacrifice, de privation, et donc une décision d'ordre intérieur engageant la générosité du cœur. Et cela apparaît clairement dans l’authentique générosité de la veuve, qui, bien entendu, se situe bien au-delà des apparences. Car, lorsqu’elle le pose, son geste traduit un réel sacrifice, une vraie privation de l’essentiel, bien différent du superflu que donne le riche. Bien plus, elle le fait d’un cœur simple et joyeux.

          Dans sa grande pauvreté elle comprend, mieux que les riches, la détresse et la misère de ses frères et sœurs pauvres. Sa compassion la conduit à se priver de son nécessaire pour soulager, tant soit peu, la souffrance de son prochain. Elle se dépouille elle-même en se privant pour soulager l’indigent qui n’en peut plus… Ce faisant, c’est sa propre vie qu’elle met en danger. Mais si le geste osé de la veuve de Sarepta à l’égard du prophète Élie lui a épargné la mort imminente (1 Rois 17,10-16), la générosité de la pauvre veuve de l’évangile présage le sacrifice ultime du Christ qui nous a valu le salut.

          En définitive, notons que de tout temps l'œuvre de Dieu a progressé grâce aux offrandes volontaires des hommes et des femmes de bonne volonté. L’évangile de ce jour nous invite à faire preuve de générosité. Être généreux, donner sans réserve c’est un chemin accessible à tous et toutes, sur lequel nous nous recevons parfois bien plus que nous donnons. Pourtant, notre vie bascule toujours entre le désir de tout donner et celui de nous réserver la part du lion. A nous de choisir s’il nous faut rester dans la logique du superflu, ou s’il nous faut suivre le Christ dans la logique du don total de soi, avec la pauvre veuve, qui a donné tout ce qu'elle avait pour vivre.

Sébastien Bangandu, a.a.

Aucun commentaire: