vendredi 28 octobre 2011

Homélie du 31e dimanche A : Savoir habiter sa foi au quotidien


Bien chers frères et sœurs
Dire qu’on a la foi c’est facile. Mais incarner sa foi dans une action concrète demande beaucoup d’énergie. Avoir la foi, pour tout croyant, c'est vivre en accord avec ses convictions spirituelles. Celles-ci sont souvent appuyées sur un message fondateur qui donne un sens à l'existence. Pour le chrétien, la foi est une relation à Dieu dont il reçoit la Parole, une relation de confiance qui change notre vie et nos relations aux autres. Elle est tout autant une question de cœur que d'intelligence, de pratique que de théorie. Ceci dit, il y a lieu de se poser la question sur ce qui témoigne de notre foi, au-delà des paroles que nous proférons.

Cette question nous aide à comprendre pourquoi Jésus nous invite à pratiquer et à observer personnellement ce qui vient de la bouche des messagers de la parole et nous garder de suivre leur mode de vie scandaleux. En effet, notre époque, notre Eglise recèle des ‘connaisseurs" de tous genres, souvent autoproclamés. ‘Le connaisseur’, c’est aussi un ‘expert’, un professionnel, celui qui prétend tout savoir. À cette description caricaturale des "scribes" et des "pharisiens", comment ne pas être frappé par leur étonnante similitude avec nos "experts" d’aujourd’hui ?

En fait, être des ‘experts’ n’est pas du tout un péché. Mais ce qui rend doublement coupable ces derniers c’est surtout leur incohérence : «…Car ils disent et ne font pas». Ou mieux, « Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt ». Mais dans un ‘monde moderne’, de surcroit obsédé par la culture du ‘paraître’, comment est-il possible de vivre effectivement sa foi sans abdiquer son identité d’homme ou de femme moderne ? Comment ne pas se risquer en professant qu’on est chrétien? De la perversion du paraître, du ‘m’as-tu vu’, nul n’est épargné. La maturité chrétienne en ce domaine n’est jamais assurée.

Ceci dit, il convient de souligner qu’il existe au cœur de toute être humain, ce brin de pharisaïsme qui très souvent transparait dans nos incohérences et dans nos attitudes de bons parleurs. Jésus-Christ nous invite à la conversion, qui doit nous aider à pouvoir mettre un trait d’union entre le dire et le faire. On le voit, c’est donc du côté du témoignage que le Christ veut nous orienter. Le témoignage, en effet, a une puissance d’édification incroyable qui va au-delà des paroles. Souvenons-nous que l’Évangile, avant d’être écrit, fut surtout proclamé et vécu. Aussi, comme l’avait si bien dit Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ».

Par ailleurs, Jésus-Christ veut nous faire comprendre que la grandeur, ne consiste pas à être élevé au-dessus des autres, en se faisant appeler ‘Rabbi’, ‘père’ ou ‘maître, mais d’incarner dans le quotidien, toute la signification que renferme une telle réalité.  En fait, comme le dit saint Paul, toute paternité vient de Dieu : « Je fléchis les genoux en présence du Père de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom » (Ep 3,4). Ceci dit, pour comprendre ce qu’est un père humain, il est nécessaire de commencer par entrer dans le mystère de Dieu le Père, qui est la source de toute paternité. Cette paternité est, en fait, l’amour du Père qui règle le jeu de l’autorité et de la liberté en vue du bien être de ses enfants que nous sommes.  C’est donc à la fraternité universelle que le Christ nous appelle.

Enfin, être croyant n’est jamais le fruit d’une génération spontanée. Notre foi se revigore à travers le témoignage des hommes et des femmes qui, touchés par cette parole du Père, nous incitent à nous ouvrir davantage à la lumière du Christ. Chrétiens au cœur d’un monde en gestation, nous ne sommes pas à l’abri du pharisaïsme dont s’indigne le Christ dans l’évangile d’aujourd’hui. Nous qui nous disons chrétiens, vivons-nous assez le commandement de l’amour de Dieu et du prochain ? Sommes-nous assez ouverts à l’Esprit qui nous suggère d’habiter notre foi au quotidien ? Notre témoignage de vie est-il crédible aux yeux de ceux et celles qui voient vivre ?
Sébastien Bangandu

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